En avril 1927, Tchiang Kaï-chek, sur l’instigation des impérialistes, monta un coup d’Etat contre-révolutionnaire qui fit échouer la Première Guerre civile révolutionnaire (1924-27).
Le Parti Communiste de Chine conduisit alors à lui seul le peuple dans sa lutte armée contre la réaction. Durant cette période critique, l’insurrection de Nantchang, le 1er août, fut une tentative pour sauver la révolution par la force armée. Elle souligna aux yeux du pays entier la grande importance de cette lutte armée.
Lors d’une réunion extraordinaire de son Comité central, le 7 août, le Parti répudia résolument dans ses propres rangs le capitulationnisme de droite représenté par Tchen Tou-sieou, décida de mener à bonne fin la révolution agraire et la lutte armée, et fit appel aux paysans pour organiser une insurrection pendant la moisson d’automne.
Pendant la flambée de la Première Guerre civile révolutionnaire, le mouvement paysan s’était développé vigoureusement dans les provinces du sud, le Hounan, le Hou-Pei, le Kouang-tong et le Kiangsi. Les paysans demandaient partout la réforme agraire et, en quelques endroits, se soulevèrent spontanément pour confisquer la terre aux propriétaires fonciers.
Ce puissant mouvement paysan fit peur aux réactionnaires du Kuomintang et effraya, à l’intérieur même du Parti, les opportunistes de Tchen Tou-sieou.
L’incident du 21 mai, à Tchangcha, la même année, fut la première attaque contre les ouvriers et paysans du Hounan après le coup d’Etat contre-révolutionnaire de Tchiang Kaï-chek, le 12 avril, à Changhaï. Le 15 juillet, les membres du Kuomintang à Wouhan rompirent avec le Parti communiste et trahirent la révolution.
Pour briser ces attaques contre-révolutionnaires et sauver la révolution, le Parti décida de pousser les paysans à des soulèvements pendant la moisson d’automne dans ces provinces où le mouvement paysan avait une base large et puissante. On envoya le camarade Mao Tsé-toung diriger ces soulèvements dans le Hounan.
Dès le début, le Parti les guida et les organisa. Il instruisit le peuple sur la nécessité de poursuivre la lutte révolutionnaire et le conduisit à l’action. Ce fut la principale raison du développement si rapide de l’insurrection de la Moisson d’Automne.
En même temps, les troupes qui avaient atteint Nantchang trop tard pour participer à l’insurrection du 1er août, se retirèrent dans les régions rurales, formèrent avec les paysans armés l’épine dorsale militaire des soulèvements et se développèrent bientôt en une armée d’une puissance de combat considérable.
Les troupes rassemblées par le camarade Mao Tsé-toung dans la région où se rencontrent les provinces du Hounan, du Hou-Pei et du Kiangsi constituèrent un contingent essentiel de ces forces. Le cœur de cette armée, c’était le régiment des gardes de l’ancien gouvernement national à Wouhan et le reste était formé par le corps d’auto-défense des ouvriers et paysans et les paysans armés des régions frontières.
Il y avait bien pas mal de membres du Parti communiste dans cette armée, mais ils ne constituaient pas une direction fermement organisée et manquaient d’un programme d’action nettement défini.
La plupart des officiers étaient des cadets de l’Académie militaire de Whampoa fondée pendant la période de coopération Kuomintang−Parti communiste. C’étaient des intellectuels sans expérience du commandement et que les combats n’avaient pas durcis. Leur méthode traditionnelle de commandement empêchait l’unité entre les officiers et les hommes et entre les rangs plus ou moins élevés.
Par suite, les qualités combatives des troupes manquaient de mordant.
L’insurrection de la Moisson d’Automne commença le 9 septembre 1927. Avec le mot d’ordre : « Attaquer Tchangcha pour la troisième fois ! » plusieurs régiments convergèrent vers la ville.
Au début de l’attaque cependant, le 4ème régiment se révolta soudain. Par suite, d’autres régiments subirent de lourdes pertes. Comme le Kuomintang était beaucoup plus fort que nous à l’époque, l’attaque de Tchangcha était manifestement une opération militaire risquée.
De plus, comme les larges masses n’étaient pas mobilisées pour nous soutenir et que nos troupes étaient tactiquement divisées, l’armée essuya un sérieux échec.
En se rendant du comité provincial du Hounan à Tongkou dans le Kiangsi, le camarade Mao Tsé-toung fut pris par le Kuomintang. Plus fin que lui, il s’échappa, mais, tandis qu’il rejoignait les troupes révolutionnaires, elles avaient déjà été battues.
Il rassembla les soldats qui restaient et décida de se diriger vers les monts Tsingkang au milieu de la chaîne de Louosiao, à la frontière du Kiangsi et du Hounan, pour y établir une base rurale révolutionnaire. Ce fut un grand mouvement stratégique.
Depuis lors, l’armée s’engagea dans la juste voie indiquée par le camarade Mao Tsé-toung. Quand elle atteignit Sanwan au nord-est des monts Tsingkang, le camarade Mao Tsé-toung se mit immédiatement à réorganiser l’armée. D’abord, il resserra l’armée réduite, faisant de la division un régiment qu’il appela le Premier Régiment de la Première Division de la Première Armée révolutionnaire des Ouvriers et des Paysans. En réalité, la troupe ne comprenait que deux bataillons d’un total de sept compagnies.
Un surplus d’officiers restaient disponibles. La plupart étaient des intellectuels qui avaient rejoint l’armée par patriotisme. Après des défaites répétées et confrontés à de cruels combats en perspective, certains furent pris de panique, découragés et commencèrent à chanceler. Quelques-uns étaient déjà partis sans prendre congé.
Si ces éléments n’étaient pas convenablement repris en mains tout de suite, le moral de l’armée entière en serait ébranlé. Le camarade Mao Tsé-toung agit avec fermeté. Il leur déclara qu’ils étaient libres de rester ou de partir. Ceux qui désiraient s’en aller recevraient cinq yuans pour retourner dans les villages. Après cet émondage, ceux qui restèrent étaient des révolutionnaires déterminés, éprouvés par le combat et les tribulations. Peu nombreux, ils étaient de meilleure qualité.
Le camarade Mao Tsé-toung se mit alors à développer les organisations du Parti dans l’Armée aux différents niveaux, une cellule dans chaque escouade, une section dans chaque compagnie et un comité dans chaque bataillon ou régiment avec un représentant du Parti dans chaque compagnie et unité d’un niveau supérieur.
Le Parti fonda aussi un Comité du Front dont le camarade Mao Tsé-toung fut le secrétaire. Ce qui plaça l’armée sous la direction absolue du Parti communiste.
Pour donner un coup de balai au système et aux habitudes néfastes du vieux type d’armée, le camarade Mao Tsé-toung prit résolument beaucoup de mesures révolutionnaires. Par exemple, il mit sur pied les comités de soldats. Une réforme démocratique était nécessaire pour s’opposer à l’ancienne méthode de commandement dans l’armée, pour introduire l’égalité entre officiers et soldats et fonder une méthode de commandement bien neuve.
Les comités de soldats furent la forme d’organisation qui permit de mettre en pratique la démocratie. Ils jouissaient d’un grand pouvoir et contrôlaient tous les officiers. Les comités avaient le droit de critiquer et même de punir chaque officier.
Extérieurement, cela peut sembler un encouragement à une démocratie et un égalitarisme extrêmes, mais le problème urgent était de faire disparaître tout le bric-à-brac de la vieille méthode de commandement dans l’armée pour instaurer un nouveau type de relations entre officiers et soldats, relations basées sur l’unité de classe.
De fait, la situation dans l’armée n’était pas une démocratie ou un égalitarisme excessifs, mais un manque de démocratie. C’était la seule méthode susceptible d’éliminer efficacement ce qui restait de la période des « seigneurs de guerre ».
Seule, la démocratie pouvait élever la conscience politique des masses et établir une solide centralisation. La tendance des paysans vers une démocratie et un égalitarisme poussés à l’extrême pouvait facilement être maîtrisée.
Même un œuf pris au propriétaire foncier était d’abord divisé en parts égales par un comité de soldats. Plus tard, ceux-ci furent touchés par la conduite exemplaire et le style de travail démocratique des officiers. Ils apprirent par la pratique que l’égalité absolue était impossible et que l’armée n’y gagnerait rien et ils modifièrent peu à peu leur attitude. Ils se mirent à aimer leurs cadres et à obéir spontanément à leurs ordres.
Les mesures prises pour améliorer les relations entre les officiers et leurs hommes revêtirent toutes les formes, y compris l’organisation du ravitaillement. Avant l ’Insurrection de la Moisson d’Automne, les officiers avaient une soupe, quatre plats et du riz à chaque repas : c’était de loin supérieur à ce que recevaient les soldats. Après la réorganisation, l’âpreté générale du combat contraignit les officiers à partager les épreuves des hommes, si bien que tous reçurent le même traitement, mangèrent la même nourriture et portèrent les mêmes vêtements. Ce fut une réforme d’une importance énorme. Elle cimenta plus étroitement les relations entre les officiers et les hommes et aida à mettre à l’épreuve les cadres et à les remodeler.
Quand l’armée atteignit Koutcheng dans le Kiangsi, le camarade Mao Tsé-toung convoqua la « Réunion de Koutcheng » pour analyser et totaliser les expériences de l’insurrection de la Moisson d’Automne, établir le contact avec le Comité central et les comités provinciaux et s’occuper du progrès constant de l’armée. Avec l’aide des organisations locales du Parti, une région de base fut établie à l’arrière pour soutenir l’armée.
La réorganisation de Sanwan fut en fait la seconde naissance de notre armée. Depuis lors, le rôle dirigeant du Parti dans l’armée fut fermement établi. Sans la solution sage de ce problème fondamental par le camarade Mao Tsé-toung, l’armée n’aurait pas eu une âme politique, un programme d’action nettement défini et une réforme des coutumes du vieux type d’armée et de l’antipathie individualiste pour la discipline parmi les paysans-soldats.
Sans elle, l’armée aurait été réduite à des bandes errantes, si même elle n’avait pas été nettoyée par le puissant Kuomintang. Naturellement, la réorganisation ne fit que jeter les bases d’un nouveau type d’armée révolutionnaire. Une refonte politique et idéologique totale exigeait une lutte de longue durée.
Au début d’octobre de cette année-là, le camarade Mao Tsé-toung conduisit les troupes dans des activités de guérilla autour de Soueitchouan au sud-est des monts Tsingkang. Le froid arrivait. Les soldats portaient toujours leurs vêtements loqueteux d’été, il était difficile de se procurer des provisions et les hommes n’avaient eu aucune occasion de se reposer et de s’entraîner. Mais le travail politique et idéologique inlassable leur conservait un moral très élevé. Même une marche épuisante n’arrêtait pas les soldats dans leur travail de propagande auprès du peuple.
Pour nous procurer des vêtements d’hiver et des provisions pour les troupes, nous entrâmes dans le bourg de Tafentchen à l’ouest de Soueitchouan. Cependant, peu après notre installation, nous fûmes assaillis à l’improviste par les bandits armés à la solde des propriétaires fonciers.
Attaquées par surprise, nos troupes durent se retirer dans différentes directions. Deux sections de la 4ème compagnie qui accompagnaient le camarade Mao Tsé-toung firent halte dans un bourg appelé Houang-ao pour regrouper les soldats dispersés et couvrir le regroupement du 1er bataillon.
Les trente et quelques soldats qui restaient de la 4ème compagnie étaient assis par terre de tous côtés. Leurs ustensiles de cuisine s’étaient perdus au cours de leur retraite hâtive. Sans moyen de cuisiner, ils durent se rendre dans les maisons des paysans pour demander des restes de riz et d’autres aliments. Sans bols ni baguettes, le camarade Mao Tsé-toung et tous les hommes mangèrent avec leurs doigts.
Après le repas, le camarade Mao se leva et alla se placer devant le groupe. Il se redressa, se mit au garde à vous et dit avec entrain : « En rangs ! J’occupe ici le numéro un. Capitaine Tseng, veuillez donner les ordres ! » Sa calme détermination émut les soldats qui levèrent la tête, prirent leur courage à deux mains et formèrent les rangs en tenant leur fusil. Quand leur ligne fut rectifiée, chaque homme regarda avec confiance la haute silhouette du camarade Mao.
Dès que nous atteignîmes les monts Tsingkang, nous entreprîmes la réforme agraire conformément aux instructions du camarade Mao Tsé-toung et essayâmes d’établir un pouvoir politique dans la partie moyenne de la chaîne de Louosiao. Bien que le niveau de la révolution fût bas à l’époque, ses forces en retraite générale et son développement irrégulier, nous fûmes en mesure de poursuivre une guerre de guérilla, de renverser les tyrans locaux, de distribuer la terre et d’installer de petites bases rurales dans les monts Tsingkang où les forces contre-révolutionnaires au pouvoir étaient plutôt faibles.
Ainsi l’offensive dans les régions rurales fit dévier les forces ennemies du Kuomintang et aida à couvrir notre retraite loin des villes. Beaucoup plus de cadres du Parti furent envoyés dans les régions de base de la guérilla et rejoignirent nos forces armées.
Notre avance dans les monts Tsingkang et l’établissement et l’élargissement des bases rurales marquèrent l’important début du travail stratégique qui consiste à encercler les villes avec les régions rurales puis à les enlever. Nous devions poursuivre, pour achever ce travail, une lutte longue et ardue car, en ce temps-là, nous ne contrôlions que de petites régions rurales dispersées, pas encore consolidées et sans liens entre elles, et nous étions loin de pouvoir encercler les villes.
Notre slogan devint : « L’armée est à la fois une unité combattante et une équipe de travail ». C’était l’expression de plusieurs réalités. Une armée révolutionnaire est un groupe armé chargé de donner le branle à la lutte politique. L’action militaire et le travail politique sont en relations étroites et l’un fait avancer l’autre. Les qualités politiques et militaires d’une armée ne peuvent se développer que dans une lutte de classe effective et acharnée.
L’armée organisa une région politique indépendante et armée d’où elle pouvait attaquer le Kuomintang, puis où elle pouvait se retirer sans danger. C’est là qu’elle évitait de combattre, quand elle doutait de la victoire, attendant le moment propice pour frapper. Où qu’elle allât, après chaque engagement, l’armée se divisait en équipes qui se rendaient dans les villages pour mobiliser le peuple, livrer bataille aux tyrans locaux, distribuer la terre et organiser des unions paysannes.
Peu à peu, un pouvoir politique rouge et des bases révolutionnaires furent établis et plantèrent fermement le drapeau rouge de la révolution le long des frontières du Hounan et du Kiang-Si. Ces bases devinrent la plus grande menace contre le pouvoir contre-révolutionnaire de Tchiang Kaï-chek et le plus grand espoir du peuple dans le pays entier. En même temps, les relations entre l’armée et le peuple se firent encore plus étroites et l’armée acquit une éducation et un entraînement plus poussés. Ce fut durant cette période que le camarade Mao Tsé-toung formula les « Trois règles majeures de discipline et les Six recommandations » (qui devinrent plus tard « les Huit recommandations »).
[Les Trois règles majeures de discipline sont : 1. Obéissez aux ordres dans tous vos actes ; 2. Ne prenez pas aux masses une seule aiguille, un seul bout de fil ; 3. Remettez tout butin aux autorités.
Les Huit recommandations sont : 1. Parlez poliment ; 2. Payez honnêtement ce que vous achetez ; 3. Rendez tout ce que vous empruntez ; 4. Payez ou remplacez tout ce que vous endommagez ; 5. Ne frappez pas et n’injuriez pas les gens ; 6. Ne causez pas de dommages aux récoltes ; 7. Ne prenez pas de liberté avec les femmes ; 8. Ne maltraitez pas les prisonniers.]
Dans la langue la plus simple et concrète, celles-ci exposaient comment les hommes de l’armée révolutionnaire devaient se comporter dans leurs relations avec le peuple. Ces règles ont continué jusqu’à aujourd’hui à guider la conduite de tous les chefs et soldats.
Une réforme démocratique se poursuivait à l’intérieur de l’armée. On établit à tous les niveaux des organisations du Parti et le système de représentants du Parti, on institua des départements politiques et on mit sur pied un plus grand nombre de comités de soldats : ils jouèrent un rôle actif.
De même, joies et épreuves furent partagées par combattants et officiers. Tous les cadres qui commandaient une compagnie avaient des chevaux, mais ils ne les montaient pas ; ils s’en servaient au contraire pour transporter les blessés dans les combats ou les malades en temps ordinaire.
Réorganiser l’armée nécessitait une lutte de longue durée parce que les mauvaises habitudes et le style de travail des armées du vieux type se manifestaient sans cesse chez les prisonniers de guerre qui avaient rejoint l’armée révolutionnaire, tandis que les paysans qu’on ne cessait de recruter apportaient avec eux leur aversion individualiste contre la discipline, leur conservatisme et leur esprit arriéré.
Il était nécessaire de lutter sans cesse contre de telles influences corruptrices. Des luttes persévérantes et profondes à l’intérieur comme à l’extérieur firent véritablement de l’armée et du peuple, des officiers et des hommes, un tout uni. L’enthousiasme politique devint si élevé que les désertions s’avérèrent extrêmement rares.
L’insurrection de la Moisson d’Automne fut un tournant dans l’histoire révolutionnaire de la Chine. Elle ouvrit le seul chemin correct pour la marche en avant de cette révolution, se diriger vers les régions rurales, y établir des bases révolutionnaires et organiser des forces révolutionnaires qui encercleront graduellement les villes et les prendront un jour.
Le camarade Mao Tsé-toung fut le premier à développer et à mettre en pratique la stratégie révolutionnaire correcte qui consiste à compter sur les régions rurales et à mener sans défaillance une guerre de guérilla prolongée. Il soutenait que la lutte armée doit être étroitement conjuguée avec la révolution agraire et l’établissement de bases rurales. Avec le soutien des forces armées, il était plus facile de mobiliser les paysans pour la réforme agraire. Sans elles, celle-ci ne pourrait être menée à bien efficacement.
Par contre, si les forces armées ne considéraient pas la réforme agraire comme leur propre tâche, elles échoueraient. De même, si les forces armées et la révolution agraire n’étaient pas liées à l’établissement des bases, les résultats de cette révolution ne pourraient être consolidés, les forces armées seraient incapables de s’enraciner solidement parmi les masses et l’ennemi serait en mesure de les attaquer et de les défaire aisément.
L’association étroite des forces armées révolutionnaires, de la réforme agraire et des bases révolutionnaires était l’idée centrale de la stratégie révolutionnaire du camarade Mao Tsé-toung en ce temps-là.
L’entraînement et la direction des troupes de l’insurrection de la Moisson d’Automne par le camarade Mao Tsé-toung en personne fournit un fond d’expérience inappréciable à l’édification d’une armée révolutionnaire. Par exemple, l’insurrection armée doit, d’un côté, compter sur les larges masses paysannes, de l’autre, pour posséder une capacité de combat effective, son noyau doit être aussi formé de troupes régulières dotées d’une haute conscience révolutionnaire. Mais, même avec les masses paysannes se joignant aux soulèvements et un noyau militaire solide, l’armée n’aurait pas une âme politique sans la direction du Parti.
Sans une refonte politique, les paysans armés manqueraient du sens de l’organisation et de la discipline et seraient défaits à la première rencontre ; sans une refonte politique, le noyau militaire ne pourrait pas être en même temps le cœur politique et, en conséquence, son rôle de cœur politique ne saurait donner son plein effet.
Le Parti doit toujours être le guide, l’organisateur et l’inspirateur de l’armée. Sans la direction du Parti, il ne saurait y avoir d’armée révolutionnaire. Sans le Parti, tout s’écroulerait. L’histoire entière de notre armée le prouve.
Toutes les fois qu’on s’est écarté du principe de la direction collective du Parti dans l’armée, il y a eu de lourdes pertes politiques.
Nous en avons tiré de profondes leçons. La signification historique de la réorganisation de Sanwan, c’est que, pour la première fois, la direction absolue du Parti dans l’armée fut établie, jetant les fondations d’un nouveau type d’armée révolutionnaire.
C’est sur cette base que les habitudes du vieux type d’armée qui demeuraient encore furent liquidées politiquement et idéologiquement et l’organisation, les règlements et le style de travail de la nouvelle armée révolutionnaire fermement mis sur pied et établis. La pensée du camarade Mao Tsé-toung sur la structure de l’armée se développa aussi graduellement à travers les réalisations de cette période.
Au IXe Congrès du Parti de la IVe Armée rouge tenu à Koutien, dans le Foukien, en décembre 1929, l’expérience du camarade Mao Tsé-toung dans l’édification de l’armée fut résumée et devint le principe de base et la glorieuse tradition de l’armée populaire.
Pendant plus de trente ans, ce principe et cette tradition ont exercé une influence extrêmement profonde et à longue portée sur la guerre révolutionnaire et l’édification de l’armée populaire.