CROCE Benedetto (1866-1952). Philosophe italien, idéologue de la bourgeoisie impérialiste. Dès la fin du XIXe siècle, il avait entrepris la « critique » du marxisme. Plékhanov (V.) qualifiait Croce d’adversaire résolu de la méthode dialectique et du matérialisme.

Pour l’idéaliste absolu Croce rien n’existe réellement, sauf l’esprit. L’histoire, c’est le développement de l’esprit. Ce qui distingue la philosophie de Croce de celle de Hegel (V.) c’est l’influence profonde de Kant et l’élimination du noyau rationnel que contient la méthode dialectique hégélienne. Il considère l’économie comme un degré du développement de l’esprit.

Croce nie catégoriquement la possibilité d’une science économique et rejette les lois économiques objectives.

Sa théorie économique, qui n’a rien à voir avec la science, est une apologie de l’exploitation capitaliste et de l’anarchie de la production. Dans son éthique, il cherche à masquer les bases sociales de la morale et son caractère de classe.

S’ingéniant à estomper le caractère antagonique irréductible de la société capitaliste, il oppose à la lutte de classes le « principe éthique » de la soumission de l’individu au « général », c’est-à-dire au régime d’exploitation dominant. L’esthétique de Croce, fondée sur des principes purement idéalistes, a exercé une grande influence sur la théorie bourgeoise contemporaine de l’art.

Malgré son « opposition » au fascisme, sa philosophie représentait une des sources immédiates de l’idéologie du fascisme italien. La longue carrière philosophique de Croce reflète l’évolution de l’idéologie bourgeoise : il débuta en idéologue du libéralisme, lança des appels en faveur de la renaissance de la culture nationale italienne et défendit les libertés démocratiques bourgeoises, mais il finit en ennemi de ces libertés.

Les travaux d’Antonio Gramsci, fondateur du Parti communiste italien, contiennent une critique profonde de la philosophie de Croce dont il dénonce le rôle réactionnaire.

CULTURE. Ensemble des valeurs matérielles et spirituelles créées par l’humanité au cours de son histoire. La culture est un phénomène social qui représente le niveau atteint par la société à telle étape historique : progrès technique, expérience de production et de travail, instruction, éducation, science, littérature, arts et institutions qui leur correspondent.

Dans un sens plus étroit, on comprend sous le terme de culture l’ensemble des formes de la vie spirituelle de la société, qui naissent et se développent sur la base du mode de production des biens matériels (V.) historiquement déterminé. Aussi entend-on par culture le niveau de développement atteint par la société dans l’instruction, la science, la littérature, l’art, la philosophie, la morale, etc., et les institutions correspondantes.

Parmi les indices les plus importants du niveau culturel à telle étape historique, il faut noter le degré d’utilisation des perfectionnements techniques et des découvertes scientifiques dans la production sociale, le niveau culturel et technique des producteurs des biens matériels, ainsi que le degré de diffusion de l’instruction, de la littérature et des arts parmi la population.

Le marxisme-léninisme a été le premier à résoudre scientifiquement le problème de la culture et de son contenu historique et social ; il a montré que l’activité spirituelle de l’homme est fonction des conditions de la vie matérielle de la société, du caractère du régime social et politique.

Les idéalistes estiment que le développement de la culture est fondé non sur la production matérielle, mais sur la conscience, l’esprit, l’activité de personnalités de génie, etc. Ils affirment que la culture n’a rien à voir avec la lutte de classes, la politique, l’histoire des masses laborieuses.

Le marxisme-léninisme combat implacablement toutes les théories idéalistes tendant à prouver que la culture bourgeoise est immuable, cherchant à dissimuler son caractère de classe et à justifier la politique impérialiste pratiquée par la bourgeoisie pour opprimer les peuples faibles, étouffer et asservir leur culture ; il combat les tentatives de camoufler cette politique sous les slogans du cosmopolitisme (V.), des kulturtraeger, etc.

En établissant que la culture est un phénomène social, le marxisme-léninisme part de la thèse fondamentale du matérialisme historique selon laquelle le mode de production des biens matériels conditionne toute la vie sociale, politique et spirituelle.

L’évolution du mode de production des biens matériels conditionne la transition d’un ordre social donné et de sa culture, à un autre ordre social, supérieur, et à la culture que ce dernier engendre. Ainsi, la culture est un phénomène historique, qui se développe. Ce sont les lois du développement des modes de production, des forces productives et des rapports de production, qui sont à la base du devenir de la culture matérielle et spirituelle de la société.

Ce sont donc des lois objectives qui gouvernent le développement de la culture, celui-ci ne dépend pas du bon plaisir, de la volonté des hommes. Une nouvelle culture n’apparaît que si les conditions objectives de la vie matérielle de la société sont mûres.

En outre, toute nouvelle culture est historiquement liée à la culture du passé.

La filiation historique dans le développement de la production matérielle est à la base de la filiation dans le développement de la culture matérielle et spirituelle.

Lénine enseignait que « la culture prolétarienne doit être le développement logique de la somme des connaissances élaborées par l’humanité sous le joug de la société capitaliste, de la société des grands propriétaires fonciers, de la société bureaucratique » (« Les tâches des fédérations de la jeunesse » M. 1954, p. 12).

Dans une société antagonique, la culture spirituelle est une culture de classe. La culture dominante est celle de la classe dominante. Se développant sur la base des contradictions sociales, elle est un instrument de lutte des classes. Dans cette lutte les diverses classes, pour atteindre leurs objectifs, usent de moyens culturels tels que l’école, la science, la presse, les arts, etc.

A mesure que les nations apparaissent et évoluent, la culture acquiert un caractère national et se développe sous des formes nationales. Ces formes sont : la langue nationale, la spécificité psychique de la nation ou le caractère national, les traditions nationales, le mode d’existence, etc. En régime capitaliste, on distingue deux cultures dans chaque culture nationale.

A côté de la culture dominante, bourgeoise par son contenu, chaque culture nationale comporte des éléments démocratiques et socialistes, car au sein de chaque nation les conditions d’existence de la masse travailleuse et exploitée engendrent nécessairement une idéologie démocratique et socialiste.

La lutte des éléments démocratiques et socialistes contre la culture bourgeoise reflète la lutte que poursuivent les travailleurs et les exploités sous la direction de la classe ouvrière et de son parti internationaliste contre la bourgeoisie, contre le nationalisme bourgeois.

Dans la culture socialiste, créée par la classe ouvrière et les masses laborieuses, la dictature du prolétariat une fois conquise, les traditions progressistes, démocratiques, révolutionnaires et nationales s’harmonisent avec les intérêts vitaux, communs aux travailleurs de toutes les nations.

La langue représente un élément important de la forme nationale de la culture. Mais il existe une distinction notable entre la culture dans son ensemble et la langue : dans une société de classe la culture revêt un caractère de classe, tandis que la langue n’a pas un caractère de classe, elle est commune à la nation entière.

La langue peut servir indifféremment la culture bourgeoise et la culture socialiste. En outre, quand apparaît un nouvel ordre social, la culture change, tandis que la langue ne varie pratiquement pas au cours de plusieurs périodes sociales. (V. Langue.)

La spécificité psychique d’une nation, les particularités spirituelles des hommes constitués en nations, trouvent leur expression dans les particularités des cultures nationales. Etant un des traits essentiels delà nation, la spécificité psychique est aussi une des formes de la culture nationale. Elle exprime la communauté des conditions de vie des hommes appartenant à cette nation ; dans la société de classe, la différence de situation et de conditions d’existence des classes se reflète dans la différence de leur psychologie sociale.

Les particularités de la culture nationale se manifestent également dans le mode de vie des hommes. Celui-ci, comme une des formes de la culture nationale, est l’expression des habitudes qui se sont formées historiquement, chez un peuple donné, sur la base des rapports sociaux et familiaux propres à ce peuple, des mœurs, coutumes, traditions, rites, mode de création des conditions de vie (habitation, vêtements, etc.) hérités du passé ou nouveaux.

A mesure que l’ordre social évolue et change, des transformations s’opèrent dans le mode de vie social et individuel des hommes.

La lutte de classes qui a pour conséquence de détruire l’ancien régime social et d’en instaurer un nouveau, entraîne nécessairement le remplacement d’une culture périmée par une culture nouvelle, plus avancée et plus progressiste. La culture socialiste prend la défense de toutes les magnifiques réalisations culturelles des époques antérieures et les féconde à l’expérience de la lutte pour une transformation révolutionnaire de la société, pour le communisme.


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