Depuis quelque temps, les révisionnistes soviétiques font tout leur possible pour créer une atmosphère de « détente » en Europe où ils se déguisent en « champions » de la paix. En fait, l’Europe est pour eux une région stratégique clé dans leur dispute de l’hégémonie mondiale et ils s’y livrent avec frénésie à l’expansion des armements et aux préparatifs de guerre dans leur confrontation militaire avec l’autre superpuissance. Aucun écran de fumée déployé par la propagande de Moscou ne pourra dissimuler ce fait brut.
Depuis de longues années, les deux superpuissances, l’Union soviétique et les Etats-Unis, regardent l’Europe comme le point clé de leur rivalité pour l’hégémonie mondiale. A cette fin, les révisionnistes soviétiques y ont toujours déployé le gros de leurs troupes. Depuis le milieu des années 60, ils ont accéléré leur expansion vers l’Asie, l’Afrique et partout où ils pouvaient étendre leurs tentacules, en même temps qu’ils augmentaient sans cesse leurs troupes le long de la frontière sino-soviétique, pour faire peser sur la Chine une menace militaire.
Cela ne les a cependant pas empêchés d’accroître leurs effectifs militaires en Europe. Selon la presse occidentale, depuis 1968, les troupes soviétiques stationnées en Europe ont augmenté d’environ 20 pour cent, et leur force aérienne tactique, de 50 pour cent. Dans le budget militaire de l’Union soviétique, les dépenses réelles affectées aux zones de guerre en Europe se sont accrues ces dernières années de 10 milliards de dollars.
A l’heure actuelle, en Europe de l’Est et dans la partie européenne de l’Union soviétique, les révisionnistes soviétiques ont concentré les trois cinquièmes de leurs forces terrestres et plus des trois quarts de leurs forces aériennes. Plus des trois quarts de leurs missiles de portée moyenne sont braqués sur l’Europe occidentale.
D’après les statistiques récemment établies par l’Institut international d’Etudes stratégiques de Londres, 75 pour cent de leurs principaux bâtiments de guerre et plus de la moitié de leurs sous-marins d’attaque et de leurs sous-marins nucléaires équipés de missiles sont aussi déployés dans les eaux environnant l’Europe. La revue de la R.F.A. Sozialdemokratische Sicherheitspolitik indiquait récemment que, s’il ne fallait pas perdre de vue la concentration de troupes soviétiques « contre la Chine » à l’Est, « la grande majorité des forces armées soviétiques était, sans aucun doute, dirigée contre les zones sous le commandement européen de l’Alliance [de l’Atlantique Nord] ».
Le journal autrichien Salzburger Nachrichten écrivait, le 3 novembre, que « le déploiement des troupes [de l’Union soviétique] montre que le fer de lance de son offensive stratégique est toujours dirigé contre l’Ouest ».
Les faits des dernières années montrent que, plus la clique des dirigeants révisionnistes soviétiques claironne l’air de la « sécurité européenne » et de la « détente », plus elle est active dans sa préparation à la guerre et son expansion militaire en Europe.
En 1966, elle a lancé la proposition d’une « conférence sur la sécurité et la coopération en Europe » (C.S.C.E.), prétendant qu’elle était désireuse qu’on prenne des « mesures pour réduire la tension, avant tout la tension militaire en Europe ». Pourtant, la proposition fut suivie de l’invasion armée et de l’occupation impudente de la Tchécoslovaquie. En 1969, elle a encore une fois appelé à convoquer « le plus vite possible » la « C.S.C.E. » et déclaré qu’elle allait mener « une action concrète sur le désarmement » pour « détendre la situation en Europe ».
Mais cette année-là, on l’a vue porter les effectifs des forces terrestres soviétiques stationnées en Europe orientale de 26 à 30 divisions. En 1972, les négociations au sommet soviéto-américaines ont eu lieu à Moscou. Les deux parties se sont engagées à « se contenir » et à « développer leurs efforts pour assurer à l’Europe un avenir pacifique ».
Mais, au cours même des entretiens, Washington annonçait un renforcement de ses unités blindées et de sa force aérienne en Europe, alors que Moscou mettait sur pied, au sein du pacte de Varsovie, une armée et une force navale unifiées, composées de celles de l’Union soviétique et d’autres Etats. Peu avant et après les entretiens préparatoires pour la conférence de sécurité en Europe, commencés en novembre 1972, l’Union soviétique a envoyé massivement en Europe orientale de nouveaux tanks du type T-62, des chars blindés et des canons pour augmenter et perfectionner l’équipement militaire des troupes soviétiques stationnées dans cette région.
La presse occidentale rapporte que la moitié des canons, des fusées et des roquettes antitanks a été renouvelée. Depuis 1968, le nombre des pièces d’artillerie soviétiques en Europe orientale a presque doublé et celui des tanks soviétiques en République démocratique allemande a augmenté de 30 pour cent. Récemment, Alec Douglas-Home, secrétaire d’Etat au Foreign Office et au Commonwealth, a déclaré aux correspondants à l’O.N.U. que « maintenant les Russes poursuivent un grand programme de renouvellement des armes », qu’ils renforcent leurs troupes en Europe orientale et, « qui plus est, améliorent très rapidement la qualité de leurs armes ».
Ces dernières années, en plus de leur expansion militaire sur terre, les révisionnistes soviétiques ont rapidement accru leur force navale sur les flancs nord et sud de l’Europe. Selon des chiffres fournis par l’Institut international d’Etudes stratégiques à Londres, les révisionnistes soviétiques ont massé 45 pour cent de leurs principaux navires et plus de 60 pour cent de leurs sous-marins dans les eaux stratégiques au large de l’Europe septentrionale. Avant 1963, la flotte soviétique croisait principalement le long de ses côtes septentrionales et dans la mer Baltique.
Mais à partir du milieu des années 60, elle a brisé le contrôle de l’Occident et navigue de plus en plus fréquemment dans la mer de Norvège et dans la mer du Nord pour se diriger vers le passage stratégique de l’Atlantique reliant l’Europe à l’Amérique. En Europe méridionale, la marine soviétique a commencé à pénétrer dans la Méditerranée en 1964, venant de la mer Noire, et, dès 1967, elle a officiellement envoyé une flotte permanente en Méditerranée pour faire contrepoids à la VIe Flotte U.S. Le nombre des bâtiments de guerre soviétiques opérant constamment dans cette zone est le quintuple d’il y a sept ans.
Mettant à profit la lutte de résistance des peuples arabes à l’agression israélienne en octobre dernier, les révisionnistes soviétiques ont concentré massivement leurs forces navales dans la Méditerranée, doublant approximativement le nombre de leurs bâtiments dans cette mer. Ils se sont arrogé des bases navales et aériennes et ont mis en place un réseau de bases militaires dans l’Est méditerranéen.
En même temps, ils s’efforçaient de pénétrer dans l’Ouest méditerranéen, en coordination avec l’expansion de leur Flotte de la Baltique et de leur Flotte du Nord en Europe septentrionale. Leur but : prendre l’Europe occidentale en tenailles. Le journal français Le Monde indique : « L’expansion soviétique dans la Méditerranée doit être considérée dans son contexte comme un mouvement direct contre l’Ouest, en tentant de tourner le flanc méridional de l’Europe… », « Cette priorité de l’Ouest sur l’Est dans les objectifs soviétiques doit être également prise en considération, en examinant les grandes lignes du développement de l’expansion de sa force navale. »
La rivalité acharnée entre les deux superpuissances se manifeste aussi par les manœuvres militaires terrestres, aériennes et maritimes en Europe, organisées par la clique dirigeante du révisionnisme soviétique, pour faire étalage des forces bellicistes face aux Etats-Unis et à l’O.T.A.N.
Selon des statistiques partielles, depuis 1966, rien qu’en Europe orientale, le révisionnisme soviétique et le bloc militaire sous son contrôle ont procédé, en moyenne, chaque année, à une dizaine de manœuvres militaires conjointes. En septembre 1972, au moment où les entretiens préparatoires à la conférence sur la sécurité et la coopération en Europe allaient s’ouvrir, l’Union soviétique et d’autres pays ont organisé des manœuvres militaires de grande envergure en Europe orientale, engageant plus de 100 000 hommes, tandis que le bloc militaire nord-atlantique, avec à sa tête les Etats-Unis, organisait, lui aussi, de grandes manœuvres navales, terrestres et aériennes en Europe du Nord.
Durant les entretiens préparatoires, ainsi qu’avant et après la seconde phase de la C.S.C.E., ouverte à Genève, les deux superpuissances ont organisé une série de manœuvres navales, terrestres et aériennes en Europe. Le grondement des tanks et des avions, et le bruit des canons des deux côtés se mêlaient aux proclamations de Moscou sur la « paix » et la « détente » en Europe.
La concentration massive de troupes en Europe et le renforcement continu des forces militaires des révisionnistes soviétiques servent leur ambition de consolider et d’élargir leur hégémonie en Europe. L’opinion publique européenne en est de plus en plus consciente. Le journal autrichien Kronen Zeitung et le journal français France-Soir ont récemment souligné qu’en faisant stationner ses troupes en Europe orientale, le Kremlin tendait, du moins partiellement, à contrôler ses pays satellites, et que le renforcement permanent de ses forces militaires en Europe orientale montrait que l’Union soviétique n’était pas prête à abandonner ses droits à superviser ses voisins.
Le journal de la R.F.A. Die Welt écrivait dans son éditorial du 3 juillet dernier : « Quiconque veut imposer sa volonté à ses voisins recherche nécessairement une plus grande supériorité militaire. » L’Union soviétique fait tout ce qui est en son pouvoir pour accroître en Europe « sa supériorité due à la rapidité du développement de ses propres armements ». Elle s’efforce d’« entraver l’indépendance de l’Europe occidentale, qu’elle voudrait construire à sa convenance ».
A l’évidence, tout en parlant à tout bout de champ de « paix » et de « détente », les révisionnistes soviétiques accélèrent, en fait, leur expansion militaire, et s’arment jusqu’aux dents. Cette double tactique ne pourra longtemps duper les gens. Les peuples européens, qui ont connu deux guerres mondiales, discernent mieux, de jour en jour, la nature réelle des sociaux-impérialistes soviétiques. Ils mènent la lutte contre leur hégémonisme et pour la sauvegarde de la sécurité et de la paix véritables en Europe.