HUMANISME. Mouvement culturel (littéraire, scientifique, philosophique) qui, ayant pris naissance en Italie, s’étendit à l’Allemagne, à la Hollande, à la France et à l’Angleterre. Idéologie d’un milieu éclairé relativement restreint, il répondait aux besoins de la lutte contre le féodalisme et l’asservissement féodal de l’individu.
En tant que mouvement culturel, l’humanisme prit corps grâce à une étude intense, aux XIVe et XVe siècles, des documents légués par l’antiquité grecque et romaine en littérature, art oratoire, historiographie et philosophie. En Italie, les plus éminents humanistes furent, au XIVe siècle, les poètes savants Pétrarque et Boccace, au XVe siècle, Pic de la Mirandole et autres.
Les humanistes voulaient libérer l’humanité des chaînes de la conception religieuse du monde, ils défendaient les droits et la dignité de l’individu. L’humanisme italien, à l’époque de sa maturité, tendait à affranchir la morale des canons du christianisme ascétique ; il rétablissait les droits d’une saine sensualité, dénonçait l’hypocrisie monastique.
La nature sociale de ce mouvement n’était pas bien définie. Certains humanistes, comme Erasme (1466-1536), se bornaient à tourner en ridicule l’obscurantisme, le parasitisme et l’ignorance, notamment des moines et du clergé, tout en traitant le peuple de haut et en éludant les problèmes politiques.
D’autres, comme l’Anglais Thomas More (V.), auteur de l’« Utopie », proposaient de réorganiser la société, pour que tout le monde travaille et que les produits de consommation soient répartis de façon égalitaire. D’autres encore, comme Ulrich von Hutten, humaniste allemand du début du XVIe siècle, avançaient au nom de la noblesse, un programme de réformes impériales et entamaient même une lutte directe contre les princes féodaux. Dans leur majorité, les humanistes n’ont pas adhéré à la Réforme
L’humanisme contribua sensiblement à élargir l’horizon culturel des hommes et à mettre en valeur l’héritage littéraire de l’antiquité (recherches, commentaires, publication de manuscrits classiques), tombé dans l’oubli au moyen âge. Son rôle fut également important dans l’élaboration des méthodes de critique philologique. Nombre d’humanistes, Erasme par exemple, connaissaient à fond les langues et les littératures de l’antiquité; ils étaient des maîtres de la recherche philologique et des auteurs satiriques de talent qui raillaient les mœurs et l’ignorance du clergé.
Après avoir joué un rôle progressif aux XIVe, XVe et XVIe siècles, l’humanisme, dépourvu de base démocratique solide, se confina dans un cercle étroit de savants latinistes qui traitaient de haut le peuple, la langue et l’art populaires. Les derniers humanistes italiens blâmaient Dante qui se servait de la langue du peuple italien et popularisait les doctrines cosmologiques ; de Pétrarque et de Boccace ils n’appréciaient que les écrits latins; de plus en plus prisonniers d’une rhétorique artificielle, ils s’adonnaient à des ergotages philologiques, faisant parade de leur érudition et de leurs connaissances en archéologie.
Aussi, la nouvelle science de la dernière période de la Renaissance, créée par des praticiens — peintres, techniciens et ingénieurs, — se dressa-t-elle non seulement contre la scolastique, mais aussi contre l’humanisme, qui substituait à l’expérimentation et à l’observation, la confrontation des opinions des auteurs anciens. L’humanisme bourgeois atteignit son apogée au XVIIIe siècle, à l’époque des encyclopédistes. Mais une fois au pouvoir, la bourgeoisie renonça aux conceptions humanistes et persécuta toute manifestation de la pensée libre.
L’époque de la lutte contre le capitalisme vit naître un humanisme nouveau : l’humanisme prolétarien, socialiste. C’est : « l’humanisme prolétarien authentiquement universel de Marx, de Lénine et de Staline ; un humanisme dont le but est la libération des travailleurs de toutes les races et de toutes les nations des griffes d’acier du capital » (Gorki).
Cet humanisme d’un type nouveau a été réalisé en U.R.S.S., pays où le socialisme a triomphé. Il est également en voie de réalisation dans les pays de démocratie populaire (V.). En U.R.S.S., l’humanisme socialiste repose sur une base réelle : la propriété collective des instruments et moyens de production, la suppression de l’exploitation de l’homme par l’homme, les possibilités illimitées de développement de toutes les facultés de l’homme.
Le principe suprême de l’humanisme socialiste est l’intérêt de l’homme, l’intérêt des masses laborieuses, leur développement physique et spirituel. Dans la société socialiste l’homme est le capital le plus précieux.
En régime socialiste, la loi économique fondamentale est d’assurer au maximum la satisfaction des besoins matériels et culturels sans cesse croissants de toute la société. Le but de la production socialiste n’est pas le profit, mais l’homme et ses besoins, c’est-à-dire la satisfaction de ses besoins matériels et culturels sans cesse croissants. C’est en cela que consiste l’humanisme véritable, humanisme d’un ordre supérieur, conquis dans la lutte contre le capitalisme.
HUME David (1711-1776). Philosophe bourgeois anglais, économiste et historien En philosophie, c’est un idéaliste subjectif, un agnostique. Selon Hume, la question de savoir si la réalité objective existe ou non, est insoluble. Il affirme que non seulement nous ne savons pas comment sont les choses, mais que nous ne savons même pas si elles existent réellement.
C’est ce qui distingue l’agnosticisme de Hume de celui de Kant qui reconnaît l’existence de la « chose en soi ». (V « Chose en soi » et « chose pour nous. ») Pour Hume, la liaison causale n’est pas une loi de la nature, mais une habitude.
Niant la base matérielle des choses et la causalité, il en vient à cette conclusion qu’il n’y a, dans la conscience de l’homme, qu’un courant de perceptions psychiques, et que la science se réduit à une simple description de ce courant, qu’elle n’est capable de pénétrer aucune loi. De même que tout agnosticisme, l’agnosticisme et le subjectivisme de Hume sont réfutés par la pratique humaine.
Par son action sur la nature qu’il transforme, l’homme démontre l’objectivité du monde, la possibilité de le connaître. La philosophie de Hume a exercé une influence sur Kant (V.), ainsi que sur les machistes qui accommodaient Hume à Berkeley.
Dans son ouvrage « Matérialisme et empiriocriticisme » (V.), Lénine a fait une critique cinglante de Hume. Sur le terrain social, Hume est idéaliste et métaphysicien. Partisan d’un compromis entre la bourgeoisie et la noblesse, il exhale dans ses ouvrages économiques la société capitaliste qui, à l’époque, progressait rapidement en Grande-Bretagne. Principaux ouvrages philosophiques : « Traité de la nature humaine » (1739-1740) et « Essais sur l’entendement humain » (1748).
HUXLEY Thomas (1825-1895). Naturaliste anglais, ami et continuateur de Darwin (V.). Il a écrit toute une série de travaux importants de biologie, d’anatomie comparée, de paléontologie et d’anthropologie. Ses ouvrages ont constitué un précieux apport au darwinisme, à sa défense et à sa justification. Matérialiste spontané dans les sciences naturelles, il occupa en philosophie une position intermédiaire entre le matérialisme et l’idéalisme.
Il intervint contre les courants idéalistes prédominants à l’époque ; toutefois, il soutenait, à la suite de Hume (V.), que nous ne pouvons jamais connaître avec certitude la cause réelle de nos sensations. Huxley a justement qualifié sa position philosophique d’« agnosticisme ».
HYLOZOÏSME (du grec […] — substance et […] — vie). Doctrine d’après laquelle la vie et la sensibilité sont inhérentes à toutes choses dans la nature. Les premiers matérialistes grecs, certains matérialistes français (Robinet) furent des hylozoïstes. Cette doctrine attribue la faculté de sentir et de penser à toutes les formes de la matière.
En réalité, la sensation est une propriété de la matière organique hautement développée. « La sensation n’est liée, dans sa forme la plus nette, qu’à des formes supérieures de la matière (la matière organique), et l’on ne peut que supposer « dans les fondements de l’édifice même de la matière » l’existence d’une propriété analogue à la sensation » (Lénine : « Matérialisme et empiriocriticisme » M. 1952, p. 37).