Lorsque paraît le premier numéro de Crise en mai 2020, nous disions deux choses : tout d’abord, que la pandémie était l’expression de la contradiction entre les villes et les campagnes, qui a été rendue aiguë comme jamais avec la formidable expansion capitaliste dans la période 1989-2020. Ce n’était pas là une crise de développement, mais une crise écologique témoignant que le capitalisme était rentré dans le mur. C’est la seconde crise générale du capitalisme, la première étant apparue en 1914-1917.
Ensuite, que le capitalisme répondrait par deux moyens à la crise générale : par les restructurations et la guerre impérialiste. Dès avril 2021, nous exprimions dans Crise que la question ukrainienne allait être l’épicentre d’un affrontement militaire de grande ampleur. Il y eut d’ailleurs ce même mois deux numéros de Crise, afin de bien aborder cela, de bien aborder les enjeux.
Désormais, comme prévu donc, les portes des enfers ont été ouvertes avec l’invasion de l’Ukraine par la Russie en février 2022. Elles ne se refermeront plus, ou, plus exactement, ce sera à la guerre populaire mondiale de les fermer et même de détruire les enfers. Ce sera naturellement un processus long et douloureux, tourmenté et ardu, c’est un défi comme l’humanité n’en a jamais connu. C’est très exactement ce que Mao Zedong disait dans les années 1960 au sujet des cinquante, cent années à venir.
Naturellement, le panorama ne consiste pas seulement en la guerre impérialiste. Il y a le réchauffement climatique ; il y a ces immenses mégalopoles invivables dont on ne va pas savoir quoi faire. Il y a les animaux avec qui le rapport doit être révolutionné, sans parler de l’en cours à l’échelle planétaire ; il y a une aliénation massive et profonde ayant terriblement déformé les consciences. Il y a des mentalités destructrices qu’il faut surmonter ; il y a une fascination pour la propriété et le culte du moi qui reste à dépasser à grande échelle. Il y a encore cette odieuse exploitation capitaliste, systématique, qui n’est pas comprise comme telle encore par le prolétariat mondial, tout en étant ressenti au plus profond de lui-même.
Il est évident que l’humanité, dans les conditions actuelles, n’est pas du tout à la hauteur. On peut même dire que, si on voit les choses objectivement mais qu’on ne saisit pas le mouvement dialectique des choses, on ne peut que sombrer dans la panique, ou bien être écrasée, broyée par une terrible pression. On court à la catastrophe, les couches dominantes de tous les pays font grosso modo ce qu’elles « veulent », et c’est de pire en pire.
Et pourtant, de par le cours historique inévitable des choses, la révolution mondiale va triompher, parce que c’est une nécessité désormais totale. L’avant-garde désigne justement ceux et celles qui sont en avance sur ce plan, lisant l’avenir et s’y conformant. Crise est un outil précieux en ce sens, pour analyser la seconde crise générale du capitalisme, sa substance, ses modalités, indiquant la marche à suivre en élevant le niveau de conscience de la situation historique. Et, donc tout est à faire, ou plus exactement à refaire. Le prolétariat mondial a en effet connu une véritable déroute à tous les niveaux : politique, idéologique, culturel, militaire, sans parler des très importantes restructurations économiques en série profitant du développement technologique.
La première crise générale a été résolue grâce à l’émergence de la superpuissance impérialiste américaine dans les années 1920 et son développement dans les années 1930-1940, loin du conflit sur le continent européen. La transformation de l’URSS en social impérialisme à la mort de Staline en 1953 et de la Chine populaire en social-fascisme après la mort de Mao Zedong en 1976 se sont ajoutés à cela, tout comme ensuite l’effondrement du social-impérialisme soviétique et l’intégration de la Chine dans l’économie mondiale capitaliste.
Et nous voilà au début de la seconde crise générale du capitalisme, sans disposer concrètement d’appuis réels sur le plan matériel. Heureusement, il y a eu la préservation de l’héritage historique qu’est le marxisme-léninisme-maoïsme, à travers et malgré l’expansion capitaliste, des fondamentaux, dans une grande bataille contre le révisionnisme se combinant, de manière dialectique, à l’aspect essentiel qui est l’étude, sur une base concrète, des transformations de la réalité. C’est cela qui permet l’existence de Crise. Et son rôle ne pourra que grandir. C’est la raison pour laquelle nous avons modifié la mise en page, même si nous gardons toujours en tête, pour des raisons pratiques, de revenir à une mise en page moins élaborée. Il faut savoir en effet fixer les priorités.
Et là, les choses se précipitent. Non seulement le monde a sacrément changé depuis 1989, mais là on est dans une période où même la semaine dernière apparaît comme une sorte de monde lointain. Nous vivons l’époque de la course à l’abîme du capitalisme. Et dialectiquement, l’autre aspect est le triomphe de la révolution mondiale – inéluctablement !