DEVENIR. Processus de la formation du nouveau, de sa naissance et de son développement. Le dialecticien de l’antiquité Héraclite (V.) a été le premier à formuler l’idée du devenir. Hegel (V.) a développé cette notion, mais en tant qu’idéaliste, il entendait le devenir d’une manière spéculative, abstraite, comme le devenir des idées et non de la nature, de la matière.

Pour la philosophie marxiste-léniniste, le devenir c’est le mouvement, la transformation et le développement de la nature et de la société, la naissance du nouveau et la disparition de l’ancien sous l’effet de la lutte des contraires. Au cours du devenir, le nouveau, le progressif, triomphe de l’ancien, du périmé et s’affirme toujours dans la vie.

DEWEY John (1859-1952). Philosophe, sociologue et pédagogue américain réactionnaire, idéaliste. Il camouflait sa lutte contre la philosophie matérialiste, scientifique, sous une phraséologie pseudo-scientifique. Sous couleur d’une fausse « démocratie » il combattait le socialisme et le mouvement révolutionnaire.

Dewey commença par l’hégélianisme, mais il ne tarda pas à passer au pragmatisme (V.) qu’il défendit et développa sous le nom d’instrumentalisme (V.).

Mais quelle que soit la forme de sa philosophie, Dewey ne renonça jamais à la lutte active contre le matérialisme philosophique. Depuis son premier article, écrit spécialement contre le matérialisme, il s’élevait sans cesse contre les idées révolutionnaires et scientifiques d’avant-garde.

A l’opposé du matérialisme scientifique, Dewey nie la réalité objective, la causalité, le déterminisme, propage la gnoséologie de l’idéalisme subjectif, le volontarisme (V.) dans l’interprétation des phénomènes sociaux, falsifie les nouvelles découvertes scientifiques.

Dewey s’est servi de l’instrumentalisme, philosophie idéaliste subjective, pour justifier ses idées politiques réactionnaires. Il niait la structure de classes de la société et le rôle de la lutte de classes comme force motrice du développement historique. A la lutte de classe il opposait la collaboration des classes (la « coopération ») des exploiteurs et des exploités, c’est-à-dire la soumission des travailleurs aux capitalistes.

Dewey se dressait contre la transformation révolutionnaire de la société, prétendant que la société pourrait être « transformée » par l’éducation scolaire spécialement organisée à cet effet.

Son système pédagogique remplace l’enseignement des éléments de la science aux écoliers par la « culture », en ceux-ci, des qualités du businessman. Dans ses ouvrages de sociologie et de politique, Dewey s’efforçait de masquer par tous les moyens le caractère mensonger de la démocratie bourgeoise.

A la conception révolutionnaire de la liberté par l’affranchissement des travailleurs opprimés et exploités, il opposait la fiction individualiste bourgeoise de la « liberté de la personnalité », qui sert à dissimuler la liberté d’exploitation. A la théorie marxiste de l’égalité sociale, il opposait l’idée hypocrite des « possibilités égales de développement », qu’assurerait, prétendait-il, la démocratie bourgeoise.

DIALECTIQUE. Dans l’antiquité on entendait par dialectique l’art de découvrir la vérité grâce à la discussion, en relevant et éliminant les contradictions de l’adversaire. Les philosophes de la Grèce antique étaient, selon l’expression d’Engels, des dialecticiens par naissance. Héraclite (V.), célèbre matérialiste grec, affirmait que les choses à la fois existent et n’existent pas puisque tout coule et change constamment, tout naît et disparaît ; le monde est constitué de contradictions qui luttent entre elles. La cause du développement réside dans la lutte des contraires.

Un autre philosophe illustre de la Grèce antique, Aristote (V.), a analysé les principales formes de la pensée dialectique. Mais dans la philosophie de la Grèce antique, la dialectique était empreinte de naïveté et de simplicité primitives.

Considérant la nature comme un tout, ces philosophes ne parvinrent pas à séparer, à analyser les phénomènes et les objets, sans quoi il est impossible de se faire une image claire et complète du monde. Ils prêtaient « plus d’attention au mouvement, aux passages de l’un à l’autre, aux enchaînements qu’à ce qui se meut, passe et s’enchaîne » (Engels : « Anti-Dühring », P. 1950, p. 52). Par la suite, des siècles durant, jusqu’à la fin du XVIIIe siècle, régna une conception métaphysique : on croyait à l’immutabilité de tout ce qui existe. (V. Métaphysique).

La philosophie moderne contient elle aussi des éléments de dialectique : Descartes (V.), Spinoza (V.), Diderot (V.). Descartes contribua à la pénétration de la dialectique dans les mathématiques. En définissant la nature comme la cause de soi, Spinoza nia toute force extérieure en tant que source de la nature. Comme les mitres matérialistes français, Diderot considérait le mouvement comme une propriété inhérente à la matière, professait des théories évolutionnistes qu’il appliquait à la nature vivante, etc. Mais dans l’ensemble, sa conception restait métaphysique.

A partir de la seconde moitié du XVIIIe siècle, les progrès des sciences de la nature démolissent la conception métaphysique du monde. Un rude coup aux idées métaphysiques dans les sciences de la nature fut porté par Kant (V.), auteur de la théorie naturelle du ciel, par Lomonossov (V.), qui découvrit la loi de la conservation de la matière et du mouvement, formula l’idée de l’évolution de la terre, etc. Les découvertes scientifiques et l’activité pratique de l’homme prouvèrent que rien n’est figé, rien n’est donné une fois pour toutes dans la nature.

A la fin du XVIIIe et au début du XIXe siècle, Hegel (V.) fit connaître sa théorie du développement dialectique. Sa doctrine sur l’évolution et le changement joua un rôle considérable dans le progrès de la dialectique.

D’après la dialectique hégélienne, le monde historique et spirituel tout entier est un seul processus en mouvement, changement, développement et transformation continus.

Les contradictions internes sont la source de cet automouvement. Hegel appliqua la dialectique à l’étude des concepts et des jugements, à la logique. Mais Hegel est idéaliste et son système dogmatique réactionnaire, conditionné par son étroitesse de classe, est en contradiction avec sa méthode dialectique.

Pour Hegel l’essence de l’être est dans l’autodéveloppement d’une « idée absolue » mystique. La conscience est, selon lui, le démiurge de la réalité, de la nature.

Ce n’est donc pas la conscience qui doit s’accorder avec le développement réel, mais la réalité elle-même qui devrait se soumettre aux constructions spéculatives de la philosophie hégélienne. La dialectique de Hegel n’avait pas encore de formes scientifiques. Ses formes scolastiques et mystiques défigurent la réalité et mettent tout la tête en bas.

Elle est entièrement tournée vers le passé, et non vers le présent et l’avenir ; dans le système hégélien, le développement, après avoir atteint un degré déterminé, s’arrête complètement. Abandonnant même ses principes dialectiques, Hegel affirme que la nature ne subit aucun changement.

La philosophie révolutionnaire russe du milieu du XIXe siècle marque une étape importante dans le développement de la conception du monde dialectique. Biélinski (V.), Herzen (V.), Tchernychevski (V.), et d’autres penseurs russes, en critiquant le caractère idéaliste et inconsistant de la dialectique hégélienne, s’efforcent de remanier la méthode dialectique, de la rendre matérialiste. Entre leurs mains, la dialectique est un instrument de lutte pour la transformation révolutionnaire de l’ordre social.

Cependant, ils ne réussissent pas à se délivrer entièrement de l’ancienne conception métaphysique. La dialectique ne devint une science qu’avec les idéologues du prolétariat Marx et Engels.

Les grands fondateurs du socialisme prolétarien créèrent la méthode dialectique marxiste, forme nouvelle de la dialectique, la seule scientifique. Leur dialectique a pour fondement inébranlable les sciences de la nature, notamment les trois grandes découvertes du XIXe siècle : la cellule, la loi de la conservation et delà transformation de l’énergie, le darwinisme.

Elle résulte d’une synthèse géniale de toute l’expérience humaine, en particulier de l’expérience de la lutte entre le prolétariat et la bourgeoisie. Ayant rejeté le système idéaliste réactionnaire de la philosophie hégélienne, Marx et Engels empruntent à la dialectique de Hegel son noyau rationnel, la doctrine du développement. La méthode dialectique marxiste est diamétralement opposée à la dialectique de Hegel : Marx et Engels prennent pour base non pas l’idée, mais la réalité matérielle.

La dialectique marxiste représente la théorie du développement la plus complète et la plus profonde. A l’opposé de Hegel, Marx et Engels considèrent la nature sous l’angle du changement et du développement. Dans l’« Anti-Dühring » (V.), la « Dialectique de la nature » (V.) et d’autres ouvrages, Engels examine sous leurs multiples aspects les problèmes de la dialectique dans les sciences de la nature.

En appliquant la dialectique matérialiste et le matérialisme philosophique à la science de la société, Marx et Engels bouleversèrent les idées admises sur la société, ils créèrent la théorie du matérialisme historique (V.). La dialectique matérialiste n’est pas seulement tournée vers le passé, mais vers le présent et l’avenir. Elle met au service du parti prolétarien la connaissance des lois objectives du développement.

La méthode dialectique marxiste se créa et se développa dans la lutte contre les théories métaphysiques des idéologues bourgeois et petits-bourgeois, contre les diverses théories évolutionnistes opportunistes qui considèrent le devenir comme un changement purement quantitatif sans suppression de l’ancien ni naissance du nouveau.

« Le Capital » (V.), œuvre maîtresse de Marx, ainsi que les travaux d’Engels : « Anti-Dühring », « Ludwig Feuerbach et la fin de la philosophie classique allemande » (V.) et autres, ont joué un rôle immense dans l’élaboration de la dialectique matérialiste. Lénine indique que dans « Le Capital » la dialectique, la logique et la théorie de la connaissance sont appliquées à l’analyse du mode de production capitaliste.

La dialectique matérialiste est une science qui se développe d’une façon créatrice. Elle s’est enrichie grâce à l’expérience nouvelle de la lutte du Parti communiste de l’Union Soviétique et de tout le prolétariat mondial, généralisée par Lénine, par son disciple et continuateur Staline et par d’autres disciples de Lénine.

Lénine et Staline approfondissent la dialectique dans la lutte contre le dogmatisme et l’éclectisme des menchéviks, des opportunistes de la IIe Internationale, contre les trotskistes, les boukhariniens et les autres ennemis du marxisme ; ils montrent que la dialectique, doctrine du développement historique multiforme et plein de contradictions, est le fondement philosophique d’un des principaux traits du marxisme — sa liaison organique avec la pratique.

En luttant contre le réformisme et l’opportunisme qui camouflaient leur essence métaphysique par une reconnaissance verbale du développement, Lénine et Staline élaborèrent sous tous ses aspects la concept ion dialectique du développement. Ils mirent en lumière la corrélation des formes évolutive et révolutionnaire du devenir et montrèrent le rôle des bonds révolutionnaires dans l’histoire de la société.

En particulier, les travaux de Lénine projettent une vive lumière sur le problème des contradictions, de la lutte des contraires en tant que « noyau de la dialectique », de la logique dialectique.

Le caractère créateur de la dialectique scientifique se manifeste dans la nécessité de concrétiser telle ou telle loi dialectique à l’occasion des nouvelles réalisations de la science et des nouvelles conditions historiques.

Marx et Engels mirent à nu principalement la dialectique de la société bourgeoise, qui n’est qu’un cas particulier de la dialectique prise en général. Les décisions et les documents du Parti communiste de l’Union Soviétique, qui font le bilan de la prodigieuse expérience de la lutte du parti pour le socialisme, les travaux de Lénine et de Staline constituent une vaste synthèse de la dialectique du passage du capitalisme au socialisme, de la dialectique du développement de la société socialiste.

La dialectique matérialiste est la science des lois générales du développement de la nature, de la société humaine et de la pensée. (V. Méthode dialectique marxiste.)


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