DEMOCRATIE POPULAIRE. Forme nouvelle d’organisation politique de la société, qui est née dans plusieurs pays d’Europe et d’Asie après la deuxième guerre mondiale, grâce à l’écrasement des impérialistes allemands et japonais par la coalition antifasciste, Union Soviétique en tête, et à la victoire du mouvement de libération des peuples.

La naissance et les progrès de la démocratie populaire ont pour condition fondamentale l’existence de la puissante Union Soviétique et les grands changements survenus dans le rapport des forces internationales, par suite de la victoire du socialisme en U.R.S.S. et de la défaite des agresseurs fascistes. Suivant des conditions concrètes, la démocratie populaire se développe en passant par des étapes différentes, et en conséquence, son contenu de classe change essentiellement.

La première est l’étape anti-impérialiste, antiféodale de la révolution, au cours de laquelle surgit la démocratie populaire en tant qu’organe du pouvoir révolutionnaire, qui, par son contenu, est une sorte de dictature de la classe ouvrière et de la paysannerie, où le rôle dirigeant appartient à la classe ouvrière. Une des particularités de ce pouvoir est de diriger sa pointe contre l’impérialisme, contre le fascisme.

Dans les pays du Centre et du Sud-Est de l’Europe, la démocratie populaire est née au cours de la lutte contre le fascisme intérieur et étranger, pour l’indépendance nationale et les libertés démocratiques. Cette lutte était partie intégrante de l’offensive des forces progressistes mondiales, U.R.S.S. en tête, contre les agresseurs hitlériens.

L’Union Soviétique a aidé les peuples de ces pays à se délivrer de l’esclavage fasciste, à conquérir l’indépendance nationale. L’Union Soviétique ne s’est jamais immiscée dans les affaires intérieures des autres pays, toutefois la présence de l’Armée soviétique a paralysé les forces de la réaction dans les pays d’Europe centrale et sud-orientale, stimulé l’énergie révolutionnaire des masses populaires, accéléré les processus historiques.

Profitant des conditions favorables créées par la victoire de l’Union Soviétique sur le fascisme, les masses populaires de ces pays, dirigées par leurs partis communistes et ouvriers, ont accompli la révolution au cours d’une lutte de classe implacable et instauré le régime de la démocratie populaire.

L’instauration de la démocratie populaire a signifié le renversement de la grande bourgeoisie industrielle et financière et des gros propriétaires fonciers, et le passage du pouvoir aux mains du peuple avec la classe ouvrière en tête, le pouvoir du peuple instauré, la classe ouvrière des pays d’Europe centrale et sud-orientale a concentré son attention sur l’achèvement des tâches démocratiques d’ordre général, et en premier lieu des tâches agraires, antiféodales.

Il fallait liquider les conséquences de la domination fasciste aussi bien dans l’économie que dans la vie politique, assurer la démocratisation conséquente de toutes les sphères de la vie sociale, procéder aux réformes agraires et en finir avec les vestiges des rapports féodaux. La transformation économique et sociale la plus importante accomplie à cette étape est la révolution agraire.

Les terres des seigneurs féodaux furent confisquées et transmises aux paysans selon le principe « la terre à celui qui la travaille », la classe des gros propriétaires fonciers fut liquidée, et la situation matérielle des paysans travailleurs, améliorée.

Les transformations agraires ont affermi la propriété paysanne de la terre et consolidé encore davantage l’alliance de la classe ouvrière et de la paysannerie laborieuse. En même temps furent confisqués les capitaux des grands monopoles étroitement liés au fascisme, réforme alors considérée comme une mesure démocratique d’ordre général, mais qui, assurément, affaiblissait le capitalisme et représentait un pas en avant vers le socialisme.

L’accomplissement des tâches démocratiques principales — défaite des forces fascistes, conquête de l’indépendance nationale et des libertés démocratiques, liquidation du féodalisme — signifiait que la première étape de la révolution, étape antiféodale et anti-impérialiste fut franchie dans l’essentiel. Il restait, certes, bien des objectifs démocratiques à atteindre, mais c’était maintenant l’objet d’une étape nouvelle, celle de la révolution socialiste.

Les contradictions entre la classe ouvrière et la bourgeoisie passèrent au premier plan. On était entré dans l’étape stratégique de la révolution socialiste.

La bourgeoisie, dans cette période, représentait encore une force sérieuse, du fait qu’elle était suivie par d’importantes couches petites-bourgeoises et semi-prolétariennes. Elle jouait un rôle actif dans la vie politique, avait ses partis à elle, sa presse, ses représentants au Parlement, au gouvernement et dans les autres organes du pouvoir.

Ses positions économiques étaient encore assez solides, nombre de banques, fabriques et usines restaient dans ses mains. Cependant elle devait sa force et son énergie non seulement à ses positions économiques et politiques intérieures, mais aussi au soutien de l’impérialisme étranger.

Inspirée du dehors, la bourgeoisie des pays européens de démocratie populaire poursuivait une lutte acharnée pour le pouvoir. Elle faisait obstacle à la réalisation des transformations démocratiques, s’attachait à renverser le pouvoir populaire et à instaurer sa propre dictature.

Pour consolider et étendre les conquêtes du peuple, il fallait écraser la bourgeoisie et résoudre définitivement la question du pouvoir, passer de la dictature de la classe ouvrière et de la paysannerie à la dictature de la classe ouvrière. La question du pouvoir est la question essentielle de la révolution socialiste.

Pour la résoudre il fallait tout d’abord arracher à l’influence de la bourgeoisie les masses populaires trompées par elle. Au cours d’une lutte longue et aiguë, les partis communistes et ouvriers ont dévoilé aux yeux des travailleurs les projets antipopulaires, antinationaux de la bourgeoisie, dénoncé les plans réactionnaires de ses chefs politiques et le travail de sape effectué par les partis bourgeois sur les indications des impérialistes étrangers ; ils ont ainsi ébranlé son influence parmi la population.

Ayant privé la bourgeoisie de son appui social, la classe ouvrière est parvenue à l’écraser politiquement : les partis bourgeois, au service des impérialistes étrangers, furent dissous, la presse bourgeoise interdite, les représentants de la bourgeoisie chassés du gouvernement et des administrations d’Etat.

En même temps, l’industrie, les banques, les transports, les P.T.T., les sources naturelles de matières premières et d’énergie furent nationalisés. Au cours de la lutte révolutionnaire fut brisé le vieil appareil d’Etat bourgeois et créé un appareil d’Etat nouveau, populaire, capable de remplir les fonctions de la dictature de la classe ouvrière.

La liquidation de la scission, la formation de partis ouvriers unifiés sur la base du marxisme-léninisme et la mise en déroute des agents de la bourgeoisie dans le mouvement ouvrier, — l’aile droite des partis socialistes, — ont revêtu une grande importance pour toute la vie sociale des pays de démocratie populaire.

Réalisées dans les pays européens de démocratie populaire, ces transformations économiques, sociales et politiques constituèrent la révolution socialiste, la dictature du prolétariat. La forme politique de la dictature de la classe ouvrière dans ces pays est le régime de la démocratie populaire.

La démocratie populaire a triomphé aussi dans plusieurs pays d’Orient : en Chine, en Corée et au Viêt-Nam. Ce fut là le résultat de la défaite des impérialistes allemands et surtout japonais, de l’affaiblissement du système capitaliste et de l’héroïque lutte de libération des masses populaires.

La victoire de la démocratie en Chine, en Corée, au Viêt-Nam a porté un nouveau et puissant coup à l’ensemble du système impérialiste. Le développement de la révolution dans ces pays présente quelques traits particuliers qui s’expliquent par l’état colonial ou semi-colonial (Chine) de ces pays auparavant soumis aux impérialistes, aux compradores et aux féodaux.

La Chine, la Corée et le Viêt-Nam ont vu s’ouvrir des perspectives immenses. Le peuple de Chine a enregistré des conquêtes particulièrement importantes. Les masses populaires de ce pays avaient depuis de longues années combattu pour les libertés démocratiques, l’indépendance nationale, la démocratie populaire.

La révolution chinoise comporte deux étapes : la première est celle de la démocratie nouvelle, révolution anti-impérialiste et antiféodale par son contenu, qui avait pour tâche de renverser la domination de l’impérialisme, du féodalisme et du capital bureaucratique, de transformer un pays semi-féodal, semi-colonial en un Etat de démocratie nouvelle. Les masses populaires de Chine, avec la classe ouvrière à leur tête, ont accompli cette tâche avec succès.

La création de la République populaire de Chine et la réalisation des transformations démocratiques fondamentales marquent l’achèvement, dans l’essentiel, de la première étape de la révolution chinoise et le début de sa deuxième étape — celle de la révolution socialiste, qui a pour tâche l’édification du socialisme.

La Chine comprend cinq formes d’économie : économie d’Etat, économie coopérative, petite production marchande, capitalisme d’Etat, capitalisme privé. Le peuple chinois travaille actuellement à construire le socialisme au moyen de l’industrialisation socialiste et de la création des coopératives en agriculture.

Le marxisme-léninisme enseigne que le chemin du capitalisme au socialisme passe par la révolution socialiste, au cours de laquelle la classe ouvrière s’empare du pouvoir, établit sa dictature, détruit le régime capitaliste et construit la société socialiste.

Lénine a souligné plus d’une fois que les formes politiques delà dictature du prolétariat peuvent être fort diverses. « Le passage du capitalisme au communisme ne peut évidemment pas ne pas fournir une grande abondance et une diversité de formes politiques ; mais leur essence sera nécessairement une : la dictature du prolétariat » (Lénine : Œuvres choisies en deux volumes, t. II, 1re partie, M. 1954, p. 220).

La démocratie populaire, c’est le pouvoir du peuple, c’est-à-dire le pouvoir de tous les travailleurs avec la classe ouvrière en tête. La classe ouvrière et la paysannerie constituent la base sociale de la démocratie populaire. L’alliance solide de la classe ouvrière et de la paysannerie est l’une des conditions décisives du succès dans la marche au socialisme. La classe ouvrière joue le rôle dirigeant dans cette alliance.

La base politique de la démocratie populaire est constituée par des organismes élus par le peuple, au suffrage universel, égal, direct, et au scrutin secret. La totalité du pouvoir politique leur appartient, de bas en haut.

Ces pays comptent plusieurs partis, cependant la force dirigeante y est représentée par les partis communistes, qui ne partagent ni ne peuvent partager la direction avec qui que ce soit. Bien que les gouvernements de certains pays de démocratie populaire soient des gouvernements de coalition, le rôle dirigeant y appartient entièrement à la classe ouvrière.

L’établissement de la dictature du prolétariat signifiait la solution des tâches politiques de la révolution socialiste, après quoi les pays européens de démocratie populaire ont pu entrer dans la période du passage du capitalisme au socialisme. A l’heure actuelle, dans ces pays existent deux espèces de propriété : la propriété socialiste et la propriété privée, chacune d’elles présentant deux formes.

La propriété socialiste est nationale ou coopérative. La propriété privée comprend, pour l’essentiel, la propriété des petits producteurs dont l’économie est basée sur le travail personnel, et partiellement, la propriété capitaliste basée sur l’exploitation de l’homme par l’homme.

Dans les pays européens de démocratie populaire il y a trois formes d’économie : socialisme, petite production marchande, et capitalisme. Trois classes leur correspondent : la classe ouvrière, la paysannerie, la bourgeoisie ; il y existe également une couche sociale intermédiaire, les intellectuels.

Les lois régissant le passage du capitalisme au socialisme dans les pays européens de démocratie populaire sont, dans l’essentiel, identiques à celles de la période de construction du socialisme en U.R.S.S. Les pays de démocratie populaire construisent avec succès le socialisme en se guidant sur la théorie du marxisme-léninisme, vérifiée par l’expérience du P.C.U.S., qui constitue la première « brigade de choc » du mouvement mondial délibération.

Toutes les théories sur le développement des pays de démocratie populaire, par la voie de l’« harmonie » et la « conciliation » des intérêts de classe, l’ « intégration pacifique » du capitalisme au socialisme, etc., sont antimarxistes, hostiles à la cause de l’édification socialiste.

Les questions fondamentales de l’édification du socialisme dans ces pays dépendent des mêmes lois générales, ce qui n’exclut pas l’originalité des formes cl des moyens de résoudre ces problèmes dans tel ou tel pays. Les pays de démocratie populaire sont l’arène d’une lutte de classe acharnée qui se déroule sur tous les plans : politique, économique, idéologique.

Les éléments réactionnaires, inspirés et soutenus par les impérialistes et leur valet fidèle, le Vatican, ont tenté plus d’une fois de renverser le pouvoir populaire. Tous les complots de la réaction intérieure et internationale furent liquidés, les agents ennemis mis hors d’état de nuire. Les travailleurs des pays de démocratie populaire luttent avec succès contre le sabotage des éléments bourgeois, contre le travail de sape des koulaks. On effectue un grand travail d’éducation des travailleurs dans l’esprit du socialisme, dans l’esprit de l’idéologie marxiste-léniniste.

Le régime de la démocratie populaire consolide l’alliance de la classe ouvrière et des masses laborieuses de la ville et de la campagne, entraîne celles-ci dans la lutte pour l’édification de la société socialiste. La classe ouvrière de ces pays applique avec esprit de suite le principe suprême de la dictature du prolétariat : l’alliance de la classe ouvrière avec la paysannerie, le rôle dirigeant appartenant à la classe ouvrière.

A l’heure qu’il est, les Etats de démocratie populaire mènent à bonne fin la tâche cardinale de la dictature de la classe ouvrière — organiser la construction du socialisme. S’appuyant sur les lois objectives de la vie économique, sur la loi de correspondance nécessaire entre les rapports de production et le caractère des forces productives (V.), le régime de la démocratie populaire détruit la vieille structure économique de la société, la structure capitaliste, et assure la formation de la structure socialiste.

Pour liquider le conflit engendré par le capitalisme entre le caractère social de la production et la forme privée de l’appropriation, l’Etat démocratique populaire réalise la socialisation des moyens de production. A mesure que les moyens de production sont socialisés, apparaît la loi économique fondamentale du socialisme (V.) qui étend de plus en plus la sphère de son action, ainsi que la loi du développement harmonieux (proportionnel) de l’économie nationale (V.). Ceci permet de généraliser toujours plus la planification de l’économie nationale.

Dans les pays de démocratie populaire, les premiers plans furent élaborés alors qu’une petite partie seulement des moyens de production était socialisée. Ces plans étaient établis pour une courte durée : un, deux ou trois ans. Leur tâche principale était d’assurer le relèvement de l’économie nationale.

Cette tâche fut réalisée dans tous les pays européens de démocratie populaire dès 1947-1948. Grâce aux progrès du secteur socialiste, par suite de la socialisation continue des moyens de production et de l’accroissement de la richesse sociale, la loi du développement harmonieux de l’économie nationale a étendu la sphère de son action, et les possibilités de planification se sont élargies.

Dans les pays européens de démocratie populaire furent élaborés des plans à long terme, pour 5 ou 6 ans, dont la tâche économique et politique essentielle est de jeter les fondements d’une économie socialiste.

L’enthousiasme des travailleurs, la politique juste des partis communistes de ces pays, l’aide de l’Union Soviétique, permettent de réaliser ces plans avec succès. L’Union Soviétique prête aux pays de démocratie populaire l’assistance la plus variée à des conditions avantageuses.

Elle leur accorde des crédits, leur fournit à des prix modiques un équipement technique de premier ordre et des matières premières, leur achète leurs marchandises, leur apporte une aide scientifique et technique importante. Le marché mondial socialiste qui s’est formé à l’heure actuelle, contribue puissamment au progrès économique des pays de démocratie populaire, les défend contre la pression économique des pays du capital.

A l’heure actuelle, toute l’attention des pays de démocratie populaire est concentrée sur la création de la base matérielle du socialisme. A cette fin, dans tous les pays de démocratie populaire en Europe et dans la République populaire chinoise, on effectue l’industrialisation socialiste. Les travailleurs de ces pays ont remporté de grands succès dans le développement de l’industrie : les vieilles fabriques et usines ont été reconstruites, on a bâti un grand nombre de nouvelles entreprises métallurgiques, énergétiques, chimiques, de constructions mécaniques, et autres. Le potentiel économique des pays de démocratie populaire s’accroît de façon continue.

S’inspirant de la doctrine léniniste sur la transformation socialiste de la campagne, et de l’expérience du Parti communiste de l’Union Soviétique, les partis communistes des pays de démocratie populaire créent peu à peu les conditions du passage à la coopération dans l’agriculture. Dans tous ces pays existent déjà des coopératives agricoles de production dont le nombre augmente d’année en année, on y organise des S.M.T. Le mouvement coopératif a pris une grande ampleur.

Pour coordonner les efforts économiques et l’entraide des pays du camp socialiste, a été institué un Conseil d’entraide économique. Les pays de démocratie populaire ont beaucoup fait pour élever le niveau matériel et culturel des travailleurs. Le salaire des ouvriers et le traitement des travailleurs intellectuels ont augmenté, on a institué les assurances sociales, les congés payés, etc.; le bien-être des paysans s’est accru.

Un grand travail se fait pour liquider l’analphabétisme; le réseau des écoles primaires et secondaires s’est considérablement élargi. Les établissements d’enseignement supérieur sont largement ouverts aux enfants des ouvriers, des paysans et des travailleurs intellectuels. Les pays de démocratie populaire, forts de la doctrine léniniste-stalinienne et de l’expérience de l’U.R.S.S., ont résolu la question nationale sur une base démocratique et renforcent l’amitié entre les peuples.

Sur le plan extérieur, les pays de démocratie populaire mènent une politique de paix, luttent activement, en commun avec l’U.R.S.S., pour la paix, contre les instigateurs de guerre. Unis autour des partis communistes et ouvriers, les travailleurs de ces pays resserrent leur amitié avec l’U.R.S.S., édifient avec succès le socialisme en dépit des menées des impérialistes.

L’expérience historique des pays d’Europe centrale et sud-orientale, de la République populaire chinoise, de la République démocratique populaire de Corée et de la République démocratique du Viêt-Nam a montré la vitalité de la démocratie populaire, forme nouvelle du pouvoir populaire. Les pays de démocratie populaire sont de nouvelles « brigades de choc » du mouvement international de libération. Leurs succès consolident le front de la démocratie et du socialisme.


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