« DIALECTIQUE DE LA NATURE ». Ouvrage d’Engels écrit de 1873 à 1883 et publié pour la première fois en U.R.S.S. (1925).

Estimant que le matérialisme dialectique doit avoir pour fondement la connaissance approfondie des sciences de la nature et des mathématiques, et qu’à leur tour ces sciences ne peuvent progresser que sur la base du matérialisme dialectique, Engels se livre dans cet ouvrage à une étude philosophique profonde de l’histoire et des problèmes essentiels des sciences de la nature et des mathématiques.

Il fait une critique pénétrante du matérialisme mécaniste (V.), ainsi que des théories idéalistes des savants bourgeois et de leur méthode métaphysique. Parfaitement au courant de la science de son temps, il montre comment la conception métaphysique de la nature, sapée du dedans par le développement même de la science, cède la place à une méthode nouvelle, à la méthode dialectique révolutionnaire.

Engels justifie d’une façon détaillée la théorie du matérialisme dialectique sur les formes du mouvement de la matière.

Analysant l’évolution historique des sciences delà nature et des mathématiques, il prouve que les savants se voient contraints de passer de plus en plus souvent de la méthode métaphysique à la méthode dialectique, ce qui exerce une influence bienfaisante sur le progrès des sciences.

Engels étudie minutieusement les lois fondamentales des sciences de la nature et en révèle le caractère dialectique.

Ainsi, il met en lumière le vrai sens de la loi de conservation de l’énergie en tant que loi de transformation qualitative de l’énergie, et il l’appelle loi absolue de la nature. Il examine également ce qu’on appelle le second principe de la thermodynamique, et dénonce le mensonge des savants bourgeois prétendant que l’univers s’achemine vers la mort thermique.

Cette théorie est en contradiction avec la loi de la conservation et delà transformation de l’énergie. Il analyse la théorie de Darwin (V.) sur l’origine des espèces, et met en évidence ses lacunes et ses erreurs ; sur bien des points, les vues d’Engels sont confirmées avec éclat par la doctrine mitchourinienne (V.), qui a surmonté l’étroitesse du darwinisme.

Engels accorde une attention particulière au rôle du travail dans la formation et le développement de l’homme. Il s’intéresse vivement au problème de l’infini mathématique et démontre que notre notion de l’infini reflète l’infini de la nature même, dans ce qu’elle a d’infiniment grand et d’infiniment petit.

La dialectique a fait irruption dans les mathématiques supérieures avec l’introduction de la grandeur variable. En ce qui concerne le problème de la corrélation rie la nécessité et du hasard, Engels réfute la conception mécaniste aussi bien qu’idéaliste et donne la solution marxiste de ce problème compliqué.

Dans sa lutte contre les idéalistes, il défend et enrichit la doctrine marxiste du caractère objectif des lois de la nature. Sans doute, certains détails, se rapportant à des questions spéciales, sont périmés à la lumière des nouvelles découvertes, mais dans son ensemble cet ouvrage est la meilleure preuve que la connaissance des lois de la dialectique matérialiste, alliée à l’étude approfondie des diverses sciences, permet de résoudre correctement les problèmes philosophiques posés par les sciences de la nature.

Certaines thèses exposées dans ce livre ont anticipé de plusieurs décades le développement des sciences. Ce livre est un modèle d’analyse dialectique des problèmes complexes des sciences naturelles, et il enseigne aux philosophes et aux savants à se montrer intransigeants envers toute manifestation d’idéalisme et de mysticisme dans la science, envers toute dérogation aux principes dialectiques et matérialistes dans le domaine de la connaissance.

La « Dialectique de la nature » se compose de notes et de fragments destinés à l’usage personnel. Il faut en tenir compte quand on étudie cet ouvrage.

DICTATURE DU PROLETARIAT. « La dictature du prolétariat, si l’on traduit cette expression latine scientifique, historico-philosophique en une langue plus simple, signifie que : seule une classe déterminée, — à savoir les ouvriers des villes et, en général, les ouvriers d’usine, les ouvriers industriels, — est capable de diriger toute la masse des travailleurs et des exploités dans la lutte pour le renversement du joug du capital, au cours même de ce renversement, dans la lutte pour le maintien et la consolidation de la victoire, dans l’œuvre de création d’un ordre social nouveau, socialiste ; dans toute la lutte pour la suppression totale des classes » (Lénine : Œuvres choisies en deux volumes, t. II, 2e partie, M. 1954, p. 224).

L’Etat prolétarien incarne et réalise la dictature du prolétariat. Le principe suprême de la dictature du prolétariat est l’alliance de la classe ouvrière et de la paysannerie, où le rôle dirigeant est assumé par la classe ouvrière.

Seule l’alliance avec les masses laborieuses de la paysannerie permet au prolétariat d’atteindre le but qui est le sien et qui intéresse profondément tous les travailleurs : l’anéantissement du capitalisme et l’édification du communisme.

Staline a caractérisé comme suit les trois aspects fondamentaux de la dictature du prolétariat :

« 1° Utilisation du pouvoir du prolétariat pour écraser les exploiteurs, pour défendre le pays, pour consolider les liens avec les prolétaires des autres pays, pour développer la révolution et la faire triompher dans tous les pays.

2° Utilisation du pouvoir du prolétariat pour détacher définitivement de la bourgeoisie les masses laborieuses et exploitées, pour consolider l’alliance du prolétariat avec ces masses, pour entraîner ces masses à l’édification du socialisme, pour assurer la direction de ces masses par le prolétariat au pouvoir.

3° Utilisation du pouvoir du prolétariat pour organiser le socialisme, pour supprimer les classes, pour passer à la société sans classes, à la société socialiste.

La dictature du prolétariat est la réunion de ces trois côtés… Seuls ces trois côtés pris ensemble nous donnent une conception entière et achevée de la dictature du prolétariat » (« Des principes du léninisme ; Questions du léninisme », M. 1954, pp. 126-127).

La dictature du prolétariat ne se borne pas à la violence, elle ne signifie pas seulement la violence ni même principalement la violence. Dans la période de la guerre civile, c’est le côté violent de la dictature, qui tient la première place, ce qui n’exclut pas le travail économique ; dans la période de l’édification du socialisme, — c’est le travail pacifique, culturel et d’organisation, ce qui n’exclut pas la violence à l’égard des classes exploiteuses qui n’ont pas été définitivement écrasées.

En U.R.S.S., les Soviets représentent la forme étatique de la dictature du prolétariat. Organisation de masse la plus démocratique, représentant tous les travailleurs de la ville et de la campagne, les Soviets assurent la direction des masses laborieuses par la classe ouvrière au pouvoir.

Les Soviets sont nés pendant la révolution de 1905, et sont devenus, après la victoire de la Grande Révolution socialiste d’Octobre, la forme étatique de la dictature du prolétariat, forme qui exprime le plus fidèlement la nature du pouvoir des ouvriers et des paysans.

La force dirigeante dans le système de la dictature du prolétariat est l’avant-garde politique de la classe ouvrière, le parti communiste. Le rôle dirigeant du parti communiste est fixé par la loi dans l’article 126 de la Constitution de l’U.R.S.S.

Au cours de la réalisation quotidienne de ses tâches économiques, politiques et d’organisation, la dictature du prolétariat s’appuie sur les organisations de masse des travailleurs : syndicats, coopératives, union de la jeunesse et autres.

Toutes ces organisations sont des « leviers », des « courroies de transmission » dans le système de la dictature du prolétariat, les rouages les plus importants de son mécanisme, ceux qui relient l’Etat prolétarien à toute la masse des travailleurs ; c’est à l’aide de ces organisations que la classe ouvrière au pouvoir dirige la société.

Avec l’édification socialiste qui prend de plus en plus d’ampleur, se développe et se consolide la dictature de la classe ouvrière. La nouvelle Constitution de l’U.R.S.S. qui, adoptée en 1936, a consacré la victoire du socialisme au pays des Soviets, maintient en vigueur le rôle dirigeant de la classe ouvrière ; la Constitution a reflété l’élargissement de la base de la dictature de la classe ouvrière au pouvoir et sa transformation en un système d’Etat plus souple et plus puissant.

Le maintien de la dictature (direction) de la classe ouvrière signifie avant tout que, pendant le passage graduel du socialisme au communisme, la classe ouvrière conserve son rôle dirigeant comme classe d’avant-garde possédant le plus d’expérience.

L’élargissement et la consolidation des fondements de la dictature de la classe ouvrière résultent en premier lieu du fait que la paysannerie s’est engagée définitivement dans la voie du socialisme et que, de force hésitante, elle s’est transformée en soutien solide du pouvoir soviétique, en soutien de la dictature de la classe ouvrière de l’U.R.S.S. (V. également Etat socialiste.)

L’établissement de la démocratie populaire dans plusieurs pays d’Europe et d’Asie après la deuxième guerre mondiale a engendré une nouvelle forme de dictature du prolétariat. Née dans les conditions historiques particulières de la guerre de libération nationale contre le fascisme, la démocratie populaire (V.) poursuit les mêmes fins que le pouvoir des Soviets, forme supérieure de la dictature du prolétariat.

La naissance d’Etats de démocratie populaire en tant que forme de la dictature du prolétariat a entièrement confirmé les prévisions de Lénine : « Le passage du capitalisme au communisme ne peut évidemment pas ne pas fournir une grande abondance et une diversité de formes politiques : mais leur essence sera nécessairement une : la dictature du prolétariat » (Lénine : Œuvres choisies en deux volumes, t. II, 1re partie, M. 1954, p. 220).


Revenir en haut de la page.