CRITERE DE LA VERITE. Preuve de la validité de nos connaissances, indice qui confirme la justesse de nos idées et montre dans quelle mesure nos sensations, représentations, concepts correspondent à la réalité objective.

Pour l’idéalisme, le critère de la vérité réside non dans la concordance entre les théories et la réalité objective, mais dans les sensations, les idées du sujet, dans la « clarté et la netteté » des notions, etc. Ainsi, les machistes, qui prennent pour critère l’« expérience », la comprennent non à la manière matérialiste, non comme un résultat de l’interaction de l’homme et de la nature au cours de la transformation pratique de celle-ci, mais comme une somme de sensations, comme des états subjectifs de l’homme.

Il s’ensuit que les sensations devraient être vérifiées par les sensations mêmes. Pour sortir de l’impasse du solipsisme (V.), les machistes déclarent que le critère de la vérité réside dans « l’expérience collectivement organisée ».

De ce point de vue, n’est vrai que ce qui a une « valeur universelle », ce qui est reconnu de tout le monde. Lénine a dénoncé ce subterfuge idéaliste et montré que du point de vue de « l’expérience socialement organisée », il est facile de justifier les idées les plus absurdes et les plus fantastiques, par exemple la croyance aux diables, aux loups-garous, etc., puisqu’elle est aussi une forme de « l’expérience » humaine.

La religion a de même une « valeur universelle », car des millions de gens croient en Dieu, aux miracles, etc. Mais elle n’en devient pas pour autant une vérité. La conception machiste du « critère de la vérité » prédomine dans la philosophie bourgeoise contemporaine.

La philosophie marxiste est la seule à doter la connaissance humaine d’un critère scientifique pour distinguer la vérité de l’erreur, pour soumettre chaque vérité à une vérification exacte et sûre. Ce critère, c’est la pratique humaine, l’activité des hommes dans la production, l’industrie, l’action révolutionnaire des masses.

En mettant la pratique à la base de la connaissance et du critère de la vérité, le marxisme a opéré une révolution dans la gnoséologie. Le matérialisme prémarxiste était un matérialisme contemplatif qui ne reliait pas la connaissance à la pratique, à l’activité des hommes.

Les rares matérialistes qui proposaient la pratique comme critère de la vérité, s’en faisaient une conception étroite excluant la pratique historique, l’activité des hommes dans la production. Le marxisme a été le premier à démontrer le lien indissoluble entre la connaissance et la pratique et à fournir la solution juste de ce problème. « La question de savoir si la pensée humaine peut aboutir à une vérité objective, n’est point une question théorique, mais une question pratique.

C’est dans la pratique que l’homme doit prouver la vérité, c’est-à-dire la réalité et !a puissance, l’en deçà de sa pensée. Le débat sur la réalité ou l’irréalité d’une pensée dissociée de la pratique, est une question purement scolastique » (Marx : « Thèses sur Feuerbach », in Engels : « Ludwig Feuerbach et la fin de la philosophie classique allemande », M. 1946, pp. 71-72).

Le marxisme a mis à nu l’absurdité de l’agnosticisme qui nie la possibilité d’une connaissance certaine. Si nos connaissances sont confirmées par la pratique, elles ont valeur de certitudes, aucun agnosticisme ne peut les réfuter.

Les vitalistes, par exemple, et autres ennemis de la science ont beau discourir sur leur mystérieuse « force vitale » qui présiderait à la vie des organismes : les hommes, conscients des lois objectives réelles de l’évolution organique et sachant les appliquer, ont démontré par là l’inconsistance totale du vitalisme.

La doctrine mitchourinienne (V.) a ouvert à l’homme des voies pour modifier les plantes et les animaux. Mitchourine (V.) a donné la meilleure confirmation pratique de sa théorie en créant de nombreuses variétés nouvelles de fruits.

La pratique est la pierre de touche de toute théorie. Elle a démasqué la fausse science des weismanistes-morganistes et confirmé la justesse de la doctrine mitchourinienne. Il en va de même dans tous les domaines delà connaissance scientifique, y compris les sciences sociales. Les idéologues de la bourgeoisie considéraient le socialisme scientifique comme une fantaisie de l’imagination.

Mais l’expérience du peuple soviétique, qui a construit le socialisme, et la pratique actuelle des autres peuples, qui se sont détachés du système capitaliste et édifient le socialisme, montrent la vérité sublime du socialisme scientifique et le mensonge des théories des idéologues bourgeois au service des classes déclinantes. La pratique vérifie et confirme les vérités scientifiques, réfute les théories erronées.

En faisant de la pratique le critère de la vérité, le marxisme enseigne à tenir compte du développement de la pratique elle-même, ce qui implique la révision de certaines vérités ne correspondant plus au niveau de l’activité pratique des hommes.

Cette conception de la pratique stimule la pensée humaine, l’empêche d’ériger en dogmes les vérités découvertes. Tout progrès de la pratique perfectionne nos connaissances, précise et concrétise les vérités à la lumière d’une pratique plus avancée. (V. également Théorie et pratique.)

CRITICISME. Nom donné par Kant (V.) à sa philosophie idéaliste dont l’objet essentiel était, d’après lui, la critique de la capacité cognitive de l’homme. Kant aboutit à nier la possibilité pour la raison humaine de connaître l’essence des choses. On désigne du même terme les autres courants de l’idéalisme subjectif qui nient la possibilité de connaître le monde objectif et n’admettent d’autre source de la connaissance que l’expérience interprétée d’une manière idéaliste.

« CRITIQUE DU PROGRAMME DE GOTHA ». Analyse critique du projet de programme de la social-démocratie allemande, rédigé en vue du congrès de Gotha. Ecrite par Marx en 1875 et publiée pour la première fois en 1891 par Engels.

Après y avoir montré que ce projet se compose de phrases petites-bourgeoises dans le style lassallien (V. Lassalle), et que ses auteurs ont passé sous silence la question cruciale du mouvement prolétarien, celle de la dictature du prolétariat, Marx y développe les principes exposés dans le « Manifeste du Parti communiste » (V.), formule les revendications politiques du parti prolétarien.

C’est là qu’il parle pour la première fois de la nécessité d’une période de transition entre le capitalisme et le socialisme. « Entre la société capitaliste et la société communiste, se place la période de transformation révolutionnaire de la première en la seconde. A quoi correspond une période de transition politique où l’Etat ne saurait être autre chose que la dictature révolutionnaire du prolétariat » (Marx : « Critique du programme de Gotha », P. 1922, p. 53).

Envisageant la dictature du prolétariat comme un instrument pour construire le communisme, Marx montre que la société communiste passe par deux phases. Dans sa première phase, elle ne saurait être libérée des traditions du capitalisme et porte encore de nombreux stigmates hérités de la vieille société.

Dans la première phase du communisme la répartition des biens matériels se poursuit selon la quantité et la qualité du travail fourni. Dans la phase supérieure, la productivité du travail s’élèvera si haut qu’elle rendra possible l’abondance des produits, et la société pourra inscrire sur ses drapeaux : de chacun selon ses capacités, à chacun selon ses besoins.

« Le grand mérite de l’exposé de Marx est d’appliquer là encore, de façon conséquente, la dialectique matérialiste, la théorie de l’évolution, et de considérer le communisme comme quelque chose qui naît du capitalisme. Rejetant les définitions « imaginées », scolastiques et artificielles et les stériles querelles de mots (qu’est-ce que le socialisme, qu’est-ce que le communisme ?), Marx analyse ce qu’on pourrait appeler les degrés de maturité économique du communisme » (Lénine : « L’Etat et la Révolution », M. 1951, pp. 100-101).

La « Critique du programme de Gotha » offre le modèle d’une mise au point scientifique du programme révolutionnaire du parti prolétarien, un modèle d’intransigeance envers toute espèce d’opportunisme.

Longtemps les chefs de la social-démocratie allemande dissimulèrent aux masses ce document important du communisme scientifique. Avant le congrès d’Erfurt du parti social-démocrate qui devait adopter un nouveau programme, Engels jugea nécessaire de publier la « Critique du programme de Gotha » « comme quelque chose de tout à fait nouveau, quelque chose d’opportun et d’actuel au plus haut point » (Lettre d’Engels à Kautsky, du 13 décembre 1890).

La « Critique du programme de Gotha » fut publiée en dépit de la résistance des opportunistes de la IIe internationale.


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