La revue Communisme #13 en anglais
Nous voulons ici saluer la figure de Friedrich Engels, à l’occasion du 200e anniversaire de sa naissance le 28 novembre 1820 !
Nous le faisons d’autant plus volontiers que Friedrich Engels a été d’une abnégation complète et d’une grande humilité. Il avait compris que Karl Marx était parvenu à forger une vision du monde scientifique et il s’est mis pour cette raison entièrement à son service.
Friedrich Engels est par conséquent une figure dans l’ombre de l’immense Karl Marx, notre maître, mais une figure exemplaire. Il mérite d’être mis en lumière, d’autant plus qu’en raison du développement inégal, un rôle d’importance lui a été attribué.
Karl Marx s’est en effet précipité dans ses études matérialistes historiques, dont le célèbre Capital. Pour cette raison, il a mis de côté les études portant sur le développement des sciences naturelles et c’est Friedrich Engels qui s’en est chargé, en étant bien entendu supervisé. C’est dans ce cadre que Friedrich Engels a écrit sur la dialectique de la nature.
Nous affirmons par conséquent que les figures de Karl Marx et Friedrich Engels sont inséparables. C’est un point sur lequel nous ne saurions insister assez en ce bicentenaire de la naissance de Friedrich Engels.
Lorsque Friedrich Engels écrit sur la dialectique de la nature, il le fait en liaison avec Karl Marx, au service de Karl Marx. La relecture d’un Karl Marx simplement « matérialiste historique » relève de la fiction, de la trahison de ce qu’a été le tandem Karl Marx-Friedrich Engels.
Une telle relecture est d’ailleurs courante précisément parce qu’elle sert la bourgeoisie. La littérature bourgeoise pullule d’affirmations selon lesquelles Friedrich Engels aurait modifié la démarche de Karl Marx, comme quoi il en aurait fait un dogme.
Friedrich Engels serait à l’origine d’une lecture « totalitaire » en affirmant l’universalité de la dialectique. L’objectif est de briser le marxisme de l’intérieur en opposant Karl Marx à Friedrich Engels et inversement. Les classiques du marxisme – Marx, Engels, Lénine, Staline et Mao Zedong – ont quant à eux toujours souligné que Karl Marx et Friedrich Engels forment un tout parfaitement cohérent.
Honorer Friedrich Engels, c’est donc souligner qu’il est indissociable de Karl Marx et en même temps affirmer la dialectique de la nature comme vision du monde communiste.
Ne pas le faire, c’est avoir la même position que la social-démocratie de la fin du XIXe siècle et nous pouvons voir qu’une telle position est courante pour ne pas dire systématique à travers le monde dans les mouvements se réclamant du marxisme. C’est très lourd de sens selon nous, cela montre la force de l’idéologie bourgeoise.
Friedrich Engels a joué un rôle très important dans ses contributions à Karl Marx et au marxisme, en généralisant les précisions sur le matérialisme dialectique, notamment avec ses nombreux feuillets sur la « dialectique de la nature », que les archivistes sociaux-démocrates avaient cependant mis de côté. Friedrich Engels fut lui-même un acteur de la fondation de la seconde Internationale (1889-1914), qui rassembla les organisations politiques du mouvement ouvrier.
La dialectique de la nature était toutefois considérée comme une question au mieux secondaire, alors que de toutes façons de nombreux Partis récusaient le marxisme, comme le Parti Ouvrier Belge et le Parti Socialiste Section Française de l’Internationale Ouvrière.
Heureusement, ces écrits sur la dialectique de la nature furent publiés en URSS dans les années 1920. Cela souligne le rôle très important de Lénine et de l’URSS de Staline pour remettre les choses à leur juste place. Ne pas valoriser cette étape, c’est pratiquer le révisionnisme ! C’est nier la substance du marxisme !
Et c’est là le cœur de la question. Ceux qui ont réussi à transformer le monde l’ont fait précisément en s’appuyant sur la dialectique de la nature.
Lénine insista particulièrement sur la nécessité d’avoir le matérialisme dialectique comme vision du monde ; son écrit intitulé Matérialisme et empirio-criticisme est un manifeste en ce sens. Ce fut la base de l’idéologie du Parti bolchévik.
Staline systématisa de manière très pédagogique cette vision du monde et il fit en sorte qu’à tous les niveaux, le matérialisme dialectique soit le fondement des recherches scientifiques dans tous les domaines en URSS. Le révisionnisme de Khrouchtchev a consisté en la négation du matérialisme dialectique, à tous les niveaux.
La Chine populaire, avec Mao Zedong, a maintenu debout le drapeau du matérialisme dialectique, plus particulièrement à partir de la Grande Révolution Culturelle Prolétarienne, qui a amené de grandes avancées dans sa compréhension.
Il en fut de même pour le Parti Communiste du Pérou dirigé par Gonzalo, dont voici les principes basiques exposés dans le programme de 1988, le premier principe portant précisément et évidemment sur le matérialisme dialectique :
« La contradiction, seule loi fondamentale de la transformation incessante de la matière éternelle ;
Les masses font l’histoire et « on a raison de se révolter » ;
Lutte de classe, dictature du prolétariat et internationalisme prolétarien ;
La nécessité pour le Parti communiste marxiste-léniniste-maoïste d’appliquer fermement l’indépendance, les propres décisions et l’autosuffisance ;
Combattre l’impérialisme, le révisionnisme et la réaction de manière indélébile et implacable ;
Conquérir et défendre le pouvoir avec la guerre populaire ;
La militarisation du Parti et la construction concentrique des trois instruments de la révolution ;
La lutte de deux lignes comme force motrice du développement du parti ;
La transformation idéologique constante et toujours mettre la politique au poste de commande ;
Servir le peuple et la révolution prolétarienne mondiale ; et
Désintérêt absolu et un style de travail juste et correct. »
Tout cela est juste. Le matérialisme dialectique est la vision du monde des communistes : en réfuter les fondements, c’est récuser le communisme, c’est nier que la matière va au communisme comme l’a toujours souligné le Parti Communiste du Pérou.
Nous pensons qu’il est opportun ici de donner l’exemple d’une réfutation tout à fait typique dans son anticommunisme et pour cette raison mentionnant naturellement Friedrich Engels. Le groupe français d’ultra-gauche « Parti Communiste Maoïste » dénonçait le PCF(mlm) en 2012 en ces termes justement :
« Le p « c » « mlm » prétend détenir la vérité dans tous les domaines, être le parti de la science.
Il avance la thèse de l’inéluctable marche vers le communisme de l’Univers et d’autres déclarations délirantes du même acabit.
Il confond souvent les hypothèses et les lois avérées qui sont d’ailleurs relatives aux connaissances acquises, complétées, modifiées ou rendues obsolètes par de nouvelles découvertes.
Il se prend pour le nouvel Engels et le théoricien d’une «nouvelle» «Dialectique de la Nature». Il est vrai que le p « c » « mlm » est plus mégalomane que modeste.
Qu’il s’en tienne à la vulgarisation de thèses scientifiques ou indique les
meilleures vulgarisations mais un peu de modestie et de prudence en matière de science ou de jugement culturel. »
On a ici des critiques que connaissaient déjà le marxisme et Friedrich Engels : le matérialisme dialectique serait une mystique, il ne faut pas aborder les questions scientifiques d’un point de vue communiste, le Parti ne doit pas avoir un avis dans tous les domaines il faut en rester à un relativisme prudent, etc.
Ce sont précisément ces réfutations empirio-criticistes, empiristes– critiques, simplement fondées sur l’expérience immédiate et une sorte de critique subjectiviste, que dénonçait Lénine ! Ce sont précisément ces conceptions qui ont été écrasées en URSS avec Staline, le matérialisme dialectique étant considéré comme le seul moyen d’analyser la réalité. Ce sont précisément ces conceptions qui ont été combattues durant la Grande Révolution Culturelle Prolétarienne !
Qui est communiste transforme la réalité et qui transforme la réalité saisit que le mouvement est dialectique tout le temps et partout. C’est parce qu’ils étaient des révolutionnaires concrets que Karl Marx et Friedrich Engels ont pu porter l’idéologie communiste.
Qui reconnaît véritablement la dignité du réel saisit l’universel dans le particulier et comprend la nature dialectique de la matière éternelle.
Pour les révisionnistes, le matérialisme dialectique est une fantasmagorie, une aventure intellectuelle, une chose à combattre, car à l’arrière-plan la bourgeoisie est à l’œuvre et pour elle la reconnaissance de l’universalité de la dialectique est à la fois incompréhensible et criminelle.
La dialectique, comme la lutte armée, représente pour la bourgeoisie sa négation.
Voilà pourquoi il y a une pression gigantesque contre tout ce qui s’y rattache, tout ce qui la porte. Honorer Friedrich Engels en son bicentenaire a ainsi une portée révolutionnaire, car c’est honorer celui qui a joué un rôle notable dans la mise en place du dispositif idéologique communiste, qui a contribué à mettre en place le matérialisme dialectique.
Honorer Friedrich Engels, c’est le considérer comme un classique, aux côtés de son frère d’armes Karl Marx, de Lénine et de Staline, de Mao Zedong.
Honorer Friedrich Engels, c’est arborer, défendre et appliquer le matérialisme dialectique !
Centre Marxiste-Léniniste-Maoïste de Belgique
Parti Communiste de France (marxiste-léniniste-maoïste)
Novembre 2020