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L’Allemagne et l’Autriche n’ont pas été les seuls pays à être marqué par une confrontation entre aristocratie et bourgeoisie à une époque tardive du capitalisme ; selon la réalité de ce rapport de force, l’expressionnisme a pu partir dans des directions très différentes, avec à chaque fois la tentative d’ériger un art national.
L’expressionnisme se confond ici avec ce qui a été appelé modernisme, art nouveau, modern style, etc. L’esprit et la démarche s’appuient sur un même fondement : on a des artistes à la confluence de l’Etat moderne, marqué le plus souvent par la monarchie absolue, et de la bourgeoisie.
De fait, l’expressionnisme et l’art nouveau, le modern style, etc. sont un prolongement du romantisme, forme nationale bourgeoise à l’initial (sauf en France, où elle sera utilisée par l’aristocratie restaurée).
C’est pour cela que l’art nouveau, en tant que style national, plaît tellement : il y a une véritable dimension artistique, on approche déjà de l’esprit universel du Beau, et inversement plus un style est uniquement national plus il est aberrant et féodal.
Là est le paradoxe de l’art nouveau, national-bourgeois et cosmopolite dans sa démarche, outil nationaliste pour la bourgeoisie très vite totalement réactionnaire. Nombre de pays européens seront marqués par cela, notamment avec l’effondrement des deux empires russe et austro-hongrois en 1918, mais aussi de manière générale de par l’influence capitale de l’esprit français « Belle époque. »
Akseli Gallen-Kallela (1865-1931) est ainsi un peintre finlandais réaliste passé dans le camp de l’art nouveau, façonnant une forme artistique ouvertement en soutien au régime ultra-conservateur et contre-révolutionnaire né en 1918.
Il est devenu le peintre national, mais son art a dévié et a rejoint l’invention mythologique nécessitée par une bourgeoisie inventant une identité millénaire, un acte idéaliste totalement romantique.
Le pavillon finlandais de l’Exposition universelle de 1900 à Paris est ainsi représentatif de cette tentative d’ériger une culture nationale « par en haut », notamment par la bourgeoisie suédophone « finlandisée » ; Akseli Gallen-Kallela en a peint les fresques du hall, pour les reproduire 20 ans plus tard dans le hall du « musée national » de la capital finlandaise, Helsinki.
La capitale lettone Riga est également très marquée par « l’art nouveau. »
Le modernisme catalan a donné son identité à Barcelone ; avec Antoni Gaudí (1852-1926), la bourgeoisie catalane a trouvé un artiste de très haut niveau pour son objectif national.
En Belgique, l’affirmation nationale va également de pair avec le Modern Style. Victor Horta (1861-1947) en a été le chef de file, aux côté de Henry Van de Velde (1863-1957) et Paul Hankar (1859-1901).
Avec l’art nouveau, il est encore plus difficile peut-être que pour l’expressionnisme de saisir l’aspect positif de l’aspect négatif, puisque si l’expressionnisme allemand s’exprime également dans une période où aristocratie et bourgeoisie se concurrencent, ces deux classes s’étaient déjà à peu près unifiées, alors que dans les autres situations, celles de l’art nouveau, il y a une véritable concurrence encore, posant l’émergence nationale, en faisant une dimension incontournable.