ENTELECHIE (du grec […].). Terme philosophique dans la philosophie d’Aristote (V.). Signifie la fin interne qui serait à la base du développement de la matière et qui le déterminerait. Dans les doctrines idéalistes du vitalisme (V.), l’entéléchie signifie la « force vitale » mystique, immatérielle qui serait la source et le fondement de la vie.

ENTENDEMENT ET RAISON. Deux modes de connaissance dans la philosophie de Kant (V.) et de Hegel (V.). D’après la doctrine de Kant, « toute connaissance commence par les sens, passe ensuite à l’entendement et s’achève dans la raison ».

L’entendement introduit l’ordre dans les données fournies par les sens et les réunit selon les lois qui lui sont inhérentes. La connaissance est cette ordonnance du matériel fourni par les sens conformément aux lois « a priori » de l’entendement.

Etant subjective, elle ne reflète nullement et ne peut refléter le monde objectif des « choses en soi » (V. « Chose en soi » et « chose pour nous »). Mais notre connaissance cherche à sortir des limites étroites que la nature lui a assignées, elle aspire à concevoir les choses telles qu’elles sont. C’est là le domaine de la raison.

Mais celle-ci se heurte à d’inévitables contradictions : elle aboutit à des conclusions qui se contredisent l’une l’autre, qui peuvent être justifiées dans une égale mesure et qui, en même temps, s’excluent mutuellement (par exemple : le monde a un commencement dans le temps et dans l’espace et n’en a pas ; la matière est divisible à l’infini et ne l’est pas, etc.).

Kant affirmait que passer à la connaissance rationnelle c’est s’éloigner au maximum de l’expérience, des objets du monde extérieur. Le fait que la raison s’enlise dans des contradictions est pour Kant une preuve de sa faiblesse, de l’illégitimité de ses tentatives de pénétrer le monde des « choses en soi ».

Kant avait besoin d’abaisser la raison pour justifier la religion.

Chez Hegel, l’entendement et la raison sont respectivement les modes inférieur et supérieur de penser et de connaître.

L’entendement est une « pensée finie » qui caractérise la logique formelle, la métaphysique. L’entendement ne fournit que des définitions bornées, métaphysiques. Il aboutit à des conclusions fixes qui s’opposent l’une à l’autre. Ainsi, pour l’entendement la vie et la mort sont des phénomènes contraires qui n’ont rien de commun.

La raison, selon Hegel, est un mode de pensée dialectique.

Analysant la nature de la pensée et des notions qu’elle engendre, Hegel montre la liaison interne des affirmations contraires et leurs conversions mutuelles. Mais pour l’idéaliste Hegel, l’entendement aussi bien que la raison ne sont que des déterminations de l’« esprit» qui leur est «supérieur à tous deux ».

Hegel déforme les concepts d’« entendement » et de « raison » quand il affirme que l’entendement est matérialiste et la raison, idéaliste, spéculative.

Dans la « Dialectique de la nature », Engels souligne que la distinction hégélienne entre l’entendement et la raison contient un noyau rationnel : tous les modes d’activité de l’entendement — induction, déduction, analyse, synthèse — sont communs à l’homme et aux animaux, tandis que la raison, c’est-à-dire l’activité de la pensée, qui opère à l’aide de concepts, est 1e propre de l’homme.

EPICURE (341-270 av. n. è.). Célèbre matérialiste et athée de l’époque hellénistique, propagateur des idées avancées. Epicure niait l’intervention des dieux dans les affaires du monde et prenait pour point de départ l’éternité de la matière douée d’un mouvement interne.

La philosophie d’Epicure reconnaît l’existence des choses en dehors de la conscience de l’homme et indépendamment d’elle. Reprenant l’atomisme de Leucippe-Démocrite (V.), Epicure y apporte d’originales modifications et émet des suppositions géniales, confirmées par le développement ultérieur de la science.

Tout ce qui existe est le résultat de déplacements et de chocs d’atomes. Les atomes qui se meuvent dans le vide à une vitesse égale, peuvent entrer en collision en cas de leur « déclinaison » spontanée (régie par des lois internes) par rapport à la ligne droite. Cette conception s’oppose à la doctrine fataliste de Démocrite d’après laquelle la nécessité exclut le hasard.

Dans sa théorie de la connaissance, Epicure est un matérialiste sensualiste. La connaissance est basée sur les sensations toujours véridiques car elles ont pour source la réalité objective ; les erreurs sont dues à l’interprétation des sensations.

Epicure développa la théorie matérialiste naïve des « idoles », selon laquelle d’infimes parcelles qui émanent en un flot continu delà surface des corps, pénètrent dans les organes des sens et suscitent les images des objets. En proclamant la nature matérielle et périssable de l’âme, Epicure s’élève contre l’ignorance et la superstition qui engendrent la peur devant les dieux et la mort.

Le but de la philosophie, selon Epicure, c’est le bonheur de l’homme, et pour l’atteindre, il importe de se libérer des préjugés, de pénétrer les lois de la nature. Epicure s’efforce de bâtir une théorie éthique de la jouissance rationnelle, basée sur un idéal individualiste: éviter les souffrances et rechercher la joie et la sérénité. Idéologue de la société esclavagiste, Epicure estime que le plus raisonnable pour l’homme ce n’est pas le travail, mais le repos, l’ataraxie.

Les vues matérialistes d’Epicure ont été déformées par les historiens bourgeois idéalistes de la philosophie (Hegel, par exemple) ; aujourd’hui encore, elles provoquent la haine des théologiens et autres idéologues réactionnaires.

EQUILIBRE. V. Mouvement ; Théorie de l’équilibre.


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