DIETZGEN JOSEPH (1828-1888). Ouvrier tanneur, social-démocrate allemand, qui a mis au point lui-même plusieurs questions de philosophie et en a tiré des conclusions très voisines du matérialisme dialectique de Marx et d’Engels.

Il émigra en Amérique après la révolution de 1848. En 1863, en quête de travail, il vint en Russie. Ouvrier dans une tannerie de Pétersbourg, il consacrait ses loisirs à l’étude de la philosophie, de l’économie politique et du socialisme.

C’est en Russie qu’il écrivit son volumineux traité philosophique : « Essence du travail intellectuel » et une étude sur le premier tome du « Capital » (V.) de K. Marx. Rentré en 1869 en Allemagne, il repart bientôt pour l’Amérique où il écrit « Excursions d’un socialiste dans le domaine de la théorie de la connaissance » et « l’Acquisit de la philosophie ».

Marx appréciait hautement la pensée de Dietzgen. Relevant certaines erreurs et la confusion dans ses conceptions, il soulignait chez Dietzgen « maintes idées remarquables qui, fruit de la pensée indépendante d’un ouvrier, sont dignes d’admiration » (Marx-Engels : « Ausgewählte Briefe », B. 1953, S. 250).

L’appréciation d’Engels était aussi élogieuse : « Et cette dialectique matérialiste, qui était depuis des années notre meilleur instrument de travail et notre arme la plus acérée, fut, chose remarquable, découverte non seulement par nous, mais derechef, indépendamment de nous et même de Hegel, par un ouvrier allemand, Joseph Dietzgen » (« Ludwig Feuerbach et la fin de la philosophie classique allemande », M. 1946, p. 48).

La question fondamentale de la philosophie, Dietzgen la tranche en matérialiste. Il critique l’idéalisme philosophique, cette « poule aveugle », et le matérialisme vulgaire (V.), fait ressortir l’opposition des deux camps en philosophie et flétrit l’odieux « parti du milieu ».

Il traite les idéalistes de « laquais diplômés » de la prêtraille. Soutenant la théorie du reflet (V.) matérialiste, J. Dietzgen a cependant commis une série d’erreurs : il exagère la relativité des connaissances humaines et fait ainsi des concessions à l’idéalisme et à l’agnosticisme ; il identifie la conscience et la matière, affirme le caractère inné de certaines notions, etc.

Mais ces erreurs, et d’autres n’amoindrissent pas ses mérites dans le domaine de la philosophie. Dietzgen était un athée militant.

Dans « Matérialisme et empiriocriticisme » (V.), Lénine défend la théorie de la connaissance de Dietzgen, théorie dialectique, matérialiste et juste quant au fond ; tout en relevant ses erreurs, il critique les tentatives des idéalistes de les ériger en système, de créer le « dietzgenisme » que Dietzgen-fils et d’autres machistes et révisionnistes ont voulu opposer au marxisme.

Le « dietzgenisme » n’est qu’une invention réactionnaire des machistes qui voulaient faire du matérialiste Dietzgen un machiste. «

Le « dietzgenisme » opposé au matérialisme dialectique, écrit Lénine, n’est que confusion, n’est qu’évolution vers la philosophie réactionnaire, n’est qu’une tentative pour ériger en tendance les faiblesses de Joseph Dietzgen, et non ce qu’il y a de grand chez lui (cet ouvrier philosophe qui découvrit à sa manière le matérialisme dialectique, ne manque pas de grandeur !) » (« Matérialisme et empiriocriticisme », M. 1952, p. 284).

DIFFERENCE ESSENTIELLE ENTRE LA VILLE ET LA CAMPAGNE ET LES MOYENS DE LA LIQUIDER. En s’appuyant sur les lois économiques objectives, le parti communiste trace la voie du développement de la société soviétique du socialisme au communisme.

L’un des plus importants éléments du problème que pose la transition au communisme se trouve dans la liquidation de la différence essentielle qui subsiste encore dans la société socialiste, entre la ville et la campagne.

La victoire du socialisme en U.R.S.S. a eu pour conséquence la suppression de l’opposition entre la ville et la campagne (V.). L’édification de la société communiste a posé au peuple soviétique un autre problème : celui de la liquidation de la différence essentielle entre la ville (industrie) et la campagne (agriculture).

Ce problème présente un tout autre caractère que celui de là liquidation de l’opposition entre la ville et la campagne et il n’a pas été soulevé par les classiques du marxisme. Il découle de la pratique même de l’édification socialiste en U.R.S.S.

La différence essentielle entre l’agriculture et l’industrie consiste surtout et en premier lieu dans le fait que dans l’industrie les moyens de production et les objets produits sont propriété nationale, tandis que dans l’agriculture subsiste la propriété d’un groupe, la propriété kolkhozienne.

La différence entre ces deux formes de propriété détermine la différence entre la situation de la classe ouvrière et celle de la paysannerie, qui constituent les deux classes de la société socialiste. Tant qu’en U.R.S.S. subsisteront deux secteurs fondamentaux de production — le secteur d’Etat et le secteur kolkhozien — il existera la production marchande et la circulation des marchandises en tant qu’éléments nécessaires et fort utiles de l’économie nationale.

Les rapports de production socialistes concordent aujourd’hui pleinement avec le caractère des forces productives socialistes. Mais les rapports de production socialistes ont aussi tendance, au cours du développement, à retarder sur les forces productives, ce qui, nécessairement, suscite une contradiction.

Cela concerne surtout des catégories économiques telles que la propriété kolkhozienne et la circulation des marchandises. A son étape actuelle, la société soviétique utilise avec avantage ces catégories économiques pour développer l’économie nationale et elle les utilisera encore. Aussi, à cette période, la tâche consiste-t-elle à fortifier et développer par tous les moyens le système kolkhozien et le commerce soviétique.

Ce n’est qu’en suivant cette voie que peuvent être et seront créées les conditions pour élever dans l’avenir la propriété kolkhozienne au niveau de la propriété nationale.

La tâche consistant à liquider la différence essentielle entre la ville (industrie) et la campagne (agriculture), ne pourra être accomplie que sur la base d’un puissant essor de toute la production, y compris l’économie collective des kolkhoz.

Le Parti communiste de l’Union Soviétique a mis en lumière le retard du développement de l’agriculture par rapport à l’industrie. Les décisions prises ces dernières années ont tracé le programme d’un puissant essor de l’agriculture.

Le parti a établi un programme concret pour développer la culture des céréales, base de toute la production agricole, mettre en valeur les terres vierges et incultes, augmenter l’élevage collectif, la production des pommes de terre et des légumes, consolider les S.M.T. qui représentent la base industrielle de l’agriculture.

Le parti a pris des mesures pour assurer le strict respect du principe consistant à intéresser matériellement les, kolkhoz et les kolkhoziens au développement de l’agriculture.

La réalisation des décisions du parti fera faire un grand pas sur la voie de l’édification communiste. La propriété kolkhozienne une fois élevée au niveau de propriété nationale et la différence essentielle entre la ville et la campagne liquidée, au lieu de deux secteurs fondamentaux de production, — Etat et kolkhoz, — il y aura un seul secteur universel de production, investi du droit de disposer de tous les produits de consommation du pays.

Dans la phase socialiste, étant donné les deux formes de propriété socialiste, la distribution des produits de consommation se fait essentiellement par l’intermédiaire du commerce. Le commerce soviétique est un élément d’importance vitale pour l’ensemble des relations économiques et de production entre l’industrie d’Etat et l’agriculture socialiste.

La différence essentielle entre la ville et la campagne disparaîtra dans la deuxième phase, la phase supérieure de la société communiste. C’est alors seulement que disparaîtront la production marchande, la circulation des marchandises, l’argent et les différences de classe entre les ouvriers et la paysannerie. Cela signifiera que la société sera passée du socialisme au communisme.

Toutefois la suppression de la différence essentielle entre l’industrie et l’agriculture ne saurait supprimer toutes différences entre elles. Une certaine distinction, ne serait-elle qu’insignifiante, demeurera toujours, par suite des conditions différentes du travail industriel et du travail agricole.


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