a) La réorganisation de l’économie et l’apparition de l’opposition dans le Parti (1921-1924)
Il va de soi que la production économique était dans une situation catastrophique, de fait son niveau était celui de la moitié de celle d’avant-guerre. Dans la grande industrie, le niveau était à 1/7ème du niveau d’avant-guerre. Le communisme de guerre, qui ponctionnait les paysans durement pour faire fonctionner l’armée, amenait de nombreuses révoltes, notamment en Sibérie et en Ukraine. Les contre-révolutionnaires en profitaient, mettant en avant le slogan « les soviets sans les communistes ».
L’apogée de cette récupération du mécontentement populaire fut la révolte des marins de Kronstadt en mars 1921, qui entendaient un pouvoir « ni rouge ni blanc », servant objectivement la contre-révolution. La révolte fut écrasée par l’armée rouge.
Dans le Parti les tendances se multipliaient, évolution permise par le fort afflux de membres, qui ne pouvaient pas être bien formés dans la guerre civile. Se développèrent ainsi :
L’opposition ouvrière (Chliapnikov, Medvedev, Kollontaï), déviation anarcho-syndicaliste exigeant que le pouvoir revienne aux syndicats ;
Le groupe dit du « centralisme démocratique » (Sapronov, Ossinsky), déviation de type socialiste-révolutionnaire et menchévique soutenant l’indépendance syndicale ;
Les trotskystes, c’est-à-dire les partisans de Trotsky, allié à Préobrajensky, Sokolnikov et Boukharine.
Lénine publia alors une série d’articles, principalement contre les trotskystes. En décembre 1920 ce fut « Sur les syndicats, le moment présent et les fautes du camarade Trotsky », puis en janvier 1921 « Une fois de plus sur les syndicats, le moment présent et les fautes de Trotsky et Boukharine ».
Lénine y critique les positions théoriques de Trotsky, qui prône l’étatisation des syndicats, mais également la manière fractionniste de mettre ses thèses en avant.
Que dit Lénine ?
« La faute principale de Trotsky est de tirer le Parti et le pouvoir soviétique en arrière, en posant maintenant la question de « principe ». Grâce à Dieu, nous sommes déjà passés des principes au travail pratique, actif (..).
J’ai dû énumérer moi-même mes « désaccords » avec Trotsky, car, dans ce vaste sujet : rôle, tâche des syndicats, j’estime que Trotsky est tombé dans une série d’erreurs liées à l’essence même de la question de la dictature du prolétariat (..). De sa théorie, il ressort que la défense des intérêts matériels et spirituels de l’ouvrier n’incombe pas aux syndicats de l’Etat ouvrier.
C’est une erreur. Trotsky parle de « l’Etat ouvrier ». Permettez, c’est une abstraction. Quand, en 1917, nous parlions de l’Etat ouvrier, c’était compréhensible ; mais maintenant, quand on nous dit : « Pourquoi, contre qui défendre la classe ouvrière, puisqu’il n’y a plus de bourgeoisie, puisque l’Etat est ouvrier », on commet là une erreur manifeste.
L’Etat n’est pas tout à fait ouvrier, voilà le hic. C’est là une des erreurs fondamentales de Trotsky (..).
Tout bien considéré, j’estime que c’est une grande faute que de soumettre toutes ces divergences de vues à une large discussion dans le Parti et de les porter devant le congrès du P.C.R.. Politiquement, c’est une faute.
En commission seulement, nous aurions pu nous livrer à un examen pratique et nous aurions progressé, alors que, maintenant, nous revenons en arrière et que, durant quelques semaines, nous continuerons à revenir en arrière vers des thèses abstraites, au lieu d’aborder pratiquement la question.
Aussi les thèses de Trotsky et de Boukharine renferment toute une série d’erreurs théoriques fondamentales. Politiquement, cette façon d’envisager la question dénote un manque doigté extraordinaire. Les « thèses » de Trotsky sont nuisibles politiquement.
Sa politique est une politique de houspillement bureaucratique des syndicats. Et le congrès de notre Parti, j’en suis certain, condamnera et rejettera cette politique ».
C’est dans ce climat conflictuel que se tint le 10ème congrès, du 8 au 16 mars 1921 avec 694 délégués représentant 732.521 membres. Lénine, qui fait le discours d’ouverture, annonce la couleur :
« Camarades, nous avons vécu une année exceptionnelle, nous nous sommes permis le luxe de discussions et de débats au sein de notre parti. Pour un parti entouré d’ennemis, des ennemis les plus puissants et les plus forts qui groupent le monde capitaliste, pour un parti qui supporte un fardeau incroyable, ce luxe était vraiment surprenant !
Je ne sais pas ce que vous en pensez aujourd’hui. Ce luxe concordait-il entièrement, d’après vous, avec nos richesses matérielles et morales ?
C’est à vous de juger. Toujours est-il que je crois devoir vous dire une chose : au cours de ce congrès, nous devons nous fixer comme mot d’ordre et nous assigner comme principal but, comme principale tâche à réaliser coûte que coûte, de sortir des discussions et des débats plus forts que nous n’étions avant de les engager ».
De fait ce congrès est celui de la critique de la déviation anarcho-syndicaliste et petite-bourgeoise dans le Parti. Un rapport est fait sur « l’unité du parti et la déviation anarcho-syndicaliste ».
C’est également à ce congrès qu’est décidé la mise en place de la NEP, la nouvelle politique économique. Il s’agit d’un recul temporaire du socialisme, laissant place aux échanges capitalistes afin de relancer la production (agricole) et de gagner du temps.
Le Parti mena également une purge, rejetant 170.000 personnes soit 25% de ses effectifs. Les résultats se virent au 11ème congrès en mars 1922, où 522 délégués représentaient 532.000 membres.
Lénine réaffirme la nécessité du moment :
« Mais maintenant nous n’avons plus d’issues. Permettez-moi de vous le dire sans aucune exagération. De sorte qu’ici ce sera réellement la « lutte finale », non pas avec le capitalisme international – sur ce terrain nous aurons encore à livrer plus d’une « lutte finale » -, mais avec le capitalisme russe, avec celui qu’engendre et alimente la petite économie paysanne.
C’est là que nous aurons à livrer très prochainement un combat dont on ne saurait exactement dire la date. Ce sera la « lutte finale » ; et il ne saurait être question d’aucune échappatoire, ni politique, ni autre, puisque ce sera la compétition engagée avec le capital privé. Ou bien nous subirons avec succès cette épreuve avec le capital privé, ou bien ce sera un échec complet ».
Le congrès fixe la ligne : de la NEP il faudra passer au socialisme. En décembre 1922 c’est alors la formation de l’Union des Républiques Socialistes Soviétiques.
Le 12ème congrès en avril 1923 se déroule sans Lénine, gravement malade depuis l’année précédente, suite aux séquelles d’un attentat socialiste-révolutionnaire.
Il donne néanmoins diverses directives, comme le montre le texte « Mieux vaut moins, mais mieux » (mars 1923). Est ainsi fondée, conformément à une proposition écrite de Lénine, une commission centrale d’inspection et de contrôle ouvrière et paysanne, qui doit s’occuper de la discipline dans le Parti et l’Etat, veiller sur l’unité du Parti, renforcer l’appareil d’Etat.
Et, si courant 1924 l’économie se redresse, grâce à la NEP, politiquement le Parti subit la formation de fractions, pourtant interdites. Ainsi, les trotskystes, le reste des « communistes de gauche », des « centralistes démocratiques » et de « l’opposition ouvrière » publièrent un manifeste, celui des « 46 oppositionnels ».
Leur plate-forme (dit « des 46 ») fut envoyée dans toutes les cellules ; l’objectif de la plate-forme était de renverser l’appareil du parti. D’où, au 13ème congrès en mai 1924 (748 délégués pour 735.881 membres), la définition de « trotskysme » comme forme petite-bourgeoise, sa critique et l’affirmation de la nécessité de liquider cette idéologie.
Et d’où la publication par Staline d’une série d’articles, qui seront rassemblés et formeront l’ouvrage « Les principes du léninisme ». Trotsky avait lui de son côté publié « les leçons d’octobre », dont la présentation de l’histoire de la révolution russe avait causé un énorme scandale dans le parti, Trotsky s’appropriant les mérites de Lénine et critiquant les bolchéviks.
Trotsky dut reculer et faire son autocritique.
Le Parti vivait alors une situation difficile, d’autant plus que son chef, Lénine, était décédé le 21 janvier 1924. La victoire sur l’offensive de Trotsky ne fut que temporaire, car dès début 1925 Kamenev et Zinoviev attaquèrent le comité central, affirmant qu’à cause du caractère arriéré de la situation technique et économique, le socialisme ne pourrait triompher.
Trotsky remit en avant ses thèses de la « révolution permanente », et Boukharine prôna un développement économique acceptant la bourgeoisie comme classe s’enrichissant. L’alliance de qui s’appela la « nouvelle opposition » entendait gagner des points au 14ème congrès de décembre 1925.
Celui-ci rassembla 665 délégués représentant 643.000 membres (de nombreux membres de la « promotion Lénine » de 1924 ayant été purgé), et défendit la possibilité du « socialisme dans un seul pays ».
Le Parti prit le nom de PC d’Union Soviétique [bolchévik], rejetant les thèses de l’opposition. Celle-ci organisa immédiatement sa riposte, notamment à Léningrad, où le comité du mouvement de jeunesse décida de s’opposer aux décisions du congrès. L’affrontement était devenu inévitable.
b) l’industrialisation du pays et la liquidation des positions trotskystes-zinoviévistes (1926-1929)
L’année 1926 est celle de la mise en place de l’industrialisation socialiste, et de la liquidation définitive de l’opposition.
A la fin de 1927, le bloc des partisans de Trotsky et de Zinoviev était un parti totalement indépendant du P.C.U.S.[b] (tout en en faisant encore partie) avec un centre, des comités, une caisse de cotisations.
Le 7 novembre, pour l’anniversaire de la révolution, ils organisèrent même leur propre cortège, qui fut rejeté. Le Comité Central décida alors de l’expulsion de Trotsky et de Zinoviev, puis en décembre le 15ème congrès prit la même mesure contre Kamenev et d’autres. 898 délégués représentaient 887.233 membres. Seulement 1% des votants s’y opposèrent.
Staline expliqua ainsi le problème :
« Pourquoi le Parti a-t-il exclu Trotsky et Zinoviev ? Parce qu’ils sont les organisateurs de toute l’œuvre de l’opposition, parce qu’ils ont pour but de briser les lois du Parti ; parce que, dans leur orgueil, ils ont cru qu’on n’oserait pas les toucher ; parce qu’ils ont voulu se créer une situation privilégiée dans le Parti.
Tolérera-t-on, dans le Parti, des grands seigneurs jouissant de privilèges et des paysans qui n’en ont pas ? Est-ce que nous, bolchéviks, qui avons extirpé la noblesse avec ses racines, allons maintenant la rétablir dans notre Parti ? (..).
Si l’opposition veut rester dans le Parti, qu’elle se soumette à la volonté du Parti, à ses lois, à ses instructions, sans réserve et sans équivoque. Si elle ne le veut pas, qu’elle s’en aille là où elle pourra être plus à son aise (..).
On demande quelles sont les conditions. Il n’y en a qu’une : l’opposition doit désarmer entièrement et complètement tant sous le rapport de l’idéologie que de l’organisation (..). Qu’ils fassent ainsi ou s’en aillent du Parti. Et s’ils ne s’en vont pas, nous les mettrons dehors ».
« L’opposition a organisé une fraction, et l’a transformée en un parti au sein de notre Parti bolchévik. Les traditions bolchéviks autorisent-elles un pareille ignominie ? Comment peut-on parler des traditions bolchéviks et admettre en même temps la scission dans le Parti, la formation dans son sein d’un autre parti antibolchévik ?
Ensuite, l’opposition a organisé une imprimerie illégale en s’alliant à des intellectuels bourgeois qui, à leur tour, étaient liés à des gardes blancs avérés. Comment ose-t-on parler des traditions du bolchévisme si l’on tolère un ignominie qui va jusqu’à la trahison directe du Parti et du pouvoir soviétique ?
Enfin, l’opposition a organisé une manifestation dirigée contre le Parti et en faisant appel à des éléments non prolétariens. Comment peut-on parler de traditions bolchéviks quand on fait appel à la rue contre son Parti, contre le pouvoir soviétique ?
A-t-on jamais entendu dire que les traditions bolchéviks autorisent de telles ignominies qui touchent directement à la contre-révolution ? N’est-il pas clair que le camarade Kamenev ne fait valoir ses traditions que pour cacher sa rupture avec elles au nom des intérêts de son groupe antibolchévik ?
Cet appel à la rue n’a rien apporté à l’opposition, car il n’a attiré qu’un groupe insignifiant. Ce n’est pas la faute de l’opposition, c’est son malheur. Que serait-il advenu si l’opposition avait été plus forte ?
L’appel à la rue se serait transformé en une émeute directe contre le pouvoir soviétique. Est-il difficile de comprendre qu’en réalité cette tentative de l’opposition ne se distingue en rien de la fameuse tentative des socialistes-révolutionnaires de gauche en 1918 ? ».
Staline va alors théoriser ce qu’est le trotskysme.
« En quoi consiste l’essence du trotskysme ?
L’essence du trotskysme consiste, avant tout, dans la négation de la possibilité d’édifier le socialisme en URSS par les forces de la classe ouvrière et de la paysannerie dans notre pays.
Qu’est-ce que cela signifie ? C’est que si, dans un proche avenir, le secours de la révolution mondiale victorieuse n’arrive pas, nous devrons capituler devant la bourgeoisie et déblayer la route à la République démocratique bourgeoise.
Ainsi donc, nous avons là une négation bourgeoise de la possibilité d’édifier le socialisme dans notre pays, négation masquée par une phrase révolutionnaire sur la victoire de la révolution mondiale.
Peut-on, avec de telles conceptions, provoquer chez les masses innombrables de la classe ouvrière, l’enthousiasme au travail, l’émulation socialiste, un vaste travail de choc, une offensive largement déployée contre les éléments capitalistes ?
Il est clair que non. Il serait absurde de croire que notre classe ouvrière, qui a fait trois révolutions, développerait l’enthousiasme au travail et un vaste travail de choc, à seule fin d’engraisser le terrain pour le capitalisme. Notre classe ouvrière développe son élan au travail, non pour le capitalisme, mais pour enterrer définitivement le capitalisme et édifier le socialisme en U.R.S.S..
Ôtez-lui la certitude de la possibilité d’édifier le socialisme, et vous détruirez tout terrain pour l’émulation, pour l’élan au travail, pour le travail de choc.
De là la conclusion : pour provoquer chez la classe ouvrière l’élan au travail et l’émulation, et organiser une offensive largement déployée, il fallait avant tout enterrer la théorie bourgeoise du trotskysme sur l’impossibilité d’édifier le socialisme dans notre pays.
L’essence du trotskysme consiste, en second lieu, dans la négation de la possibilité de faire participer les masses essentielles de la paysannerie à l’édification socialiste à la campagne.
Qu’est-ce que cela signifie ? C’est que la classe ouvrière n’est pas en mesure d’entraîner derrière elle la paysannerie afin d’aiguiller les exploitations paysannes individuelles dans la voie de la collectivisation ; que si, dans un proche avenir, la victoire de la révolution mondiale n’arrive pas au secours de la classe ouvrière, la paysannerie rétablira l’ancien ordre de choses bourgeois.
Ainsi donc, nous sommes là en présence d’une négation bourgeoise des forces et possibilités de la dictature prolétarienne pour mener la paysannerie au socialisme, négation masquée sous des phrases « révolutionnaires » sur la victoire de la révolution mondiale.
Peut-on, avec de telles conceptions, entraîner les masses paysannes dans le mouvement kolkhozien, organiser un mouvement kolkhozien de masse, organiser la liquidation des koulaks en tant que classe ? Il est clair que non.
De là la conclusion : pour organiser un mouvement kolkhozien de masse de la paysannerie et liquider la classe des koulaks, il fallait, avant tout, enterrer la théorie bourgeoise du trotskysme sur l’impossibilité d’associer les masses travailleuses de la paysannerie au socialisme.
L’essence du trotskysme consiste, enfin, à nier la nécessité d’une discipline de fer dans le Parti, à reconnaître la liberté des groupements de fraction dans le Parti, à reconnaître la nécessité de former un parti trotskyste.
Pour le trotskysme, le Parti Communiste de l’U.R.S.S. ne doit pas être un parti de combat, unique et cohérent, mais une réunion de groupes et de fractions avec leurs centres, avec leur presse, etc.
Or, qu’est-ce que cela signifie ? Cela signifie proclamer la liberté des fractions politiques dans le Parti. Cela signifie qu’après la liberté des groupements politiques dans le Parti, doit venir la liberté des partis politiques dans le pays, c’est-à-dire la démocratie bourgeoise.
Nous avons donc, ici, la reconnaissance de la liberté des groupements fractionnels dans le Parti, jusque et y compris l’admission des partis politiques dans le pays de la dictature du prolétariat, reconnaissance masquée par une phrase sur la « démocratie intérieure du Parti », sur l’« amélioration du régime » dans le Parti.
Que la liberté des chicaneries fractionnelles, des groupes intellectuels ne soit pas encore la démocratie intérieure du Parti ; que l’ample autocritique réalisée par le Parti et l’activité prodigieuse des masses d’adhérents du Parti soient une manifestation de la véritable et authentique démocratie du Parti, cela il n’est pas donné au trotskysme de le comprendre.
Peut-on, avec de telles conceptions sur le Parti, assurer une discipline de fer dans le Parti, assurer l’unité de fer du Parti, nécessaire au succès de la lutte contre les ennemis de classe ? Il est clair que non.
De là la conclusion : pour assurer l’unité de fer du Parti et la discipline prolétarienne dans son sein, il fallait avant tout enterrer la théorie du trotskysme en matière d’organisation.
Capitulation en fait, comme contenu, phrases « de gauche » et gestes d’aventurisme « révolutionnaire », comme forme couvrant et exaltant l’esprit de capitulation, qui est son contenu, telle est l’essence du trotskysme.
Cette dualité du trotskysme reflète la situation double de la petite bourgeoisie citadine en voie de se ruiner, qui ne peut souffrir le « régime » de la dictature du prolétariat et s’efforce, ou bien de sauter « d’un coup » dans le socialisme, pour échapper à la ruine (d’où l’esprit d’aventure et l’hystérie en politique), ou bien, si cela est impossible, de consentir n’importe quelle concession au capitalisme (d’où l’esprit de capitulation, en politique).
C’est cette dualité du trotskysme qui explique le fait que ses attaques « enragées » soi-disant contre les déviationnistes de droite, le trotskysme les couronne habituellement par un bloc avec eux, comme avec des capitulards sans masque ».
Le trotskysme est compris comme thèse politique, mais également comme mouvement ayant cristallisé l’opposition au communisme en U.R.S.S..
« Certains bolchéviks pensent que le trotskysme est une fraction du communisme, laquelle, il est vrai, se trompe, fait pas mal de bêtises, est parfois même antisoviétique, mais est quand même une fraction du communisme. De là un certain libéralisme à l’égard des trotskystes et des gens d’esprit trotskyste.
Il est à peine besoin de démontrer qu’un tel point de vue sur le trotskysme est profondément erroné et nuisible. En réalité, le trotskysme a, depuis longtemps déjà, cessé d’être une fraction du communisme. En réalité, le trotskysme est un détachement d’avant-garde de la bourgeoisie contre-révolutionnaire, qui mène la lutte contre le communisme, contre le pouvoir des Soviets, contre l’édification du socialisme en U.R.S.S..
Qui a donné à la bourgeoisie contre-révolutionnaire une arme spirituelle contre le bolchévisme, sous forme de thèse sur l’impossibilité de construire le socialisme dans notre pays, sur la dégénérescence inéluctable des bolchéviks, etc. ?
Cette arme, le trotskysme la lui a donnée. On ne peut considérer comme un hasard le fait que tous les groupements anti-soviétiques en U.R.S.S., dans leurs tentatives de justifier l’inévitabilité de la lutte contre le pouvoir des soviets, aient invoqué la thèse trotskyste que l’on connaît sur l’impossibilité de construire le socialisme dans notre pays, sur la dégénérescence inéluctable du pouvoir des Soviets, sur le retour probable au capitalisme.
Qui a donné à la bourgeoisie contre-révolutionnaire de l’U.R.S.S. une arme tactique sous la forme de tentatives d’actions déclarées contre le pouvoir des Soviets ? Cette arme, les trotskystes la lui ont donnée, qui tentèrent d’organiser des démonstrations antisoviétiques à Moscou et Léningrad le 7 novembre 1927.
C’est un fait que les manifestations antisoviétiques des trotskystes ont redonné du courage à la bourgeoisie et déclenché le sabotage des spécialistes bourgeois.
Qui a donné à la bourgeoisie contre-révolutionnaire une arme d’organisation sous forme de tentative de constituer des organisations antisoviétiques clandestines ? Cette arme, les trotskystes la lui ont donnée, qui organisèrent leur propre groupe illégal antibolchévik. C’est un fait que l’action antisoviétique clandestine des trotskystes a facilité la cristallisation organique de groupements antisoviétiques en U.R.S.S..
Le trotskysme est un détachement d’avant-garde de la bourgeoisie contre-révolutionnaire.
Voilà pourquoi le libéralisme à l’égard du trotskysme, bien que brisé et camouflé, est de l’inconséquence confinant au crime, à la trahison envers la classe ouvrière ».