J. Staline
XXVIIe anniversaire de la Grande Révolution socialiste d’Octobre1
6 novembre 1944
Camarades,
Les hommes du pays des Soviets fêtent aujourd’hui le 27e anniversaire de la victoire de la Révolution soviétique dans notre pays.
C’est pour la quatrième fois que notre pays célèbre l’anniversaire de la Révolution soviétique en cette guerre pour le salut de la Patrie contre les envahisseurs fascistes allemands.
Cela ne veut point dire, bien entendu, que la quatrième année de guerre ne se distingue pas, quant à ses résultats, des trois années de guerre précédentes.
Au contraire, il y a là une différence essentielle. Tandis que dans les deux premières années de guerre les troupes allemandes ont mené l’offensive et pénétré dans les profondeurs de notre pays, et que l’Armée rouge s’est vue obligée de livrer des combats défensifs ; tandis que dans la troisième année de guerre un profond revirement s’est opéré sur notre front et que l’Armée rouge a engagé de puissants combats offensifs, battu les Allemands dans une série de combats décisifs, nettoyé les deux tiers du sol soviétique des troupes allemandes qu’elle a obligées à passer à la défensive, tout en continuant à se battre seule à seule contre les armées allemandes, sans une aide sérieuse de la part des Alliés, – la quatrième année de guerre a été marquée par des victoires décisives des armées soviétiques et des armées de nos Alliés sur les troupes allemandes.
Obligés cette fois de faire la guerre sur deux fronts, les Allemands se sont vus refoulés vers les frontières de l’Allemagne.
En définitive, l’année écoulée a abouti à l’expulsion des troupes allemandes hors de l’Union Soviétique, de la France, de la Belgique, de l’Italie centrale, et au transfert des hostilités sur le territoire de l’Allemagne.
1. L’ALLEMAGNE PRISE DANS UN ÉTAU ENTRE DEUX FRONTS.
Les succès décisifs remportés par l’Armée rouge au cours de cette année et l’expulsion des Allemands hors de la terre soviétique, ont été déterminés par une série de coups vigoureux portés par nos troupes aux troupes allemandes, et qui, déclenchés dès janvier dernier, ont été ensuite élargis durant toute l’année envisagée par ce rapport.
Le premier coup a été porté par nos troupes en janvier dernier, devant Leningrad et Novgorod, lorsque l’Armée rouge enfonça la ligne de défense permanente des Allemands, et rejeta l’ennemi vers les Républiques baltes.
Opération qui a eu pour résultat la libération de la région de Leningrad.
Le second coup a été porté en février et mars de cette année sur le Boug, lorsque l’Armée rouge défit les troupes allemandes et les rejeta au-delà du Dniestr.
A la suite de cette opération l’Ukraine-rive droite a été libérée des envahisseurs fascistes allemands.
Le troisième coup a été porté en avril et mai de cette année, dans le secteur de la Crimée, lorsque les troupes allemandes furent culbutées dans la mer Noire.
A la suite de cette opération, la Crimée et Odessa ont été libérées du joug allemand.
Le quatrième coup a été porté en juin dernier, dans le secteur de la Carélie, lorsque l’Armée rouge, ayant battu les troupes finlandaises, a libéré Vyborg et Petrozavodsk, et rejeté les Finlandais dans l’intérieur de la Finlande.
A la suite de cette opération fut libérée la plus grande partie la République soviétique carélo-finnoise.
Le cinquième coup a été porté aux Allemands en juin et juillet de cette année, lorsque l’Armée rouge battit à plate couture les troupes allemandes devant Vitebsk, Bobrouïsk, Moguilev, faisant aboutir ce choc à l’encerclement de trente divisions allemandes dans le secteur de Minsk.
A la suite de cette opération nos troupes ont : a) délivré intégralement la République soviétique de Biélorussie ; b) débouché sur la Vistule et libéré une partie importante de la Pologne, notre alliée ; c) débouché sur le Niémen et libéré la plus grande partie de la République soviétique de Lituanie ; d) forcé le Niémen et abordé la frontière allemande.
Le sixième coup a été porté en juillet et août de cette année, dans le secteur de l’Ukraine occidentale, lorsque l’Armée rouge battit les troupes allemandes devant Lvov et les refoula au-delà du San et de la Vistule. A la suite de cette opération : a) l’Ukraine occidentale a été libérée ; b) nos troupes ont forcé la Vistule et établi au-delà du fleuve une puissante tête de pont, à l’ouest de Sandomir.
Le septième coup a été porté en août dernier dans le secteur Kichinev-Jassy, où nos troupes défirent complètement les troupes germano-roumaines, faisant aboutir ce choc à l’encerclement, dans la région de Kichinev, de 22 divisions allemandes, sans compter les divisions roumaines.
A la suite de cette opération : a) la République soviétique moldave a été libérée ; b) la Roumanie, alliée de l’Allemagne, après avoir été mise hors de combat, a déclaré la guerre à l’Allemagne et à la Hongrie ; c) la Bulgarie, alliée de l’Allemagne, après avoir été mise hors de combat, a également déclaré la guerre à l’Allemagne ; d) l’accès de la Hongrie, dernière alliée de l’Allemagne en Europe, s’est ouvert à nos troupes; e) la possibilité s’est offerte de secourir notre alliée, la Yougoslavie, contre les envahisseurs allemands.
Le huitième coup a été porté en septembre et octobre de cette année dans les Républiques baltes, où l’Armée rouge battit les troupes allemandes devant Tallin et Riga, et les chassa des Pays baltes. A l’issue de cette opération : a) la République soviétique d’Estonie a été libérée ; b) libérée la plus grande partie de la République soviétique lettone ; c) la Finlande, alliée de l’Allemagne, après avoir été mise hors de combat, a déclaré la guerre à l’Allemagne ; d) plus de trente divisions allemandes ont été coupées de la Prusse et enserrées dans le secteur Toukoums-Libau, où l’on est en train de leur donner le coup de grâce. (Appaudissements prolongés.)
En octobre dernier, nos troupes ont commencé leur neuvième attaque, entre la Tissa et le Danube, dans le secteur de la Hongrie, en vue de la faire sortir de la guerre et de la tourner contre l’Allemagne. Par cette opération qui n’est pas encore terminée : a) nos troupes ont aidé directement notre alliée, la Yougoslavie, à expulser les Allemands et à libérer Belgrade ; b) nos troupes ont eu la possibilité de franchir la chaîne des Carpathes et de tendre la main à notre alliée, la République tchécoslovaque, dont le territoire est d’ores et déjà partiellement libéré des envahisseurs allemands.
Enfin, dans les derniers jours d’octobre de cette année-ci, un coup a été infligé aux troupes allemandes en Finlande septentrionale, où elles ont été chassées du secteur de Pétchenga ; après quoi nos troupes, lancées à la poursuite des Allemands, ont pénétré sur le sol de la Norvège, notre alliée. (Applaudissements.)
Je ne reproduis pas ici le chiffre des pertes subies par l’adversaire en morts et en prisonniers à l’issue de ces opérations, la quantité de canons, de tanks, d’avions, d’obus, de mitrailleuses, etc., capturés par nos troupes. Ces chiffres, vous les connaissez sans doute par les communiqués du Bureau d’informations soviétique.
Telles ont été, pendant l’année écoulée, les principales opérations de l’Armée rouge : elles ont abouti à l’expulsion des troupes allemandes hors des frontières de notre pays.
A la suite de ces opérations, près de 120 divisions de l’Allemagne et de ses alliés ont été défaites et mises hors de combat.
Au lieu des 257 divisions qui, l’an dernier, stationnaient devant notre front, et dont 207 étaient allemandes, nous voyons là, aujourd’hui, après toutes les mobilisations « totales » et « super-totales », en tout 204 divisions allemandes et hongroises, dont 180 divisions allemandes, pas plus.
Force est de reconnaître que, dans cette guerre, l’Allemagne hitlérienne avec son armée fasciste, s’est révélée un adversaire plus puissant, perfide et expérimenté que l’Allemagne et son armée dans toutes les guerres antérieures.
Ajoutons à cela que les Allemands ont pu exploiter dans cette guerre les forces productives de presque toute l’Europe, ainsi que les armées assez importantes de leurs Etats vassaux.
Et si, malgré toutes ces conditions de guerre, favorables à l’Allemagne, elle se trouve néanmoins au seuil de sa perte certaine, cela tient à ce que le principal adversaire de l’Allemagne, l’Union Soviétique, surpasse en force l’Allemagne hitlérienne. (Vifs applaudissements.)
Un facteur nouveau dans la guerre contre l’Allemagne hitlérienne, durant l’année écoulée, c’est que l’Armée rouge n’a pas été seule, cette année-là, à mener ses opérations contre les troupes allemandes, comme ce fut le cas dans les années antérieures, mais en commun avec les troupes de nos Alliés. La Conférence de Téhéran2 n’a pas été sans lendemain.
La décision prise par la Conférence de Téhéran – frapper l’Allemagne simultanément par l’ouest, par l’est et le sud – a commencé à être appliquée avec une précision surprenante.
Parallèlement aux opérations engagées par l’Armée rouge pendant l’été sur le front soviéto-allemand, les troupes alliées ont commencé leur pénétration en France et déclenché de puissantes opérations offensives, qui ont obligé l’Allemagne hitlérienne à combattre sur deux fronts.
Les troupes et la flotte de nos Alliés ont exécuté sur le littoral de la France une opération de débarquement massif sans précédent dans l’histoire au point de vue de son organisation et de son ampleur ; elles ont franchi avec un savoir-faire saisissant les fortifications adverses.
Ainsi, l’Allemagne s’est trouvée prise dans l’étau des deux fronts.
Comme il fallait bien s’y attendre, l’ennemi n’a pu tenir devant les efforts conjugués de l’Armée rouge et des troupes alliées. La résistance de l’ennemi a été brisée, ses troupes ont été rapidement rejetées hors des limites de l’Italie centrale, de la France, de la Belgique, de l’Union Soviétique, et refoulées vers les frontières de l’Allemagne.
Il est certain que sans le second front constitué en Europe, et qui a rivé à soi environ 75 divisions allemandes, nos troupes n’auraient pu briser en un temps aussi court la résistance des troupes allemandes et les chasser hors des frontières de l’Union Soviétique.
Mais il est non moins certain que sans les opérations offensives vigoureuses de l’Armée rouge, au cours de cet été, opérations qui ont rivé à notre front près de 200 divisions allemandes, les troupes de nos Alliés n’auraient pu de sitôt avoir raison des troupes allemandes et les jeter hors de l’Italie centrale, de la France et de la Belgique.
Il s’agit de maintenir l’Allemagne dans l’étau des deux fronts.
Là est la clef de la victoire.
2. LE GRAND EXPLOIT DU PEUPLE SOVIETIQUE DANS LA GUERRE NATIONALE.
Si l’Armée rouge a pu accomplir avec succès son devoir envers sa Patrie et a chassé les Allemands du sol soviétique, elle l’a fait parce que soutenue à l’arrière avec un dévouement à toute épreuve par tout notre pays, par tous les peuples de notre pays.
Le travail plein d’abnégation réalisé par tous les citoyens soviétiques – ouvriers, paysans, intellectuels, – de même que l’activité directrice de nos organismes d’Etat et du Parti, se sont poursuivis, pendant l’année écoulée, sous la devise : « Tout pour le front. »
L’année écoulée a été marquée par de nouveaux progrès de l’industrie, de l’agriculture, des transports : par un nouvel essor de notre économie de guerre.
En cette quatrième année de guerre, nos usines produisent plusieurs fois plus de tanks, d’avions, de pièces d’artillerie, de mortiers et de munitions qu’au début des hostilités.
L’étape la plus difficile de la reconstitution de l’agriculture a été franchie.
Depuis que les champs fertiles du Don et du Kouban ont été rendus à notre pays, depuis que l’Ukraine a été libérée, notre agriculture se remet promptement de ses lourdes pertes.
Les chemins de fer soviétiques ont résisté à une surcharge que les transports d’un autre pays auraient eu peine à soutenir. Tout cela atteste que la base économique de l’Etat soviétique s’est révélée infiniment plus viable que l’économie des Etats ennemis.
Le régime socialiste né de la Révolution d’Octobre a doté notre peuple et notre armée d’une grande, d’une invincible force.
Malgré le pesant fardeau de la guerre, malgré l’occupation temporaire par les Allemands de régions très vastes et économiquement importantes du pays, l’Etat soviétique n’a pas diminué, mais augmenté d’année en année, au cours de la guerre, le ravitaillement du front en armes et munitions. Maintenant l’Armée rouge n’a pas moins, mais plus de tanks, de canons, d’avions, que l’armée allemande.
En ce qui concerne la qualité de notre matériel de guerre, elle est sur ce point de beaucoup supérieure à celle de l’armement adverse. De même que l’Armée rouge a remporté, dans une longue et âpre lutte qu’elle fut seule à mener, la victoire militaire sur les troupes fascistes, de même les travailleurs de l’arrière soviétique ont remporté, en ce combat singulier avec l’Allemagne hitlérienne et ses complices, la victoire économique sur l’ennemi. (Vifs applaudissements.) Les hommes du pays des Soviets ont renoncé au strict nécessaire, s’astreignant volontairement à des privations matérielles sérieuses, pour donner davantage au front. Les difficultés inouïes de la guerre actuelle n’ont pas brisé, elles ont retrempé encore la volonté de fer et le courage du peuple soviétique.
Notre peuple s’est acquis à bon droit la gloire d’un peuple héroïque.
Notre classe ouvrière consacre toutes ses forces à la cause de la victoire ; elle perfectionne sans cesse la technique de la production, augmente la puissance des entreprises industrielles, monte de nouvelles fabriques et usines.
Par son travail la classe ouvrière de l’Union Soviétique a accompli un grand exploit dans cette guerre.
Nos intellectuels marchent hardiment dans la voie des innovations en matière de technique et de culture ; ils font progresser constamment la science moderne ; ils font preuve d’esprit d’invention en appliquant ses réalisations à la fabrication des armes pour l’Armée rouge.
Par leur travail créateur, les intellectuels soviétiques ont apporté une contribution inappréciable à la défaite de l’ennemi.
Une armée dépourvue d’armements modernes ne peut faire la guerre, ni vaincre.
Elle ne peut pas non plus faire la guerre et vaincre sans pain, sans vivres.
Si, à la quatrième année de la guerre, l’Armée rouge ne manque pas de vivres, elle le doit à la sollicitude de la paysannerie kolkhozienne.
Kolkhoziens et kolkhoziennes approvisionnent les ouvriers et les intellectuels en vivres ; l’industrie en matières premières ; ils assurent le fonctionnement normal des usines fabriquant les armes et les munitions pour le front.
Activement et pleinement conscients de leurs devoirs envers la Patrie, nos paysans kolkhoziens aident l’Armée rouge à remporter la victoire sur l’ennemi.
Les exploits inégalés, accomplis au travail par les femmes soviétiques et notre vaillante jeunesse qui ont soutenu l’effort principal dans les fabriques et les usines, dans les kolkhoz et les sovkhoz, s’inscriront à jamais dans l’histoire.
C’est pour sauvegarder l’honneur et l’indépendance de la Patrie, que les femmes, les jeunes gens et les jeunes filles soviétiques font preuve de vaillance et d’héroïsme sur le front du travail.
Ils se sont montrés dignes de leurs pères et de leurs fils, de leurs maris et de leurs frères qui défendent la Patrie contre les brutes fascistes allemandes.
Les exploits au travail réalisés par les citoyens soviétiques à l’arrière, de même que les impérissables faits d’armes de nos combattants au front, sont dus à l’ardent, au vigilant patriotisme soviétique.
Ce qui fait la puissance du patriotisme soviétique, c’est qu’il ne repose pas sur des préjugés racistes ou nationalistes ; il repose sur la fidélité et le profond dévouement du peuple à sa Patrie soviétique, sur la confraternité des travailleurs de toutes les nations habitant notre pays.
Dans le patriotisme soviétique s’associent harmonieusement les traditions nationales des peuples et les intérêts vitaux communs de tous les travailleurs de l’Union Soviétique.
Loin de diviser, le patriotisme soviétique groupe, au contraire, toutes les nations et nationalités de notre pays au sein d’une famille unique, fraternelle. C’est là qu’apparaissent les bases de l’amitié inébranlable, de plus en plus forte, des peuples de l’Union Soviétique. D’autre part, les peuples de l’URSS respectent les droits et l’indépendance des peuples des pays étrangers ; ils ont toujours montré leur volonté de vivre en paix et amitié avec les Etats voisins. C’est là qu’apparaît la base des relations de plus en plus étendues et durables de notre Etat avec les peuples attachés à la liberté.
Si les hommes du pays des Soviets haïssent les envahisseurs allemands, ce n’est pas parce que ceux-ci appartiennent à une nation étrangère, mais parce qu’ils ont apporté à notre peuple et à tous les peuples épris de liberté des calamités et souffrances innombrables. Il est dans notre peuple un vieux proverbe qui dit : « On ne frappe pas le loup parce qu’il est gris, on le frappe parce qu’il a mangé un mouton. » (Rires. Applaudissements prolongés.)
Les fascistes allemands ont choisi comme arme idéologique la théorie raciste basée sur la haine de l’homme, croyant que la propagande d’un nationalisme bestial créerait les conditions morales et politiques de la domination des envahisseurs allemands sur les peuples asservis.
Or la politique de la haine raciale pratiquée par les hitlériens est devenue en fait une source de faiblesse intérieure de l’Etat fasciste allemand et de son isolement politique à l’extérieur.
L’idéologie et la politique de la haine raciale sont un des facteurs de l’effondrement du bloc de brigandage hitlérien. Ce n’est point par hasard que les peuples asservis de France, de Yougoslavie, Pologne, Tchécoslovaquie, Grèce, Belgique, Danemark, Norvège, Hollande, mais même les anciens vassaux d’Hitler, les Italiens, les Roumains, les Finlandais, les Bulgares se sont dressés contre les impérialistes allemands. Par sa politique de cannibalisme, la clique hitlérienne a dressé contre l’Allemagne tous les peuples du monde, et la prétendue « race allemande élue » est devenue l’objet d’une haine universelle.
Les hitlériens ont essuyé au cours de la guerre non seulement une défaite militaire, mais aussi une défaite morale et politique. L’idéologie de l’égalité en droits de toutes les races et nations, qui s’est affirmée dans notre pays, celle de l’amitié des peuples, a remporté une victoire complète sur l’idéologie du nationalisme bestial et de la haine raciale des hitlériens.
Maintenant que la guerre nationale s’achemine vers une fin victorieuse, le rôle historique du peuple soviétique apparaît dans toute sa grandeur.
Tout le monde reconnaît aujourd’hui que la lutte pleine d’abnégation du peuple soviétique a sauvé des brigands fascistes la civilisation de l’Europe.
C’est là le grand mérite du peuple soviétique devant l’humanité.
3. L’AFFERMISSEMENT ET L’EXTENSION DU FRONT DE LA COALITION ANTI-ALLEMANDE. LA QUESTION DE LA PAIX ET DE LA SECURITE.
L’année écoulée a été marquée, pour la coalition antiallemande, par le triomphe de la cause commune au nom de laquelle les peuples de l’Union Soviétique, de la Grande-Bretagne et des Etats-Unis d’Amérique se sont groupés au sein d’une alliance de combat.
Cette année a vu se resserrer l’unité et l’action coordonnée des trois puissances principales contre l’Allemagne hitlérienne.
Les décisions de la Conférence de Téhéran concernant l’action commune contre l’Allemagne, et la brillante réalisation de ces décisions constituent l’un des témoignages éclatants de l’affermissement du front de la coalition antihitlérienne.
L’histoire des grandes opérations militaires ne connaît pas beaucoup de plans d’action conjuguée contre l’ennemi commun, qui aient été réalisés d’une manière aussi complète et précise que le plan de l’assaut d’ensemble contre l’Allemagne, élaboré à la Conférence de Téhéran.
Il est certain que sans l’unité de vues et sans l’action coordonnée des trois grandes puissances, les décisions de Téhéran n’auraient pu être appliquées d’une manière aussi complète et aussi précise.
Il est certain, d’autre part, que l’application heureuse des décisions de Téhéran ne pouvait manquer de contribuer à l’affermissement du front des Nations Unies.
Un autre témoignage, non moins éclatant, de la solidité du front des Nations Unies, sont les décisions de la Conférence de Dumbarton Oaks3 relatives à l’organisation de la sécurité après la guerre.
On parle de divergences entre les trois puissances sur certaines questions de sécurité.
Des divergences, il y en a, certes, et il y en aura aussi pour une série d’autres questions. Les divergences interviennent même parmi les hommes d’un seul et même parti.
A plus forte raison doivent-elles avoir lieu parmi les représentants d’Etats différents et de partis différents. Ce dont il faut s’étonner ce n’est point de ce que les divergences existent, mais de ce qu’il y en ait si peu et de ce qu’en principe elles soient presque chaque fois réglées dans le sens de l’unité et de l’action coordonnée des trois grandes puissances.
Ce ne sont pas les divergences qui importent, c’est le fait que ces divergences-là ne sortent pas du cadre de l’admissible pour les intérêts de l’unité des trois grandes puissances, et qu’elles soient finalement réglées selon les intérêts de cette unité.
On sait que les divergences ont été plus sérieuses entre nous au sujet de l’ouverture du deuxième front.
Mais on sait également qu’elles ont été réglées en définitive dans l’esprit d’une entente complète.
On peut en dire autant des divergences survenues à la Conférence de Dumbarton Oaks.
Chose caractéristique pour cette conférence, ce n’est point que des divergences y soient apparues, mais que les neuf dixièmes des problèmes de sécurité ont été réglés à cette conférence dans l’esprit d’une complète unanimité. J’estime par conséquent qu’il faut regarder les décisions de la Conférence de Dumbarton Oaks comme l’un des témoignages éclatants de la solidité du front de la coalition antiallemande.
Ce qui atteste d’une façon encore plus éclatante que le front des Nations Unies s’est affermi, ce sont les récents pourparlers de Moscou, qui se sont poursuivis dans une atmosphère de cordialité et dans l’esprit d’une pleine unanimité, avec le chef du gouvernement de Grande-Bretagne, M. Churchill, et le ministre des Affaires étrangères de la Grande-Bretagne, M. Eden4.
Tout au long de la guerre les hitlériens ont fait des tentatives désespérées pour diviser les Nations Unies et les opposer les unes aux autres, pour semer parmi elles la suspicion et l’inimitié, pour affaiblir leur effort de guerre par une méfiance mutuelle et, si possible, par la lutte de ces nations entre elles.
Ces visées des politiciens hitlériens sont faciles à comprendre.
Il n’est pas pour eux de plus grand danger que l’unité des Nations Unies dans la lutte contre l’impérialisme hitlérien ; et il n’y aurait pas pour eux de plus grand succès militaire et politique que la division des puissances alliées dans leur lutte contre l’ennemi commun.
On ne sait que trop la vanité des efforts tentés par les politiciens fascistes pour rompre l’alliance des grandes puissances.
C’est dire que ce ne sont pas des motifs fortuits et éphémères qui sont à la base de l’alliance de l’URSS, de la Grande-Bretagne et des Etats-Unis, mais des intérêts vitaux et durables.
On peut être certain que si l’alliance de combat des puissances démocratiques a résisté aux épreuves de plus de trois années de guerre, et si elle a été cimentée par le sang des peuples dressés pour la défense de leur liberté et de leur honneur, à plus forte raison cette alliance résistera-t-elle aux épreuves du stade final de la guerre. (Applaudissements prolongés.)
Toutefois l’année écoulée n’a pas seulement vu s’affermir le front anti-allemand des puissances alliées ; elle l’a vu aussi prendre de l’extension.
Ce n’est pas par hasard qu’après l’Italie, d’autres alliés de l’Allemagne aient été mis hors de la guerre : la Finlande, la Roumanie, la Bulgarie. Notons que ces Etats ne se sont pas bornés à sortir de la guerre ; ils ont rompu avec l’Allemagne et lui ont déclaré la guerre, se joignant ainsi au front des Nations Unies.
Il est certain qu’il s’agit là d’une extension du front des Nations Unies contre l’Allemagne hitlérienne.
Nul doute que la dernière alliée de l’Allemagne en Europe, la Hongrie, ne soit, elle aussi, mise hors de combat à bref délai.
C’est dire que l’Allemagne hitlérienne sera complètement isolée en Europe, et que son effondrement est certain.
Les Nations Unies sont à la veille d’un dénouement victorieux de la guerre contre l’Allemagne hitlérienne.
Les Nations Unies gagneront la guerre contre l’Allemagne, cela ne fait plus aucun doute aujourd’hui.
Gagner la guerre contre l’Allemagne, c’est accomplir une grande œuvre historique.
Mais gagner la guerre ce n’est pas encore garantir aux peuples une paix solide et une sécurité assurée pour l’avenir.
Il s’agit non seulement de gagner la guerre, mais aussi de rendre impossible une nouvelle agression et une nouvelle guerre, sinon pour toujours, du moins pendant une période durable.
Bien entendu, après sa défaite, l’Allemagne sera désarmée tant au point de vue économique qu’au point de vue politique et militaire.
Il serait toutefois naïf de croire qu’elle n’essaiera pas de déclencher une nouvelle agression.
On sait que les meneurs allemands préparent dès à présent une nouvelle guerre.
L’histoire montre qu’une courte période de 20 à 30 ans suffit pour que l’Allemagne se relève de sa défaite et reconstitue sa puissance.
Quels sont les moyens d’empêcher une nouvelle agression allemande ou, si la guerre éclate néanmoins, de l’étouffer à ses débuts et de ne pas la laisser se développer en une grande guerre ?
Cette question est d’autant plus opportune que, comme l’atteste l’histoire, les nations agressives en tant que nations assaillantes, sont généralement mieux préparées pour une guerre nouvelle que les nations pacifiques, – lesquelles, n’y trouvant pas d’intérêt, sont ordinairement en retard quant à leur préparation à cette guerre.
C’est un fait que dans la guerre actuelle, dès avant l’ouverture des hostilités, les nations agressives possédaient déjà une armée d’invasion, tandis que les nations pacifiques ne disposaient pas même d’une armée de couverture pleinement satisfaisante pour leur mobilisation.
Ce n’est pas non plus à un hasard que l’on doit des faits aussi regrettables que « l’incident » de Pearl Harbour, la perte des Philippines et autres îles de l’océan Pacifique, la perte de Hong Kong et de Singapour, où le Japon, comme nation agressive, s’est trouvé être mieux préparé à la guerre que la Grande-Bretagne et les Etats-Unis d’Amérique qui, eux, s’en tenaient à une politique de paix.
On ne peut regarder non plus comme un effet du hasard ce fait regrettable qu’était la perte de l’Ukraine, de la Biélorussie et des Pays baltes dès la première année de guerre, lorsque l’Allemagne, comme nation agressive, s’est trouvée être mieux préparée à la guerre que la pacifique Union Soviétique.
Il serait naïf d’expliquer ces faits par la valeur personnelle des Japonais et des Allemands, par leur supériorité sur les Anglais, les Américains, les Russes, par leur prévoyance, etc.
Il ne s’agit point là de qualités personnelles, mais de ceci : les nations agressives ayant intérêt à une nouvelle guerre en tant que nations qui s’y préparent longuement et accumulent des forces à cette fin, sont généralement et doivent être mieux préparées à la guerre que les nations pacifiques n’y ayant pas intérêt. Chose toute naturelle et compréhensible. C’est là, si vous voulez, une loi historique qu’il serait dangereux de perdre de vue.
Par conséquent, on ne saurait nier ce fait qu’à l’avenir les nations pacifiques pourront une fois de plus être prises au dépourvu par l’agression, à moins, bien entendu, qu’elles n’arrêtent dès maintenant des mesures spéciales susceptibles de la conjurer.
Quels sont donc les moyens de prévenir une nouvelle agression de la part de l’Allemagne ou, si la guerre éclate néanmoins, de l’étouffer à ses débuts et de ne pas la laisser se développer en une grande guerre ?
Pour cela, outre le désarmement complet des nations agressives, il n’existe qu’un seul moyen : créer une organisation spéciale composée de représentants des nations pacifiques, pour défendre la paix et garantir la sécurité ; mettre à la disposition de l’organe directeur de cette organisation le minimum de forces armées nécessaires pour prévenir l’agression ; obliger cette organisation, si besoin est, de faire usage de ces forces armées sans délai, afin de prévenir ou de liquider l’agression et punir ses fauteurs.
Cela ne doit pas être une réédition de la Société des Nations de triste mémoire, qui n’avait ni droits, ni moyens pour conjurer l’agression.
Ce sera une organisation internationale nouvelle, spéciale, investie de pleins pouvoirs et disposant de tout ce qu’il faut pour défendre la paix et prévenir une nouvelle agression.
Peut-on espérer que les actes de cette organisation internationale seront suffisamment effectifs ? Ils le seront si les grandes puissances, qui ont porté sur leurs épaules le fardeau principal de la guerre contre l’Allemagne hitlérienne, continuent à agir dans un esprit d’unanimité et de concorde. Ses actes ne seront pas effectifs si l’on viole cette condition expresse.
Camarades !
Le peuple soviétique et l’Armée rouge s’acquittent avec succès des tâches qui se sont dressées devant eux au cours de la guerre pour le salut de la patrie. L’Armée rouge a dignement accompli son devoir patriotique et a libéré de l’ennemi notre Patrie. Désormais, – et pour toujours, – notre sol est nettoyé de la vermine hitlérienne.
Maintenant, l’Armée rouge a encore à s’acquitter de sa mission ultime, définitive : achever en commun avec les armées de nos Alliés l’écrasement de l’armée fasciste allemande, donner le coup de grâce au fauve fasciste dans sa propre tanière et faire flotter sur Berlin le drapeau de la victoire. (Vifs applaudissements prolongés.)
Il y a lieu de croire que cette tâche sera accomplie par l’Armée rouge dans un avenir peu éloigné. (Vifs applaudissements prolongés !) Vive notre victorieuse Armée rouge ! (Applaudissements.) Vive notre glorieuse Marine de guerre ! (Applaudissements.) Vive le puissant peuple soviétique ! (Applaudissements.) Vive notre grande Patrie ! (Vifs applaudissements, toute la salle se lève.)
Morts aux envahisseurs fascistes allemands ! (Vifs applaudissements qui tournent en ovation. Cris : « Vive le camarade Staline ! »)