Timbre soviétique commémoratif de Ivan Vladimirovitch Mitchourine - 1955

Timbre soviétique commémoratif de Ivan Vladimirovitch Mitchourine – 1955

DOCTRINE MITCHOURINIENNE. Etape nouvelle du développement de la science matérialiste, darwiniste, de la nature vivante, appelée d’après le nom du grand transformateur de la nature Ivan Vladimirovitch Mitchourine (V.).Ce qui distingue avant tout cette doctrine des théories biologiques précédentes, c’est que son créateur a appliqué avec esprit de suite et en pleine connaissance de cause la théorie marxiste-léniniste, le matérialisme dialectique, à l’étude des lois de développement de la matière organique et à leur interprétation.

Représentant elle-même une étape nouvelle de la biologie scientifique, elle développe tout ce que la doctrine des grands biologistes matérialistes d’autrefois — Lamarck (V.) et Darwin (V.) — avait de progressiste et de meilleur, en épurant son fond matérialiste des éléments métaphysiques et idéalistes qu’elle contenait.

La source théorique principale de la doctrine mitchourinienne réside dans les découvertes des éminents biologistes matérialistes russes : Metchnikov (V.), Sétchénov (V.), les frères Kovalevski, Pavlov (V.) et Timiriazev (V.), qui avaient élaboré la théorie matérialiste du développement des organismes et l’avaient défendue contre les théories réactionnaires (néo-vitalisme, psycho-lamarckisme, mécanisme, weismanisme-morganisme — V.).

Les recherches expérimentales et les généralisations théoriques des biologistes matérialistes russes ont préparé la nouvelle étape dans le développement de la science biologique, étape qui s’est révélée possible grâce à l’activité des biologistes soviétiques dans les conditions du socialisme, sur la base du matérialisme dialectique.

Le caractère matérialiste dialectique de la doctrine mitchourinienne se manifeste dans ses généralisations théoriques relatives aux lois du développement des plantes. En considérant le développement de la vie comme un processus unique, déterminé et purement matériel, la doctrine mitchourinienne a pu élucider les relations complexes et diverses dans l’évolution du monde végétal.

La plus importante décès relations est l’interdépendance entre la forme organique de la matière et la nature inorganique. La tâche fondamentale de l’agrobiologie (science des lois biologiques générales de l’agriculture) étant de mettre en évidence les lois qui président à ces relations, la doctrine mitchourinienne considère l’organisme et ses conditions de vie dans leur unité dialectique.

La variabilité des organismes sous l’influence des conditions du milieu, la transmission héréditaire des caractères acquis est la loi fondamentale du développement des organismes. Le développement individuel s’opère sur la base des propriétés et des caractères acquis par l’espèce au cours de son développement historique. Il en résulte l’unité et l’interdépendance de l’historique (phylogenèse) et de l’individuel (ontogenèse) dans le processus de développement de la vie.

L’historique, c’est-à-dire l’hérédité de l’organisme, est le résultat du développement et de la transformation intervenus au cours des générations précédentes, en rapport avec les changements des conditions du milieu.

La doctrine mitchourinienne rejette comme mal fondée la théorie chromosomique des weismanistes-morganistes avec ses gènes mystiques. L’hérédité se reproduira dans le développement d’un individu d’une espèce donnée si les conditions extérieures y sont favorables. Sinon l’organisme se modifiera et l’hérédité, en tant que propriété du corps vivant, changera également.

Si les conditions nécessaires se trouvent réunies, ces changements se fixeront et entreront dans la phylogenèse. Ainsi, en considérant les organismes dans leur unité dialectique avec les conditions d’existence, la théorie mitchourinienne a pu mettre en lumière les lois fondamentales du développement de la vie.

Darwin n’a pas cherché les causes des changements individuels des organismes. Or, la solution de ce problème était indispensable pour faire de la biologie non seulement une science expliquant les phénomènes de la nature, mais une science d’action, permettant aux praticiens de transformer la nature dans le sens voulu. Ce sont Mitchourine et les autres biologistes soviétiques qui ont accompli cette tâche.

Fidèles à la dialectique matérialiste, ils ont démontré que le développement des organismes prend deux formes : celle des changements quantitatifs et celle des changements qualitatifs. En s’accumulant peu à peu, les changements quantitatifs conduisent nécessairement à des changements qualitatifs profonds, la doctrine mitchourinienne établit une stricte différence entre les notions de croissance et de développement : sans passage d’un état qualitatif à un autre il n’y a pas de développement ; il n’y a qu’augmentation ou diminution quantitatives. Seule, cette interprétation du développement correspond à la dialectique objective de la nature vivante. La doctrine mitchourinienne a donc surmonté l’étroitesse de la théorie darwiniste qui niait les bonds dans la nature.

Le développement, c’est l’unité du continu et du discontinu, de la forme évolutive et de la forme révolutionnaire du mouvement. Des changements quantitatifs graduels aboutissent à la formation d’une espèce qualitativement nouvelle avec des lois de développement nouvelles. La dialectique marxiste affirme que la transition d’une qualité ancienne à une qualité nouvelle peut revêtir et revêt des formes très diverses, que les transformations qualitatives se produisent aussi bien sous la forme d’un changement rapide et soudain, que sous la forme d’une extinction graduelle des cléments de la qualité ancienne et de l’accroissement des éléments de la qualité nouvelle. Cette thèse a grandement contribué à l’élaboration d’une théorie scientifique de la formation des espèces. (V. également Conversion des changements quantitatifs en changements qualitatifs.)

Concevant le développement comme une conversion des modifications quantitatives en changements qualitatifs radicaux, le savant soviétique T. Lyssenko a élaboré, sur la base de la doctrine mitchourinienne, la théorie du développement stadial des plantes. Les organismes végétaux passent au cours de leur vie individuelle par des degrés qualitativement différents, des stades. La théorie du développement stadial des organismes, de sa localisation dans des cellules spéciales — points de croissance — et, en particulier, de son caractère irréversible est une démonstration éclatante du passage, au cours de la vie individuelle, des modifications quantitatives de l’organisme à des changements radicaux, qualitatifs.

Forts de la méthode dialectique, les biologistes soviétiques ont rejeté toutes les déformations idéalistes et mécanistes de la notion du développement de la vie et ils ont mis en lumière les contradictions fondamentales qui sont les forces motrices de l’évolution des organismes et des espèces. Le weismanisme-morganisme poussait la biologie vers l’idéalisme et la métaphysique, et inventait des gènes inexistants, une « réserve de gènes », une amibe originelle hypothétique, dont dépendraient la vie et le développement des organismes.

Les mécanistes expliquaient le développement par l’action des conditions extérieures sur l’organisme considéré comme un élément passif. La théorie mitchourinienne a rejeté toutes ces élucubrations et orienté ses recherches vers la découverte des contradictions motrices véritables du développement des organismes.

Elle part du principe que le développement des formes organiques de la matière est dû aux contradictions existant dans les échanges de matières entre l’organisme et le milieu, dans le processus unique d’assimilation et de désassimilation, — de formation et de désagrégation à l’intérieur de l’organisme. C’est le caractère contradictoire de ces échanges de matières qui engendre la qualité nouvelle, la « lutte » entre l’ancien et le nouveau, entre ce qui meurt et ce qui naît dans le monde organique.

Le développement de la vie est dirigé par la sélection naturelle qui dégage et conserve ce qui est adapté et conforme aux conditions du milieu et détruit tout ce qui est inadapté, non conforme à ces conditions.

Le trait caractéristique de la doctrine mitchourinienne est son efficacité, son attitude révolutionnaire envers la réalité. Elle est étroitement liée à l’activité pratique, et généralise les résultats de l’expérience. Toutes les généralisations et conclusions théoriques de la doctrine mitchourinienne découlent d’expériences extrêmement délicates, mais aussi de la pratique de l’agriculture.

L’hybridation végétative, la méthode du mentor et du médiateur, le choix des couples pour le croisement, l’éducation des organismes dans la direction voulue, la vernalisation, la transformation des blés d’hiver en blés de printemps et vice versa, les méthodes mitchouriniennes d’acclimatation, la théorie du développement stadial et autres découvertes contribuent efficacement à relever les récoltes et la productivité de l’élevage, à obtenir de nouvelles variétés de plantes, de nouvelles espèces d’animaux.

La doctrine mitchourinienne s’est développée et renforcée en combattant l’idéalisme et la métaphysique en biologie, le weismanisme-morganisme. Elle est intransigeante envers tout obscurantisme dans la science. La doctrine mitchourinienne joue un grand rôle dans toutes les branches de la théorie et de la pratique agricoles. Les idées de Mitchourine, ses méthodes de la transformation des organismes, concourent à un essor constant de l’agriculture socialiste.

La science soviétique fait progresser la sélection végétale et animale. Les biologistes soviétiques en coopération avec les praticiens de l’agriculture ont créé beaucoup de nouvelles variétés de froment, de betterave à sucre et d’autres cultures agricoles, ainsi que de nouvelles espèces de bétail à haute productivité.

La doctrine mitchourinienne contribue à resserrer les liens entre la science biologique et l’agriculture. Le parti communiste exige que l’on applique largement les réalisations biologiques et agronomiques dans la pratique agricole.

S’inspirant du matérialisme dialectique, qui était sa méthode d’investigation scientifique, Mitchourine a approfondi et développé les idées de Darwin. L’importance de la doctrine de Mitchourine est reconnue par les biologistes du monde entier.


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