CRITIQUE ET AUTOCRITIQUE. Méthode qui permet aux partis marxistes et autres organisations de travailleurs de déceler et de surmonter les erreurs et les insuffisances de leur activité. Dans la société soviétique la critique et l’autocritique sont une des principales forces motrices du progrès.
Une des particularités qui distingue la révolution prolétarienne des révolutions précédentes, indiquait déjà Marx, c’est que pour progresser avec succès, elle se soumet à l’autocritique.
Cette thèse de Marx fut développée dans des conditions nouvelles par Lénine et Staline qui définirent l’autocritique comme un trait propre au parti authentiquement prolétarien, le distinguant des partis réformistes et opportunistes.
Pour Lénine l’absence de crainte vis-à-vis de la critique et de l’autocritique est un des plus importants principes du parti communiste. En démasquant les menchéviks, les socialistes-révolutionnaires, les partisans de Kautsky et autres ennemis du marxisme, Lénine démontrait que la crainte de la critique et de l’autocritique est à l’origine de la putréfaction de leurs partis, que l’autocritique est une nécessité absolue pour tout parti sain et vivant.
Les partis qui travaillent sans contact avec les masses laborieuses s’enferment dans leur coquille, craignent la critique et l’autocritique. Un parti véritablement prolétarien, qui représente l’avant-garde de combat de la classe ouvrière et de toute la masse des travailleurs, éduque ses propres cadres, ainsi que les masses populaires en critiquant les erreurs et les insuffisances, et, à l’aide de la critique et de l’autocritique, surmonte les obstacles qui barrent la route de la victoire.
Dès les premiers jours de l’existence de l’Etat soviétique, le parti communiste mit la critique et l’autocritique au service du nouveau pouvoir et en fit une arme puissante dans la lutte pour le socialisme.
Toutefois, à l’époque où les classes exploiteuses existaient encore en U.R.S.S., la loi fondamentale du développement de la société soviétique trouvait son expression dans la lutte de classes. A l’antagonisme de classes correspondaient des formes déterminées de lutte en vue de surmonter cet antagonisme.
Le triomphe du socialisme en U.R.S.S. a complètement changé la situation. Les classes exploiteuses ont été supprimées. La classe ouvrière et la paysannerie sont désormais des classes nouvelles dont l’activité s’appuie sur l’économie socialiste unique, et qui collaborent étroitement entre elles ainsi qu’avec la nouvelle intelligentsia soviétique.
L’unité morale et politique de la société soviétique est un fait accompli. Cela signifie que les antagonismes sociaux propres à l’ordre capitaliste, et la lutte de classes acharnée qui en résulte, ont disparu à tout jamais au pays des Soviets.
Ce serait cependant une erreur de croire qu’en U.R.S.S., les classes antagoniques et les contradictions qui leur sont inhérentes étant liquidées, toute contradiction a disparu dans la société soviétique. Sans apparition et élimination de contradictions, il n’y a pas de progrès possible.
Aujourd’hui, dans la période de l’achèvement de l’édification socialiste et de la transition graduelle au communisme, il est nécessaire au pays des Soviets d’éliminer un certain nombre de contradictions, parmi lesquelles la contradiction entre le mode d’existence nouveau, socialiste, des masses, et les survivances du capitalisme dans la conscience, la psychologie et les mœurs.
On ne saurait construire le communisme sans lutte entre le nouveau et l’ancien, entre les éléments progressistes et conservateurs, sans vaincre les velléités antiétatiques, le bureaucratisme, les survivances du nationalisme, l’attitude non socialiste de certains Soviétiques envers la propriété collective et le travail, sans lutter contre tout ce qui entrave le progrès.
Ainsi, la société soviétique se développe en surmontant les contradictions. Toutefois, il ne s’agit plus des anciennes contradictions de la société capitaliste, qui engendrent une lutte de classes acharnée et des révolutions politiques. Les contradictions internes de la société soviétique ne sont pas dénature antagonique : derrière elles il n’est point de classes antagonistes défendant des intérêts foncièrement opposés.
Ces contradictions non antagoniques se manifestent dans le cadre de la communauté de tous les travailleurs.
Le nouveau contenu des contradictions de la société soviétique donne naissance à des formes, des moyens nouveaux pour les surmonter. L’ancienne notion de « lutte » reçoit un contenu nouveau.
Le centre de gravité se transporte sur les méthodes d’éducation communiste, sur la persuasion par l’exemple, ce qui n’exclut bien entendu pas l’usage des méthodes coercitives, de la contrainte envers celui qui se rendrait délibérément coupable d’infractions aux règles de la vie socialiste, envers les rares ennemis, encore existants, du peuple soviétique.
La nouvelle forme historique de solution des contradictions dans la société soviétique, l’arme la plus acérée qui permet au parti de déceler ces contradictions et de les éliminer, ce sont la critique et l’autocritique.
A l’opposé de la société capitaliste dont le développement est spontané et dans laquelle les crises règlent la production, la société soviétique est fondée sur le développement planifié de la production.
Le Parti et l’Etat établissent des plans de développement de l’économie et de la culture socialistes strictement adaptés aux exigences des lois économiques objectives du socialisme. L’U.R.S.S. possède toutes les conditions et possibilités objectives pour aller de l’avant : les ressources naturelles, le pouvoir politique de la classe ouvrière, qui utilise ces ressources dans l’intérêt du peuple, le régime soviétique qui ignore les plaies incurables du capitalisme, le parti communiste qui dirige la marche en avant de la société. Il ne reste plus qu’à profiter de ces possibilités.
Cela ne dépend que des hommes, de leur volonté de travailler pour le bien de la patrie.
Aussi conçoit-on l’importance de la critique et de l’autocritique, moyens de combat contre toutes les insuffisances dans le travail: routine, lenteur, bureaucratisme, répugnance au nouveau mode de travail, contre tout ce qui entrave l’exécution des plans du parti communiste et de l’Etat soviétique.
L’importance de la critique et de l’autocritique en tant que force motrice de la société soviétique consiste en ce qu’elles permettent de frayer la voie, de balayer les obstacles qui empêchent le propres ; elles permettent aux possibilités objectives de la marche en avant, vers le communisme, de devenir plus vite réalités.
Ce rôle de la critique et de l’autocritique s’exprime parfaitement dans l’émulation socialiste, forme de la lutte des masses travailleuses pour élever la productivité du travail, et, par conséquent, atteindre le stade supérieur du communisme. Les masses populaires pour qui, en régime socialiste, l’essor de la productivité du travail est d’un intérêt vital, soumettent à la critique le niveau de productivité déjà atteint et recherchent de nouveaux moyens de rendre leur effort de production plus efficace, etc.
L’ouvrier d’avant-garde, qui dépasse de beaucoup la norme établie, soumet par là même à la critique son voisin retardataire et l’aide à mieux travailler, à s’élever au niveau des travailleurs d’avant-garde. L’émulation socialiste est l’expression de l’autocritique révolutionnaire pratique des masses.
Formes nouvelles de lutte du nouveau contre l’ancien, instruments propres à éliminer les contradictions, la critique et l’autocritique découlent de la nature même de l’Etat soviétique, qui représente la forme supérieure de la démocratie, la démocratie socialiste. L’Etat soviétique est l’Etat des masses laborieuses ; c’est ce qui fait sa force.
Aussi, la marche en avant de la société soviétique ne peut se poursuivre avec succès que si les masses participent activement à l’édification de la vie nouvelle, décèlent toutes les insuffisances et les critiquent, c’est-à-dire à condition que la critique vienne de la base. La critique venant de la base, des larges masses laborieuses, est d’une importance primordiale.
C’est par là que se manifestent l’énergie et l’initiative créatrice du peuple soviétique, son sentiment de responsabilité envers le pays.
Quand on souligne le rôle énorme de la critique et de l’autocritique, il est nécessaire de considérer que seule la critique qui est de nature à multiplier les forces de la société soviétique — et non pas n’importe quelle critique — constitue la force motrice du progrès.
Il faut établir une distinction rigoureuse entre la pseudo-critique provenant d’éléments hostiles et se proposant d’imposer des vues anticommunistes, étrangères aux Soviétiques, et la critique authentique, dont le but est de renforcer la cause du communisme.
Le XIXe congrès du Parti a porté une grande attention à la critique et à l’autocritique et à leur rôle dans la consolidation et le développement du régime soviétique. Le rapport sur l’activité du Comité Central indique que là où la critique et l’autocritique sont reléguées à l’arrière-plan, là où la critique venant de la base est faiblement développée, apparaissent inévitablement des difformités telles que le bureaucratisme, la corruption et même la désagrégation de certains chaînons de notre appareil administratif.
Tenant compte du rôle immense de la critique et de l’autocritique dans le développement de la société soviétique, le XIXe congrès du Parti a inclus dans les Statuts du Parti communiste de l’Union Soviétique un article qui fait aux membres du parti un devoir de « développer l’autocritique et la critique venant de la base, de dénoncer les insuffisances dans le travail et les éliminer, de lutter contre l’optimisme officiel et la griserie du succès dans le travail.
Bâillonner la critique est un mal grave. Quiconque étouffe la critique, lui substitue la pompe et la louange, se met hors des rangs du parti ».
La critique et l’autocritique sont d’une importance capitale pour le développement de la science, de la littérature et des arts, qui ne peuvent progresser sans discussions fécondes, sans lutte d’opinions ni liberté de critique. La critique et l’autocritique sont un moyen de faire participer les larges masses à la construction du communisme, elles aident les Soviétiques à vaincre les survivances de l’idéologie bourgeoise.