IDEE (du grec […] — image). Reflet de la réalité dans la conscience, qui traduit le comportement des hommes envers le monde ambiant. Telle idée est toujours déterminée par le caractère du régime social, les conditions de la vie matérielle des hommes.
Il faut rechercher la substance des idées et leur origine non pas dans les idées elles-mêmes, mais dans la structure économique de la société, dans les conditions de la vie matérielle de la société, dans l’existence sociale qu’elles reflètent.
Dans la société de classes, les idées ont toujours un caractère de classe; elles sont l’expression des intérêts matériels des classes sociales. Les affirmations idéalistes sur l’existence d’idées éternelles et immuables, indépendantes du monde réel sont antiscientifiques et fausses. La propagande relative aux idées éternelles, indépendantes des classes, ne sert qu’à masquer la tendance des classes exploiteuses à perpétuer leur domination sur les classes opprimées.
Le marxisme-léninisme fait ressortir la portée immense des idées dans l’histoire humaine. Elles peuvent tout aussi bien jouer un rôle négatif et réactionnaire qu’un rôle positif et révolutionnaire. Quand elles prennent la défense d’un régime social agonisant ou de classes moribondes, quand elles ne sont plus conformes aux besoins matériels du développement social, elles sont réactionnaires et retardent le progrès.
Exemple : les idées de la bourgeoisie moderne. Au contraire, quand elles sont dirigées contre le régime ancien, dépérissant, quand elles expriment les besoins nouveaux de la société, apparus au cours de son développement historique, leur rôle est progressif, révolutionnaire. Telles les idées du communisme.
« Les nouvelles idées et théories sociales ne surgissent que lorsque le développement de la vie matérielle de la société a posé devant celle-ci des tâches nouvelles. Mais une fois surgies, elles deviennent une force de la plus haute importance, qui facilite l’accomplissement des nouvelles tâches posées par le développement de la vie matérielle de la société ; elles facilitent le progrès de la société. C’est alors qu’apparaît précisément toute l’importance du rôle organisateur, mobilisateur et transformateur des idées et théories nouvelles, des opinions et institutions politiques nouvelles.
A vrai dire, si de nouvelles idées et théories sociales surgissent, c’est précisément parce qu’elles sont nécessaires à la société, parce que sans leur action organisatrice, mobilisatrice et transformatrice, la solution des problèmes pressants que comporte le développement de la vie matérielle delà société est impossible » (Staline : « Le matérialisme dialectique et le matérialisme historique ». M. 1954, pp. 20-21).
IDEES INNEES. Idées qui, selon certaines écoles philosophiques, sont originellement inhérentes à la conscience de l’homme, indépendamment de son expérience. Dans la philosophie de l’antiquité, ce fut Platon (V.) qui développa cette doctrine idéaliste. Dans l’histoire de la philosophie nouvelle, ce point de vue fut formulé de la manière la plus complète par Descartes (V.)
L’idée de la divinité, des entités immuables et éternelles, ainsi que toutes les notions de géométrie, qui se distinguent par leur clarté et leur précision, sont, selon Descartes, des idées et des notions innées.
Le philosophe allemand Leibniz (V.) considérait lui aussi, que, chez l’homme, les idées générales ne sont pas le fruit de l’expérience, mais qu’elles résident dans l’âme humaine : non point en tant que notions toutes prêtes, comme le supposait Descartes, mais en tant que principes et facultés innés. La doctrine de Kant (V.) sur le caractère a priori des formes de la connaissance (le temps, l’espace, la causalité, etc.) s’apparente à la théorie des idées innées.
Les philosophes de tendance matérialiste ont vivement critiqué la doctrine idéaliste des idées innées. Le matérialisme dialectique affirme que toutes les représentations, notions et idées humaines, sans exception, sont le résultat et la généralisation de l’expérience, de la pratique, le résultat d’un long développement historique de la connaissance du monde objectif.
IDENTITE. Catégorie exprimant l’état d’un objet égal à soi-même. La formule métaphysique de l’identité est essentiellement abstraite : A = A. Or, la nature ignore les identités rigides et immuables de ce genre. « La plante, l’animal, chaque cellule à chaque instant de leur vie sont identiques à eux-mêmes et pourtant se différencient d’eux-mêmes, du fait de l’assimilation et de l’élimination de substances, de la respiration, de la formation et du dépérissement des cellules… bref du fait d’une somme de modifications moléculaires incessantes » (Engels : « Dialectique de la nature », P. 1952, p. 216).
Le matérialisme dialectique reconnaît une identité concrète dans laquelle l’objet est identique à lui-même sans que soient exclues ses contradictions internes. A chaque moment donné, toute chose est une chose bien déterminée, mais en même temps elle subit des changements, ses rapports avec les autres choses sont différents et souvent contradictoires, bref, loin d’être une identité figée, toujours égale à elle-même, elle est ce qu’elle est et, en même temps, elle est autre chose.
La catégorie de l’identité dialectique, concrète, exprime précisément cette propriété objective des choses d’impliquer des contradictions internes, de changer, de se développer. L’identité d’un objet est temporaire, relative, passagère ; seul le mouvement, le changement est absolu, constant.
IDEOLOGIE. Système d’opinions, d’idées et de concepts que professe une classe ou un parti politique. Les opinions politiques, la philosophie, l’art, la religion sont des formes d’idéologie. Toute idéologie est le reflet de l’existence sociale, du système économique qui prédomine au moment donné. L’idéologie dans une société de classes est une idéologie de classe.
Elle exprime et défend les intérêts de telle ou telle classe en lutte. «… Le problème se pose uniquement ainsi : idéologie bourgeoise ou idéologie socialiste, écrivait Lénine. Il n’y a pas de milieu (car l’humanité n’a pas élaboré une « troisième » idéologie ; et puis d’ailleurs, dans une société déchirée par les antagonismes de classes, il ne saurait jamais exister d’idéologie en dehors ou au-dessus des classes) » (Œuvres choisies en deux volumes, t. I, 1re partie, M. 1954, p. 238).
L’idéologie joue un rôle immense dans la vie sociale, dans l’histoire de la société. Reflétant les conditions de la vie matérielle de la société et les intérêts de telles ou telles classes, l’idéologie, à son tour, agit sur le développement de la société.
L’idéologie progressiste sert les intérêts des forces révolutionnaires de la société. L’idéologie de la classe ouvrière est le marxisme-léninisme (V.), arme idéologique du parti communiste et de la classe ouvrière dans la transformation révolutionnaire, socialiste, de la société. La force invincible de cette idéologie provient de ce qu’elle traduit fidèlement les lois objectives du développement de la société et exprime les nécessités du développement historique de notre époque
L’idéologie bourgeoise contemporaine est au contraire une force réactionnaire. Elle sert les intérêts de la bourgeoisie dans sa lutte contre la classe ouvrière, contre le socialisme. Négation de la science, idéalisme, fidéisme (V.) et obscurantisme, appel au chauvinisme et au racisme (V.), propagande en faveur du cosmopolitisme (V.), tels sont les traits de l’idéologie bourgeoise moderne. La victoire de la classe ouvrière et le triomphe du socialisme démolissent la base qui sustente l’idéologie bourgeoise.
L’influence de celle-ci ne disparaît cependant pas d’elle-même, spontanément, mais seulement au cours de la lutte acharnée que l’idéologie prolétarienne soutient contre l’idéologie bourgeoise.
« IDEOLOGIE ALLEMANDE » (1845-1846). Une des premières œuvres philosophiques de Marx et d’Engels, consacrée à la critique de l’idéalisme des jeunes-hégéliens (V.) et du matérialisme étroit de Feuerbach (V.). Armés de leur conception du monde, déjà achevée pour l’essentiel, Marx et Engels donnent pour la première fois dans cet ouvrage un exposé circonstancié de leur théorie matérialiste de l’histoire.
« Nous résolûmes, écrira Marx plus tard, de travailler en commun à dégager le contraste de notre manière de voir avec l’idéologie de la philosophie allemande … » (Marx-Engels : Etudes philosophiques, P. 1935, p. 85).
Le livre ne parut pas du vivant de ses auteurs. Dans une lettre à Annenkov. Marx en explique la raison : « Vous ne croirez jamais quelles difficultés une telle publication rencontre en Allemagne, d’une part de la police, d’autre part des libraires, qui sont eux-mêmes les représentants intéressés de toutes les tendances que j’attaque. Et quant à notre propre parti, il est non seulement pauvre, mais une grande fraction du parti communiste allemand m’en veut parce que je m’oppose à ses utopies et à ses déclamations » (Marx-Engels : Ausgewählte Briefe, B. 1953, S. 41). L’« Idéologie allemande » fut publiée pour la première fois en U.R.S.S. en 1932.
Développant les idées exposées dans « La Sainte Famille » (V.), Marx et Engels montrent que l’idéalisme est lié avec les classes hostiles au prolétariat, et que la philosophie des jeunes-hégéliens on particulier reflète la couardise et l’impuissance de la bourgeoisie allemande.
Critiquant le matérialisme métaphysique, passif et contemplatif de Feuerbach, Marx et Engels montrent qu’étant idéaliste dans le domaine de l’histoire, ce philosophe, tout comme les jeunes-hégéliens, est incapable de discerner les forces motrices du développement social.
L’« Idéologie allemande » contient une critique impitoyable de l’individualisme bourgeois de l’anarchiste allemand Stirner, ainsi que du « vrai socialisme » réactionnaire, professé par Grün, Hess, etc. Marx et Engels soulignent que Stirner aussi bien que les « vrais socialistes » haïssent le prolétariat révolutionnaire et, loin de s’orienter vers l’avenir de l’Allemagne, reviennent en arrière.
L’« Idéologie allemande » dénonce le nationalisme des « vrais socialistes» et montre que l’orgueil national boursouflé des jeunes-hégéliens correspond à la vie misérable des marchands et des boutiquiers de la bourgeoisie allemande de cette époque.
Luttant contre tous les ennemis du prolétariat, Marx et Engels formulent dans l’« Idéologie allemande » les traits fondamentaux du communisme scientifique, démontrent que le prolétariat s’appuie dans son activité sur les lois objectives du développement social.
Marx et Engels voient dans la lutte du prolétariat contre la bourgeoisie, dans la révolution communiste victorieuse et dans l’avènement imminent du régime communiste, le résultat nécessaire de l’action des lois économiques qui existent indépendamment de la volonté des hommes.
L’« Idéologie allemande » traite une des questions les plus importantes du matérialisme historique, celle des formations économiques et sociales, met en lumière les causes de leur succession et explique le principe fondamental du matérialisme historique, d’après lequel l’existence sociale détermine la conscience sociale, etc.
Justifiant leur thèse capitale sur l’inévitabilité de la révolution communiste du prolétariat, Marx et Engels indiquent que cette révolution « est nécessaire non seulement parce qu’il est impossible de renverser autrement la classe dominante, mais aussi parce que la classe qui renverse ne peut s’affranchir de toute la vieille pourriture et devenir capable de créer une société nouvelle que par la révolution » (« Idéologie allemande »).
Cet ouvrage est un modèle de critique combative de l’idéologie hostile au prolétariat, un exemple d’esprit de parti communiste dans l’étude des problèmes philosophiques.