Alexandre Deïneka, Le bassin du Don, 1947

Alexandre Deïneka, Le bassin du Don, 1947

ETHIQUE (du grec […] — morale, caractère, coutumes). Science qui traite de la morale, de son origine et de son développement, des règles et des normes de la conduite des hommes, de leurs devoirs les uns envers les autres et envers la société, la patrie, l’Etat, etc. Parfois on attribue au terme « éthique » le même sens qu’au terme « morale ».

Avant Marx, les doctrines éthiques s’intégraient dans les systèmes religieux ou philosophiques, elles constituaient des tentatives idéalistes et métaphysiques d’établir des règles et des normes de conduite immuables, indépendantes du développement historique, valables à toutes les époques, pour tous les peuples, classes et groupements sociaux.

Ni les idéalistes ni même les matérialistes pré-marxistes qui avaient une conception idéaliste de l’histoire n’étaient en mesure de créer une théorie scientifique de la morale.

Engels écrivait à propos de l’éthique de Feuerbach (V.) : « Le véritable idéalisme de Feuerbach apparaît dès que nous en arrivons… à son éthique » (« Ludwig Feuerbach et la fin de la philosophie classique allemande», M. 1946, p. 34).

Le marxisme qui a accompli une révolution dans la philosophie, a été le premier à créer une théorie scientifique de la morale ; il a montré que la morale est une forme de la conscience sociale et a mis en évidence le caractère de classe de la morale dans une société de classes.

L’histoire des doctrines éthiques fait partie intégrante de l’histoire de la société, de la lutte des classes, de la succession des diverses formations sociales. Les concepts éthiques des esclaves et de leurs maîtres, des cerfs et des féodaux, des ouvriers et des capitalistes revêtent un caractère opposé.

Dans la société esclavagiste, les questions d’éthique ont été analysées par des matérialistes comme Démocrite (V.), Epicure (V.), Lucrèce (V.), dans leur lutte contre les idéalistes Socrate (V.), Platon (V.), etc.

Se dressant contre la morale religieuse, Epicure soutenait que l’homme aspire naturellement au plaisir et qu’il n’y a là rien de coupable. Mais il démontrait aussi que les plaisirs spirituels sont supérieurs aux jouissances corporelles.

Quant à Platon, il développait une théorie réactionnaire, aristocratique, par laquelle il rattachait la morale à un monde d’idées suprasensibles, et notamment à l’idée du « bien ». Il affirmait que l’aristocratie possède de par sa naissance une morale supérieure. Aristote (V.) a également accordé beaucoup d’importance aux problèmes de l’éthique, notamment à la vertu civique.

Il affirmait que la vertu « intellectuelle » s’acquiert par l’éducation, alors que la vertu « volitive », est procurée par l’habitude. Dans leurs doctrines éthiques, les philosophes anciens, qu’ils fussent matérialistes ou idéalistes, justifiaient l’esclavage et concevaient la morale en idéalistes, comme un ensemble de vérités éternelles, applicables en toutes circonstances. Les doctrines éthiques religieuses furent particulièrement répandues dans la société féodale (Thomas d’Aquin — V., etc.)

Elles attribuaient comme fin suprême à l’existence humaine l’amour de Dieu, la soumission absolue aux autorités de l’Eglise, la félicité « dans l’autre monde » par un renoncement ascétique à toutes les jouissances terrestres. Ces doctrines justifiaient l’ordre féodal et étaient hostiles aux masses laborieuses — paysans, classes pauvres de la ville, etc., — dont les représentants (Thomas Muntzer, etc.) exigeaient une vie heureuse non pas dans « l’autre monde » mais ici-bas.

Avec la naissance de la société bourgeoise, on voit apparaître des doctrines éthiques progressistes, antiféodales, créées par la jeune bourgeoisie qui blâme la morale ascétique du moyen âge et prône l’« égoïsme rationnel » (Helvétius — V., Diderot — V., etc.) selon lequel la conduite de l’homme doit dépendre non pas des exigences de la religion mais des intérêts personnels bien compris.

Partant du fait que les hommes naissent égaux, la théorie de l’« égoïsme rationnel » faisait la critique des privilèges féodaux, énonçait le principe de « liberté, égalité, fraternité », ce qui revenait, au fond, à revendiquer un régime bourgeois démocratique.

Le matérialiste allemand Feuerbach lançait des appels sentimentaux à l’« amour universel ». Les matérialistes pré-marxistes ignoraient que la morale est une des formes de la conscience sociale, ils ne dénonçaient pas le caractère de classe de la morale et considéraient la « nature humaine » comme éternelle et immuable ; leurs idées se confinaient dans le cadre du régime bourgeois.

Les démocrates révolutionnaires russes (Biélinski — V., Herzen — V., Tchernychevski — V., Dobrolioubov — V.) entendaient d’une manière plus juste et plus approfondie les problèmes de la morale : ils comprenaient que les intérêts des travailleurs sont incompatibles avec ceux des classes exploiteuses et critiquaient la morale des grands propriétaires fonciers et des capitalistes du point de vue de la révolution paysanne.

Les matérialistes russes du XIX e siècle étaient les protagonistes d’une morale qui avait pour principe le bien du peuple. Toutefois, eux non plus ne pouvaient comprendre le rôle historique du prolétariat et ne purent peur cette raison, produire une éthique scientifique. Celle-ci fut l’œuvre du marxisme qui, le premier, découvrit les lois objectives qui déterminent le développement de la morale et son rôle dans la lutte des classes.

L’éthique marxiste a révélé la nature antiscientifique des théories idéalistes de toutes sortes, qui, comme la théorie de l’« impératif catégorique » (V.) de Kant, par exemple, font abstraction du caractère historique et du caractère de classe de la morale sociale. L’éthique marxiste a scientifiquement défini le contenu de la morale communiste, son importance et les tâches qui lui incombent dans la lutte pour l’édification du communisme.

Elle part de la nécessité d’une lutte implacable contre la morale bourgeoise réactionnaire et contre ses propagateurs. Elle a combattu et continue à combattre les théories cosmopolites et racistes de la morale, énoncées par Schopenhauer (V.) et par Nietzsche (V.), ainsi que les théories éthiques contemporaines des idéologues de la réaction.

L’éthique marxiste dénonce les enseignements des philosophes, sociologues et moralistes réactionnaires bourgeois qui justifient la chasse des capitalistes aux profits maximums. Aux Etats-Unis et en Angleterre se répandent les doctrines morales des pragmatistes (Dewey — V., Schiller, etc.), qui affirment que les normes et valeurs morales sont une création de la volonté des hommes, dans l’intérêt du «business» capitaliste.

Les partisans de l’existentialisme (V.), Heidegger, Jaspers et autres, déclarent que la volonté humaine est indépendante de la réalité ambiante et que par conséquent « tout est permis à l’homme ». Les partisans de l’éthique néo-thomiste (Harrington, Maritain, etc.) proclament que le but de la conduite humaine est d’être « prêt à la mort », de « servir Dieu et l’Eglise ».

Le mystique français E. Aegerter considère que le principe fondamental de l’éthique se réduit à une introspection mystique de l’homme. Tous les représentants de l’éthique bourgeoise moderne combattent ouvertement l’analyse scientifique de la morale et déclarent que les normes et principes moraux sont soit une création arbitraire des hommes, soit un effet de la volonté divine.

Seule l’éthique marxiste- léniniste constitue une science véritable de la morale, qui a reçu la consécration de la pratique historique.

Les grands principes de la morale communiste ont triomphé en U.R.S.S. — pays du socialisme victorieux. (V. également Morale.)

ETRE. Notion philosophique désignant la nature, la matière, le monde extérieur, la réalité objective, par distinction avec la conscience, la pensée, les sensations.

La question fondamentale de la philosophie est celle du rapport de la pensée à l’être. « Selon la réponse qu’ils faisaient à cette question, a dit Engels, les philosophes se divisaient en deux camps importants.

Ceux qui affirmaient l’antériorité de l’esprit par rapport à la nature… formaient le camp de l’idéalisme. Les autres, ceux qui considéraient la nature comme antérieure, appartenaient aux différentes écoles du matérialisme » (« Ludwig Feuerbach et la fin de la philosophie classique allemande », M. 1946, p. 22). La richesse et la diversité de l’être sont la manifestation de la diversité des formes du mouvement de la matière. L’unité du monde réside dans sa matérialité.

ETRE (EXISTENCE) SOCIAL. Ensemble des conditions de la vie matérielle de la société (V.), c’est-à-dire avant tout le mode de production des biens matériels (V.). L’existence sociale détermine la conscience sociale des hommes (V. Existence sociale et conscience sociale).


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