Viatcheslav Molotov, Joseph Staline, Mikhaïl Kalinine, Kliment Vorochilov, Lazare Kaganovich

Viatcheslav Molotov, Joseph Staline, Mikhaïl Kalinine, Kliment Vorochilov, Lazare Kaganovich

ESTHETIQUE. Lois générales de l’interprétation artistique de la réalité, science qui traite de l’art. Elle étudie les problèmes relatifs à l’essence de l’art, à ses rapports avec la réalité, aux méthodes de création, aux critères du beau, aux genres artistiques, etc. L’esthétique idéaliste bourgeoise était incapable de fournir une solution scientifique de ces problèmes. Les théories esthétiques de Kant (V.), de Hegel (V.) et de leurs disciples défendaient la conception idéaliste de l’art, elles séparaient l’art de la réalité (cependant, la théorie esthétique de Hegel contenait nombre d’éléments précieux et progressifs).

Kant avançait la thèse sur le caractère « désintéressé » et « impartial » de l’art, thèse adoptée par toute l’esthétique bourgeoise et qui servit de base aux théories formalistes de « l’art pour l’art », de « l’art pur », etc. En généralisant l’expérience pratique de l’art décadent, l’esthétique bourgeoise de la fin du XIXe et de la première moitié du XXe siècle créait des théories qui aggravaient encore la décadence : l’art n’était plus qu’une distraction pour des petits-bourgeois blasés et un moyen de satisfaire les goûts pervertis du « sommet » de la société capitaliste.

L’esthétique prémarxiste n’était pas homogène. Dans ce domaine, comme en philosophie, la lutte se poursuivait entre écoles idéalistes et matérialistes. L’histoire de l’esthétique se définit comme la formation de la conception scientifique, matérialiste de l’art, au cours d’une lutte acharnée contre la conception idéaliste.

Les théories matérialistes ont joué un rôle important dans la formation d’un point de vue correct sur l’essence de l’art et ses lois, notamment l’esthétique du matérialiste français Diderot (V.) qui combattait l’idéalisme et était partisan de la tendance réaliste.

Un rôle tout particulier revient à l’esthétique matérialiste des grands critiques démocrates révolutionnaires russes Biélinski (V.), Tchernychevski (V.), Dobrolioubov (V.), dont certains aspects essentiels ont été développés plus tard par Plékhanov (V.). Cette esthétique a contribué plus que toute autre théorie à mettre au point une conception scientifique de l’art et de ses lois, et aujourd’hui encore elle n’a rien perdu de son importance. Elle se rapproche sensiblement de la théorie de l’art marxiste et a rendu des services inappréciables à l’art progressiste mondial.

Parmi les critiques russes, Biélinski a porté le premier coup aux conceptions idéalistes ; Tchernychevski et Dobrolioubov, reprenant ses thèses, ont largement développé la théorie matérialiste de l’art.

Pour Biélinski, Tchernychevski et Dobrolioubov la tâche principale de l’art consiste à reproduire la réalité. Mais si l’art doit être « un miroir fidèle de la réalité », « la voix vivante de la réalité », ce n’est pas pour que l’artiste se délecte à imiter la nature ou que le lecteur ou le spectateur s’extasient devant une image véridique de la réalité ; on doit reproduire fidèlement la réalité, pour faire « une analyse poétique de la vie sociale », pour donner à la société une juste orientation, aider à comprendre la réalité, les nécessités du développement en vue d’une transformation révolutionnaire de la société.

Pour l’esthétique démocratique révolutionnaire russe l’art devait servir une idée, c’était là l’alpha et l’oméga, la base même de toute conception de l’art. Toutefois, les grands critiques russes n’avaient pas encore une conception matérialiste scientifique des lois sociales. Cette conception, c’est le marxisme qui l’a donnée. Seul le matérialisme historique a permis de vaincre définitivement l’idéalisme en esthétique et d’élaborer une théorie de l’art authentiquement scientifique.

L’esthétique marxiste considère l’art comme une des formes de la conscience sociale, la forme spécifiquement artistique d’assimilation, de compréhension de la réalité. L’art est déterminé par les rapports sociaux, par la structure économique de la société à telle époque historique donnée. Seule cette manière de voir a permis de comprendre et d’expliquer les lois objectives du développement de l’art, les raisons des changements de ses formes, etc.

La théorie marxiste de la lutte des classes a révélé le caractère de classe de l’art et montré les racines profondes de la lutte qui se poursuit toujours entre les différentes tendances de l’art.

Lénine a apporté l’une des contributions les plus précieuses à l’esthétique marxiste en mettant au point la question de l’esprit de parti dans l’art. Il a montré qu’à l’époque où la société est divisée en deux camps, bourgeoisie et prolétariat, à l’époque de la lutte à outrance entre ces deux camps, l’art ne peut demeurer sans parti. Sous prétexte de préserver la « liberté de la création », l’esthétique idéaliste nie la position de parti dans l’art.

Or, la « liberté de création » dans sa conception idéaliste signifie soit que l’artiste est indifférent aux mouvements sociaux, soit qu’il sert de façon déguisée les classes exploiteuses. L’indifférence envers la lutte des classes est aussi une façon de servir la bourgeoisie.

En dévoilant la nature de l’art, ses liens avec les conditions de la vie matérielle de la société, avec la lutte des classes l’esthétique marxiste établit des critères scientifiques du beau, des critères d’appréciation des œuvres d’art.

L’esthétique idéaliste pour laquelle l’art n’est soumis à aucune loi objective, a embrouillé ce problème. L’esthétique marxiste ne se contente pas d’affirmer que des critères objectifs et scientifiques en matière d’art sont possibles, elle indique quels sont ces critères : la conformité de l’art à la vie réelle, la représentation fidèle de la réalité ; l’attachement à l’idée, la capacité chez l’artiste de déceler le nouveau qui vient remplacer l’ancien, le périmé, son aptitude à se ranger du côté du nouveau, à l’appuyer par son art, à être un combattant et non un philistin ; la conformité de la forme au contenu, etc.

Pour ce qui est de l’art soviétique, l’élément décisif d’appréciation, c’est la question de savoir dans quelle mesure une œuvre d’art contribue à la lutte commune pour l’édification du communisme, à l’éducation des masses dans l’esprit communiste, au développement du patriotisme soviétique, du sentiment de fierté nationale. Il est de la plus haute importance d’apprécier en outre le côté artistique d’une œuvre; car l’art et l’idée sont étroitement liés, intimement unis l’un à l’autre. L’absence d’idée conduit à des subterfuges formalistes, au désaccord entre la forme et le contenu, au naturalisme pur et simple. Et inversement, une forme artistique imparfaite diminue la valeur idéologique de l’œuvre.

Les œuvres de Marx, Engels, Lénine et Staline offrent des modèles classiques d’analyse marxiste de l’art, d’appréciation marxiste de la littérature, de la peinture, etc. La naissance et le développement de l’art soviétique, les indications du parti communiste sur les voies qui conviennent à l’art socialiste ont porté l’esthétique marxiste à un degré supérieur.

La définition donnée par Staline de la méthode de l’art soviétique, comme méthode du réalisme socialiste, a fait ressortir le caractère nouveau de cet art, a mis en évidence ce qu’il a de supérieur et ce qui le distingue de l’art ancien ; elle a donné une réponse à l’importante question du rapport entre l’art nouveau et l’héritage du passé; elle a montré son incompatibilité foncière avec l’art décadent bourgeois, etc.

La thèse de Lénine et de Staline qui caractérise la culture soviétique comme une culture socialiste par son contenu et nationale par sa forme, revêt une importance tout aussi considérable pour le développement de la théorie marxiste de l’esthétique. Elle a mis en échec l’attitude nihiliste et cosmopolite envers les traditions nationales progressistes des divers peuples et les formes nationales de l’art ; elle a fait la lumière sur le problème du rapport entre l’élément national et l’élément international dans l’art soviétique.

Les résolutions adoptées après la guerre par le Comité Central du Parti communiste, relatives aux problèmes de la littérature et de l’art ont marqué une nouvelle étape dans le développement de l’art soviétique et de la critique d’art marxiste-léniniste. Ces résolutions contiennent une analyse scientifique des principales questions de l’esthétique marxiste-léniniste et le programme pour un nouvel essor de la littérature, de la musique, du cinéma, du théâtre et de la dramaturgie soviétiques. (V. également Réalisme socialiste.)

ETAT. Organisation politique de la classe économiquement dominante, qui a pour but de sauvegarder le régime économique existant et de réprimer la résistance des autres classes. « L’Etat, c’est une machine destinée à maintenir la domination d’une classe sur une autre » (Lénine : « De l’Etat », M. 1954, p. 15) : « L’Etat est, aux mains de la classe dominante, une machine destinée à écraser la résistance de ses adversaires de classe » (Staline : « Des principes du léninisme ; Questions du léninisme », M. 1954, p. 44).

L’Etat, apparu avec la division de la société en classes exploiteuses et exploitées, est le produit de contradictions de classes inconciliables. Deux fonctions essentielles caractérisent l’activité de l’Etat exploiteur : l’une, intérieure et l’autre, extérieure. La fonction intérieure est la principale, elle consiste à réprimer les travailleurs, les masses exploitées qui forment la majorité de la société. Sa fonction extérieure consiste à élargir son territoire par la conquête de terres étrangères et à le défendre contre l’agression des autres Etats. Il en est ainsi sous les régimes esclavagiste, féodal et capitaliste.

Les instruments du pouvoir d’Etat sont l’armée, les organes punitifs, les services de renseignements, les prisons, l’appareil d’Etat. Les Liais impérialistes contemporains répriment toute manifestation du mouvement de libération, la lutte des masses pour la paix, etc. Leur fonction extérieure vise à asservir les peuples libres et indépendants.

L’histoire connaît trois types principaux d’Etats exploiteurs : esclavagiste, féodal et bourgeois. Les formes de la domination politique des exploiteurs peuvent être différentes. Ainsi, parmi les formes de la domination politique de la bourgeoisie, notons la monarchie bourgeoise, la république démocratique, la dictature fasciste ouvertement terroriste.

L’essence de classe de ces formes de domination politique est une : c’est la dictature du capital. Même la forme politique la plus avancée de l’Etat bourgeois, — la république démocratique avec son parlement et sa reconnaissance formelle du suffrage universel, — est l’instrument de la domination du capital.

Il en est ainsi des Etats capitalistes actuels qui, formellement, sont des républiques démocratiques mais où, en réalité, le pouvoir est entre les mains des représentants des gros monopoles qui détiennent les postes de commande dans l’administration de l’Etat. Les marxistes tiennent toujours compte des conditions historiques concrètes pour juger si une forme d’Etat est progressive ou réactionnaire. Ils reconnaissent que la république démocratique bourgeoise, maigre tous ses côtés négatifs, est une forme d’Etat qui, au point de vue historique, constitue un progrès par rapport à la monarchie absolue, telle qu’elle a existé, par exemple, en Russie jusqu’en 1917.

La forme d’Etat la plus avancée, la plus démocratique, est l’Etat socialiste. Par suite de la révolution socialiste, le prolétariat détruit l’Etat bourgeois et crée un type d’Etat foncièrement nouveau, la dictature du prolétariat (V.). Le passage au régime nouveau s’effectue par le renversement violent, révolutionnaire de la domination des exploiteurs, minorité infime de la population.

La tâche de la dictature du prolétariat est d’abolir l’exploitation de l’homme par l’homme, de liquider les classes, et de réaliser l’édification du communisme. Apres la construction intégrale de la société communiste l’Etat dépérira. Par ailleurs, ce problème doit être examiné en tenant compte des conditions historiques déterminées, en son temps, Engels indiquait que l’Etat devait dépérir après la victoire de la révolution socialiste.

Staline a développé plus avant la doctrine marxiste-léniniste de l’Etat, conformément aux conditions actuelles de l’évolution historique. Il a démontré que la thèse d’Engels avait en vue la victoire du socialisme dans tous les pays ou dans leur majorité, et que pour cette raison elle n’était pas applicable au cas où le socialisme serait victorieux dans un seul pays pris à part.

Dans ce cas s’applique une autre thèse : si le socialisme a triomphé dans un seul pays et si dans les autres pays domine le capitalisme, le pays de la révolution victorieuse ne doit pas affaiblir, mais consolider de toutes les manières son Etat et ses différents organes. Cette thèse est valable également pour l’Etat sous le communisme, s’il y a encore des pays impérialistes et, par conséquent, un danger d’agression de leur part.

Après la deuxième guerre mondiale, dans nombre de pays d’Europe et d’Asie ont pris naissance des Etats de démocratie populaire (V.). L’Etat de la démocratie populaire est une des formes de la dictature du prolétariat. (V. également Etat socialiste ; « L’Etat et la Révolution ».)


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