IBN-ROCHD Mohammed (nom latinisé : Averhoès) (1126-1198). Grand penseur et savant progressiste arabe du moyen âge qui a vécu en Espagne sous le califat de Cordoue. Développant les éléments matérialistes de la philosophie d’Aristote (V.), Ibn-Rochd affirmait que la matière et le mouvement sont éternels et n’ont jamais été créés ; il niait l’immortalité de l’âme humaine et la vie d’outre-tombe.
Il est le créateur de la théorie de « la double vérité », c’est-à-dire sur l’existence, à côté du dogme religieux, d’opinions rationnelles divergentes. La religion musulmane a combattu impitoyablement sa doctrine et l’Église catholique a persécuté les opinions de ses disciples chrétiens.
Au XIII et siècle, l’averrhoïsme, courant philosophique opposé au dogmatisme ecclésiastique dominant, exerça une forte influence en France (Siger de Brabant) et aux XIVe, XVe et XVIe siècles, en Italie (Ecole de Padoue).
IBN-SINA Abou Ali (nom latinisé : Avicenne) (980-1037). Célèbre philosophe et savant du moyen âge. Né à Afshena près de Boukhara, alors un des principaux foyers de la culture en Orient, il fit ses études à Boukhara et vécut ensuite à Ourguentch, Hamadan et Ispahan. Ses connaissances encyclopédiques lui valurent d’être comparées à Aristote (V.) et surnommé « prince des philosophes ».
Nous sommes parvenus : « Le livre de la guérison » (en arabe) et « Le livre du savoir » (« Donich-Nâmeh ») écrit dans sa langue maternelle, où sont exposés la logique, la physique, les mathématiques et la métaphysique d’Avicenne.
Son « Canon de la Médecine » a servi, durant des siècles, de code des connaissances médicales. La traduction latine de cet ouvrage fut, jusqu’au XVIIe siècle, le principal manuel de médecine en Europe.
Bien que la doctrine philosophique d’Ibn-Synâ, proche de l’aristotélisme, soit contradictoire et tributaire de l’idéalisme et de la religion, elle n’en a pas moins joué, dans son ensemble, un rôle progressif à l’époque du féodalisme. Elle accuse clairement une tendance matérialiste, le désir d’opposer à la foi tout un système de connaissances fondé sur l’expérience, l’observation et les preuves logiques.
Tout en admettant l’existence de Dieu, l’immatérialité et l’immortalité de l’âme, Ibn-Synâ reconnaissait l’éternité et la non-création de la matière. Considérant la raison divine comme la source de l’universalité et de l’unité, il voyait dans la matière la cause de la pluralité et de la diversité des objets.
Ibn-Synâ limitait le rôle de Dieu, rejetait le dogme du coran sur la résurrection des morts, s’élève contre les erreurs astrologiques qui avaient cours à cette époque.
Malgré l’inconséquence de ses tendances matérialistes en philosophie, la doctrine d’Ibn-Synâ sapait les bases de la conception religieuse du monde et joua un grand rôle dans le progrès de la pensée philosophique. Le clergé musulman réactionnaire lui était hostile.
IDEALISME. Courant philosophique antiscientifique qui, contrairement au matérialisme, résout le problème fondamental de la philosophie, celle du rapport entre la pensée et l’être en faisant de la conscience de l’esprit, la donnée première.
L’idéalisme considère le monde comme une incarnation de la « conscience », de l’« idée absolue », de l’« esprit universel » ; seule notre la conscience aurait une existence réelle, le monde matériel, l’être, la nature ne serait qu’un produit de la conscience, des sensations, des représentations, des concept.
On distingue deux principales variétés de philosophie idéaliste : l’idéalisme subjectif et l’idéalisme « objectif ».L’idéalisme subjectif met à la base de tout ce qui existe la sensation, la représentation, la conscience de l’individu, du sujet. Liée surtout au nom de l’archevêque anglais Berkeley (V.), cette doctrine nie qu’il existe au-delà des sensations, des objets réels, indépendants de l’homme, agissant sur nos organes des sens et provoquant des sensations déterminées.
L’idéalisme subjectif à propos de cela nécessairement au solipsisme (V.). La pratique sociale, qui nous persuade à chaque pas que les sensations, les perceptions, les représentations de l’homme transmettent des objets réels, démontrent, on ne saurait mieux, le caractère antiscientifique de l’idéalisme subjectif, une des formes de la philosophie idéaliste.
Pour l’idéalisme « objectif », la base de tout ce qui existe est constituée non par la conscience individuelle, subjective, mais par on ne sait quelle conscience « objective » et mystique, la conscience en général : « l’esprit universel », « la volonté universelle », etc. qui, selon les idéalistes « objectifs », existent indépendamment de l’homme. En réalité, il n’y a et il ne peut y avoir aucune conscience « objective », c’est-à-dire existant indépendamment de l’homme.
L’idéalisme est étroitement lié à la religion et à propos d’une façon ou d’une autre à l’idée de Dieu. Il est l’auxiliaire et l’allié fidèle de la religion. Lénine indique que l’idéalisme, c’est de l’obscurantisme, plus précisément « l’idéalisme philosophique est (« plutôt » et « en outre ») une voie conduisant à l’obscurantisme clérical à traverser une des nuances de la connaissance (dialectique) infiniment complexe de l’homme » (« Cahiers philosophiques », éd. russe, p. 330).
L’idéalisme prend racine dans la vie sociale, et aussi dans le processus même de la connaissance. Le processus de la connaissance, de la généralisation des phénomènes, rend possible la rupture entre la conscience et la réalité, la transformation des notions générales en un absolu détaché de la matière et divinisé.
Ainsi, en parlant du rapport entre les pommes, poires, fraises, amandes qui existent en réellement, et leur notion générale, le « fruit », l’idéaliste « objectif » met ce concept qui n’est qu’une abstraction de la réalité, à la base même de l’existence de ces pommes, poires, fraises, amandes.
De même l’idéaliste subjectif, sous prétexte qu’il est impossible de connaître les objets sans les sensations, fait de ces dernières la seule réalité, ni l’existence du monde extérieur.
La séparation du travail intellectuel et du travail manuel, l’apparition des classes et de l’exploitation — telles sont les conditions sociales qui engendrent l’idéalisme philosophique. L’interprétation idéaliste des phénomènes de la nature est principalement le fait des idéologues des classes réactionnaires ; aussi, en règle générale, l’idéalisme philosophique joue-t-il dans l’histoire de la société un rôle réactionnaire : il combat les forces de progrès, la démocratie et la science.
L’idéalisme remonte très loin dans l’antiquité. L’idéalisme « objectif » de la Grèce antique est représenté par Platon (V.), interprète des intérêts de l’aristocratie esclavagiste, adversaire passionné de la démocratie antique. Pour Platon, le monde réel, c’est le monde suprasensible des idées, tandis que le monde des choses réelles est celui des ombres, des pâles reflets d’idées.
Dans la société féodale, la scolastique religieuse idéaliste fait de la philosophie une servante de la théologie. A l’époque du déclin du féodalisme et du développement des rapports bourgeois, la bourgeoisie révolutionnaire des pays économiquement développé (Angleterre, Hollande) fournit toute une série de philosophes matérialistes (F. Bacon — V., Spinoza — V., Hobbes — V., et autres).
Le subjectivisme de Berkeley et le scepticisme de Hume (V.) sont des formes de lutte de l’idéalisme contre le matérialisme des philosophes anglais, lors de l’affermissement des rapports capitalistes en Angleterre
La philosophie idéaliste allemande du XVIII et siècle et du premier tiers du XIX e siècle (Kant — V., Fichte — V., Schelling — V., Hegel — V.) représente une réaction à la Révolution française et au matérialisme français du XVIIIe siècle qui a joué un rôle important dans la lutte contre l’idéologie religieuse et l’idéalisme philosophique (La Mettrie — V., Holbach — V., Diderot — V., Helvétius — V. et autres).
Hegel pousse l’idéalisme philosophique à sa limite extrême : pour lui tout est idée ou incarnation de l’idée. Hegel est le dernier représentant de cette philosophie idéaliste qui, en dépit de son idéalisme, recelait d’importants éléments de progrès (noyau rationnel de la dialectique de Hegel — sa doctrine du développement).
Un grand mérite dans la lutte contre l’idéalisme philosophique revient au grand matérialiste allemand Feuerbach (V.). aux matérialistes russes du XVIIIe et du XIXe siècle : Lomonossov (V.), Radichtchev (V.), Biélinski (V.), Herzen (V.), Tchernychevski (V.), Dobrolioubov (V.), Pissarev (V.), Sétchénov (V.), et autres.
Par la suite, la philosophie idéaliste dégénère : elle emprunte aux systèmes philosophiques du passé les théories les plus réactionnaires et les plus mystiques. C’est à l’époque de l’impérialisme qu’elle devient le plus réactionnaire.
La fin du XIXe siècle et le début du XXe siècle sont marqués par la vogue de l’empiriocriticisme (V.) de Mach et d’Avenarius qui ressuscitaient la doctrine de Berkeley.
Dans sa virulente critique du machisme, Lénine disait : « Il est impossible… de ne pas discerner derrière la scolastique gnoséologique de l’empiriocriticisme, la lutte des partis en philosophie, lutte qui traduit en dernière analyse les tendances et l’idéologie des classes ennemies de la société contemporaine » (« Matérialisme et empiriocriticisme », M. 1952, p. 418). Mais jamais encore le marasme de la philosophie idéaliste n’a été aussi profond qu’aujourd’hui.
Les renégats et les traîtres à la classe ouvrière ont toujours mis à profit la philosophie bourgeoise pour justifier le révisionnisme et l’opportunisme. En préconisant l’idée de la collaboration des classes, en luttant contre l’idée de la révolution prolétarienne, le révisionnisme rejette la dialectique matérialiste et tente de combiner d’une façon éclectique la doctrine de Marx avec telle ou telle variété de la philosophie idéaliste. Les leaders des socialistes de droite actuels prônent ouvertement l’idéalisme philosophique.
Mais c’est en vain que les idéalistes s’évertuent à défendre leur cause réactionnaire. Les progrès de la science et les succès des forces de la démocratie et du socialisme font perdre à l’idéalisme philosophique ses positions l’une après l’autre. L’écroulement du capitalisme entraînera la destruction des bases sociales de l’idéalisme.
Pour expliquer les phénomènes sociaux, tous les philosophes antérieurs à Marx et Engels, y compris les matérialistes, s’en tenaient aux positions idéalistes : ils affirmaient que le progrès historique est essentiellement le fait des hommes instruits, des « héros » qui crée l’histoire sans le peuple, que ce dernier est une force passive, inerte, incapable de s’élever aux activités. historiques.
Ces vues idéalistes étaient partagées par les populistes russes (Lavrov — V., Mikhaïlovski), les socialistes petits-bourgeois, les anarchistes, etc.
Certains philosophes bourgeois de nos jours prônent, dans l’intérêt des monopolistes, les théories idéalistes les plus réactionnaires : le racisme (V.), le malthusianisme, etc. Marx et Engels ont délogé l’idéalisme de son dernier refuge — du domaine des sciences sociales.
Le marxisme a montré que le mode de production des biens matériels (V.) est la force principale du développement social, que le peuple, les masses travailleuses sont les artisans de l’histoire.
Les fondateurs du marxisme ont été les premiers à créer une conception du monde matérialiste conséquente, irréductiblement hostile à l’idéalisme. L’apparition du matérialisme marxiste marque une révolution dans l’histoire de la philosophie matérialiste.
IDÉALISME ABSOLU. Variété de l’idéalisme objectif. (V. Hegel.)