IMAGINATION. Reflet original de la réalité objective dans la conscience, représentation imagée des phénomènes réels ou irréels. Toute représentation, fût-elle la plus fantasque, loin d’être un produit purement subjectif de la conscience humaine, est basée en dernière analyse sur le reflet de la réalité objective.
Il importe de distinguer entre l’imagination stérile, fondée sur une fausse conception de la réalité et une imagination féconde, forte de la connaissance des faits.
L’imagination féconde joue un grand rôle dans tous les domaines de l’activité intellectuelle et constitue une condition indispensable de toute œuvre créatrice. « La généralisation la plus simple, dit Lénine, une idée générale des plus élémentaires (la « table » en général) renferme une certaine parcelle d’imagination » (« Cahiers philosophiques », éd. russe, p. 308).
L’imagination, qui est une des sources de la création artistique, est tout aussi indispensable dans l’activité scientifique. « … Il serait absurde, écrivait Lénine, de nier le rôle de l’imagination même dans la plus rigoureuse des sciences… » (Ibid., p. 308). Lénine montrait que même dans les mathématiques, sans imagination, le calcul différentiel et le calcul intégral n’auraient jamais été découverts.
Lénine appréciait hautement les réflexions de Pissarev sur les « rêves utiles en tant qu’impulsion pour le travail » opposés aux « creuses rêveries ». Le rôle des hypothèses scientifiques est connu de tous. Or, toute hypothèse est liée à l’imagination.
L’importance de l’imagination n’est pas moindre dans le domaine technique. Nombre d’inventions remarquables ont été prédites et ébauchées dans des romans d’anticipation bien avant leur réalisation.
L’imagination est féconde si elle est liée à la réalité. Si elle s’en écarte, elle donne à l’homme une représentation faussée du monde. Une telle représentation déformée est, par exemple, celle qui est à la 6ase des représentations religieuses. Le fait que l’imagination puisse s’écarter de la vie, est une des racines gnoséologiques de l’idéalisme et de la religion.
IMPERATIF CATEGORIQUE. Principe éthique de la philosophie idéaliste de Kant (V.), d’après lequel une force intérieure impérieuse, éternellement inhérente à la nature humaine, détermine la conduite des hommes et lui imprime un caractère moral.
Cette doctrine nie que les normes morales aient un caractère historique et que chaque classe sociale ait ses principes éthiques. Kant a construit une morale universelle, valable soi-disant pour tous les temps et pour toutes les classes.
Estompant l’opposition des intérêts de classe, exigeant des travailleurs une résignation absolue et la soumission aux oppresseurs, l’éthique de Kant a joué et joue encore un rôle profondément réactionnaire. Elle inspire de nombreuses théories bourgeoises de la morale, et sert d’instrument aux classes exploiteuses pour asservir les travailleurs.
Utilisant cette doctrine dans leur lutte contre le socialisme scientifique, les réformistes prétendent que le socialisme n’a pas de base réelle dans le développement objectif de la société capitaliste, que c’est un idéal purement moral.
De là diverses variétés du « socialisme éthique » d’après lequel le socialisme peut être réalisé non par la lutte de classe révolutionnaire, mais par le perfectionnement moral des hommes, par la rééducation des capitalistes et des ouvriers, etc. De nos jours, certains leaders des socialistes de droite exploitent eux aussi la doctrine kantienne de l’impératif catégorique pour substituer à la théorie marxiste de la lutte de classe et de la révolution prolétarienne, la propagande réactionnaire du « perfectionnement moral » des hommes.
IMPERIALISME. Dernier stade, phase suprême du capitalisme, qui a commencé à la fin du XIXe et au début du XXe siècle. L’impérialisme est la suite inévitable de toute l’évolution antérieure du capitalisme. Dans « L’impérialisme, stade suprême du capitalisme » (V.).
Lénine fut le premier des marxistes à donner une définition scientifique de l’impérialisme, à découvrir ses tares et les conditions de sa perte inéluctable. « L’impérialisme est le capitalisme arrivé à un stade de développement où s’est affirmée la domination des monopoles et du capital financier ; où l’exportation des capitaux a acquis une importance de premier plan ; où le partage du monde a commencé entre les trusts internationaux et où s’est achevé le partage de tout le territoire du globe entre les plus grands pays capitalistes » (Lénine : Œuvres choisies en deux volumes, t. I, 2e partie, M. 1954, p. 527).
La caractéristique économique fondamentale, l’essence même de l’impérialisme, c’est la substitution de la domination des monopoles à la libre concurrence. Les monopoles jouant le rôle décisif dans l’économie et la politique des pays capitalistes, le joug d’une poignée de monopolistes qui dominent le reste de la population pèse cent fois plus lourd, devient cent fois plus dur, plus insupportable.
Dès la fin du XIXe siècle, le capitalisme s’est transformé en un système d’oppression coloniale et d’étranglement financier de l’immense majorité de la population du globe par une poignée de rapaces impérialistes.
Développant la théorie de Lénine sur l’impérialisme, et, notamment, ses thèses sur les hauts profits perçus par les monopoles capitalistes à l’époque de l’impérialisme, Staline a formulé la loi économique fondamentale du capitalisme actuel (V.). Cette loi détermine tous les principaux processus de l’évolution du mode de production capitaliste à son stade monopoliste.
Le fond de cette loi consiste à assurer le maximum de profit capitaliste en exploitant les travailleurs d’un pays donné, en asservissant et en pillant de façon systématique les peuples des autres pays, en déclenchant des guerres et en militarisant l’économie nationale.
L’impérialisme est un stade historique particulier du capitalisme, la veille de la révolution socialiste. A l’époque de l’impérialisme, le développement du capitalisme ne suit déjà plus une ligne ascendante, mais descendante. Domination des monopoles signifie socialisation très poussée de la production, créant toutes les conditions matérielles nécessaires à la transformation socialiste de la société.
Mais le processus de la socialisation de la production sous l’impérialisme, stimulé par la subordination de l’Etat aux monopoles, sert les intérêts d’une poignée de capitalistes, pousse à l’extrême l’exploitation, la misère et la ruine des masses populaires.
Sous l’impérialisme, la contradiction fondamentale du capitalisme, à savoir la contradiction entre le caractère social de la production et la forme capitaliste privée de l’appropriation, atteint son apogée.
Le capitalisme à son stade impérialiste constitue un obstacle au développement des forces productives de la société, il les voue à la stagnation et à la destruction. Les crises économiques de plus en plus profondes, étendues, destructives, le ralentissement général du rythme de la reproduction élargie, l’accentuation extraordinaire de la concurrence entre les groupements monopolistes, les guerres pour le repartage du monde, sont l’expression du conflit qui s’est exacerbé sous l’impérialisme entre les forces productives et le cadre étroit des rapports de production bourgeois.
Dans la période impérialiste, satisfaire l’exigence de la loi économique de la correspondance nécessaire entre les rapports de production et le caractère des forces productives (V.) par la substitution révolutionnaire du mode de production socialiste au mode de production capitaliste, devient une nécessité vitale pour le développement ultérieur de la société.
L’impérialisme conduit à une accentuation sans précédent de toutes les contradictions du capitalisme : contradictions économiques et politiques, contradictions de classe et contradictions nationales. Les plus importantes sont celles : 1° entre le travail et le capital, 2° entre les divers groupes financiers et entre les Etats impérialistes, en lutte pour le repartage du monde, 3° entre les métropoles et les immenses populations des colonies et des pays dépendants.
Dans sa lutte pour le maintien et la consolidation de sa domination, la bourgeoisie impérialiste utilise au maximum toute la superstructure au service de la base capitaliste surannée, depuis l’appareil d’Etat monstrueusement boursouflé et subordonné aux monopoles, jusqu’aux moyens d’asservissement idéologique des travailleurs.
Lénine indiquait que ce qui caractérise la superstructure politique à l’époque de l’impérialisme, c’est l’abandon de la démocratie qui devient un masque recouvrant la toute-puissance d’une poignée de magnats financiers, c’est la réaction politique. Dans sa politique extérieure et intérieure, l’impérialisme rejette la démocratie.
La tendance au fascisme, — dictature terroriste ouverte du capital financier, moyen d’exercer la violence ouverte sur les masses laborieuses, — caractérise la période de l’impérialisme. L’époque de l’impérialisme se distingue par un développement économique et politique extrêmement inégal des pays capitalistes.
La loi de l’inégalité du développement économique et politique du capitalisme à l’époque de l’impérialisme, découverte par Lénine, couronne son analyse de l’impérialisme, analyse qui sert de base à une nouvelle théorie de la révolution socialiste. En vertu de cette loi, le développement des pays capitalistes, les uns par rapport aux autres, n’a plus cette égalité relative qui existait à l’époque prémonopoliste.
Certains pays en dépassent d’autres, les évincent du marché mondial et luttent avec eux pour le repartage du monde. La lutte pour le repartage du inonde accentue les contradictions à l’intérieur du camp impérialiste et rend possible la rupture de la chaîne de l’impérialisme mondial dans l’un ou l’autre de ses maillons ; elle rend possible la victoire du socialisme dans des pays isolés.
La thèse de Lénine selon laquelle l’impérialisme est la veille de la révolution socialiste, a été pleinement confirmée dans la pratique. La Grande Révolution socialiste d’Octobre arracha la Russie à la chaîne de l’impérialisme mondial. A la suite de la deuxième guerre mondiale, plusieurs pays d’Europe et d’Asie se détachèrent du système capitaliste mondial.
Pendant la première guerre mondiale, et surtout à la suite de la Grande Révolution socialiste d’Octobre a commencé la crise générale du capitalisme (V.). Une ère nouvelle s’est ouverte dans l’histoire, celle du triomphe du socialisme.
Pendant la deuxième guerre mondiale et surtout après que certains pays d’Europe et d’Asie où est instauré le régime de la démocratie populaire (V.) se furent détachés du système capitaliste, la crise générale du capitalisme est entrée dans sa deuxième phase.
Ces faits témoignent de l’affaiblissement sensible du système capitaliste et de l’accroissement des forces de la démocratie et du socialisme.