KAUTSKY Karl (1854-1938). Social-démocrate allemand, renégat ennemi de la dictature du prolétariat et du marxisme. « Kautsky, la plus grande autorité de la IIe Internationale, offre l’exemple éminemment typique et éclatant de la façon dont la reconnaissance verbale du marxisme a abouti en fait à le transformer en « strouvisme » ou en « brentanisme » (c’est-à-dire en une doctrine bourgeoise libérale qui admet pour le prolétariat la lutte « de classe » non révolutionnaire…) » (Lénine : « La révolution prolétarienne et le renégat Kautsky », M. 1954, p. 5).
Dans la période la meilleure de son activité, Kautsky a écrit des ouvrages marxistes tels que « La doctrine économique de Karl Marx » (1887), « La question agraire » (1899). Mais déjà alors Kautsky s’écartait du marxisme et le dénaturait. Ainsi, du Programme d’Erfurt, il a exclu le paragraphe sur la dictature du prolétariat.
Au sein de la IIe Internationale, Kautsky, formellement, occupait une position centriste, entre les bernsteiniens et les social-démocrates de gauche, — F. Mehring, R. Luxembourg et K. Liebknecht, — mais en fait il soutenait la droite, en faisant des concessions à Bernstein (V.), en capitulant devant l’opportunisme.
Il appuyait Martov et les menchéviks dans leur lutte contre les bolcheviks Pendant la première guerre mondiale, Kautsky a trahi en adoptant une position de chauviniste bourgeois. Sur la question essentielle du marxisme, — la dictature du prolétariat, — il a fait à l’opportunisme concessions sur concessions, jusqu’à sombrer lui-même dans l’opportunisme.
Il niait la nécessité de détruire la machine d’Etat bourgeoise et d’instaurer la dictature du prolétariat, opposant à la doctrine de la dictature du prolétariat sa théorie bourgeoise libérale de la démocratie « pure », « au-dessus des classes ».
Dans la question nationale et coloniale, Kautsky soutenait les social-démocrates de droite, les menchéviks russes, les bundistes et combattait la solution marxiste de la question nationale. Lénine a dénoncé la théorie antimarxiste de l’« ultra-impérialisme » de Kautsky, qui avait pour but de venir en aide au capitalisme agonisant.
Après la Grande Révolution socialiste d’Octobre (V.), Kautsky accentua son activité contre-révolutionnaire « théorique » et pratique. Il a aidé les social- démocrates allemands de droite à étouffer la révolution allemande de 1918-1919, s’est opposé au resserrement des relations avec la Russie soviétique, a calomnié la dictature du prolétariat et le marxisme, s’est élevé contre le matérialisme dialectique et le matérialisme historique.
Le Parti communiste de l’Union Soviétique a dénoncé jusqu’au bout Kautsky et le kautskisme, ce qui eut une grande importance pour l’éducation politique du prolétariat international dans l’esprit du marxisme révolutionnaire.
Kautsky consomma son reniement théorique par son ouvrage « De la conception matérialiste de l’histoire » (en deux volumes, 1927). Ce livre constitue un mélange éclectique et vulgaire de théories philosophiques bourgeoises que Kautsky élève sur le pavois et oppose au matérialisme dialectique et au matérialisme historique. Actuellement ce sont les leaders des socialistes de droite, qui poursuivent la ligne réformiste de Kautsky.
KOMENSKY Jan Amos (Comenius) (1592-1670). Grand pédagogue humaniste et philosophe tchèque qui combattit le système scolastique de l’enseignement. Komensky a été un des chefs des « Frères Moraves », qui ont inspiré le mouvement antiféodal et la lutte nationale contre les féodaux allemands et l’Eglise catholique. Sa conception du monde contient des contradictions.
En religion, il est un protestant proche du panthéisme. Dans sa théorie de la connaissance et sa didactique on trouve d’importantes tendances matérialistes. En tant que sensualiste. Komensky estime que le monde est connaissable. « Le début de la connaissance, écrit-il, remonte toujours sans aucun doute à la sensation (car rien n’existe dans la connaissance avant d’avoir été dans la sensation)… »
Il importe de connaître et d’analyser les choses mêmes, et non seulement les observations et témoignages d’autrui. Son principe de « pansophie » exigeait que renseignement et la connaissance soient systématiques et universels.
Tout le monde, dit-il, est capable de connaître et de s’instruire ; le peuple doit avoir accès au savoir (« enseigner toutes choses à tout le monde »). Pour Komensky, la connaissance est un processus actif intimement lié à l’enseignement rationnel. Il voulait que l’instruction eût des buts pratiques : « Connaître, parler et agir, voilà le sel de la sagesse. »
Son « principe de la conformité avec la nature » signifiait que l’éducation doit être conforme au monde extérieur et à la nature de l’enfant ; le pédagogue doit prendre pour point de départ l’unité du monde (l’homme est une partie de la nature, un microcosme dans le macrocosme), tenir compte des particularités d’âge des élèves. Pas de bourrage mécanique, mais un développement harmonieux des dispositions de l’enfant.
A cette thèse Komensky ajoutait parfois un sens idéaliste, théologique : c’est Dieu qui « a semé en nous les graines de toutes les sciences ». Komensky n’a pas su surmonter la contradiction entre la connaissance « à partir de la nature » et la connaissance « à partir de l’évolution de l’âme ». Il a été le premier dans l’histoire de la pédagogie à ériger la didactique en science spéciale.
Ses « quatre principes » didactiques (enseignement concret, gradation, imitation, exercice) impliquaient la compréhension des rapports de causalité dans la nature et la consolidation rationnelle des connaissances acquises. L’enseignant est « le serviteur de la nature », et il est tenu de l’« imiter » ; la leçon est la forme fondamentale de l’enseignement.
Komensky a combattu le pape et le catholicisme et stigmatisé la simonie et la déchéance morale du clergé catholique. Les pensées d’avant-garde de Komensky ont exercé une grande influence sur le développement de la pédagogie en Bohême et ailleurs.
Les principaux ouvrages de Komensky qui lui ont valu une renommée mondiale sont « Didactica magna » (1657), « Janua linguarum reserata » (1631), « Orbis sensualium pictus » (1658).
KOVALEVSKI Maxime Maximovitch (1851-1916). Sociologue et historien bourgeois russe, auteur de plusieurs ouvrages sur l’histoire de la sociologie, du droit et de l’Etat. Au début Kovalevski se rencontra avec Marx et a correspondu avec lui.
Disposant d’une importante documentation historique et ethnographique, Kovalevski a développé l’idée que le clan était une forme générale de l’organisation primitive.
Engels appréciait les recherches de Kovalevski et notamment son ouvrage « Tableau des origines et de l’évolution de la famille et de la propriété » (1890). « Nous devons à Maxime Kovalevski la preuve que la communauté patriarcale… a formé le stade de transition entre la famille matriarcale issue du mariage en groupe et la famille monogame du monde moderne » (Marx/Engels : Ausgewählte Schriften, Band 11, M. 1950, S. 203).
Dans « Les sociologues contemporains » (1905), Kovalevski critique les sociologues réactionnaires étrangers : de Tarde, Giddings, Gumplowicz, Simmel, Dürkheim et autres. Mais lui-même, dans sa conception de l’histoire, s’en tenait aux positions antiscientifiques, éclectiques et idéalistes, et adoptait une attitude conciliante à l’égard des idées réactionnaires de Malthus. (V. Malthusianisme.)
Libéral modéré, ennemi du prolétariat révolutionnaire, il voulait opposer au matérialisme dialectique et au matérialisme historique un positivisme semblable à celui de Comte. Objectiviste bourgeois, il s’opposait dans l’étude des phénomènes sociaux, à l’esprit de parti de Marx. Les ouvrages de Lénine renferment une critique sévère de l’activité politique de Kovalevski, représentant du libéralisme bourgeois.