« Une bonne bibliothèque pour chaque village soviétique ! ». Affiche de 1935 : la femme lit la biographie de Staline sur Lénine ; l’homme lit quant à lui un ouvrage de Mikhaïl Cholokhov

« Une bonne bibliothèque pour chaque village soviétique ! ». Affiche de 1935 : la femme lit la biographie de Staline sur Lénine ; l’homme lit quant à lui un ouvrage de Mikhaïl Cholokhov

CONNEXION ET INTERACTION DES PHENOMENES. Un des principes fondamentaux de la méthode dialectique marxiste (V.) qui proclame la connexion et l’interaction des phénomènes de la nature et de la société. « …Contrairement à la métaphysique, a dit Staline, la dialectique regarde la nature non comme une accumulation accidentelle d’objets, de phénomènes détachés les uns des autres, isolés et indépendants les uns des autres, mais comme un tout uni, cohérent, où les objets, les phénomènes sont liés organiquement entre eux, dépendent les uns des autres et se conditionnent réciproquement.

C’est pourquoi la méthode dialectique considère qu’aucun phénomène de la nature ne peut être compris si on l’envisage isolément, en dehors des phénomènes environnants ; car n’importe quel phénomène dans n’importe quel domaine de la nature peut être converti en non-sens si on le considère en dehors des conditions environnantes, en le détachant de ces conditions; au contraire, n’importe quel phénomène peut être compris et justifié, si on le considère sous l’angle de sa liaison indissoluble avec les phénomènes environnants, si on le considère tel qu’il est conditionné par les phénomènes qui l’environnent » (« Le matérialisme dialectique et le matérialisme historique », M. 1954, p. 7).

Cette thèse revêt une importance scientifique capitale. Si l’on ne tient pas compte de l’enchaînement objectif et de l’interdépendance des phénomènes, on se représente la nature comme un amas de contingences, réfractaires à toute loi, à toute explication rationnelle. Comprendre un phénomène, c’est découvrir sa liaison causale avec les autres faits. On ne saurait, par exemple, expliquer l’évolution des plantes et des animaux en faisant abstraction des conditions de leur existence.

La doctrine mitchourinienne (V.) attache une grande importance à cette connexion qui permet de comprendre les lois de la nature vivante. On ne peut, expliquer scientifiquement un phénomène tel que les guerres impérialistes si on les détache du mode de production capitaliste, des contradictions actuelles du capitalisme.

Cependant, la dialectique marxiste enseigne qu’il ne suffit pas de tenir compte de l’enchaînement des causes et des effets, il faut encore souligner que la cause et l’effet agissent l’un sur l’autre. Ainsi, tout régime politique est déterminé par le régime économique qui l’a engendré.

Mais à son tour, le pouvoir politique exerce une influence considérable sur le régime économique. On ne peut analyser le mode de production capitaliste, qui est déchiré par les contradictions et n’est plus qu’une entrave au développement des forces productives, sans tenir compte du rôle que joue le pouvoir politique de la bourgeoisie ; la bourgeoisie encore au pouvoir cherche par tous les moyens à éterniser le mode de production fondé sur l’exploitation de l’homme par l’homme.

Les phénomènes doivent être envisagés sous l’angle de leur interaction, de leur conditionnement réciproque ; on commettrait une erreur grossière si l’on se bornait à dire que les rapports de production sont fonction du caractère des forces productives ; ce serait là une démarche unilatérale. Engendrés par les forces productives, les rapports de production, s’ils correspondent aux forces productives, jouent un rôle capital dans le développement de ces dernières.

Ce qui fait la portée du principe de la connexion et de l’interaction des phénomènes, c’est qu’il met en lumière un fait essentiel : le monde réel est régi par des lois. L’enchaînement des phénomènes signifie que les contingences ne dominent pas dans la nature et la société ; ce sont les lois objectives, indépendantes de la volonté et de la conscience humaines, qui en déterminent le développement. La connexion et l’interaction de la cause et de l’effet conditionnent le cours nécessaire des phénomènes de la nature et de la vie sociale.

Régimes et mouvements sociaux doivent être étudiés du point de vue des conditions qui les ont engendrés et auxquelles ils sont liés. Le régime de l’esclavage serait de nos jours absurde, alors qu’à l’époque où la commune primitive se désagrégeait, il représentait un phénomène nécessaire, un pas en avant. De même, le mode de production capitaliste, progressif dans certaines conditions historiques, est aujourd’hui un obstacle au progrès de la société.

A notre époque tous les chemins mènent au communisme, c’est-à-dire à un ordre social qui découle nécessairement des conditions actuelles. Ce qui est réel et nécessaire dans des conditions historiques déterminées devient absurde quand les conditions ont changé.

Cette conception dialectique de la nature et de la société est diamétralement opposée au point de vue métaphysique qui considère les phénomènes en dehors de leur enchaînement et pour lequel la nature n’est qu’une agglomération chaotique de faits accidentels. C’est à bon escient que la philosophie bourgeoise nie la connexion et le déterminisme objectif des phénomènes. Elle défend ainsi les intérêts des classes exploiteuses au pouvoir.

Le principe de la liaison des phénomènes est d’une importance incalculable pour l’activité pratique, pour la politique du parti communiste. Il permet de définir les tâches et les mots d’ordre de la lutte en pleine conformité avec les conditions historiques précises, de mettre au point la stratégie et la tactique du parti communiste en tenant compte du devenir objectif.

Savoir aborder les faits réels, c’est tenir compte de leurs conditions concrètes de lieu et de temps. Sans la méthode historique concrète, impossible est la science de la société, impossibles la stratégie et la tactique scientifiquement fondées du parti communiste.

En abordant les phénomènes historiquement, le marxisme-léninisme se développe, s’enrichit de thèses nouvelles, conformes à la nouvelle situation historique. Le problème de l’Etat après la victoire de la révolution socialiste en est un exemple.

Engels estimait qu’après la victoire de la révolution socialiste, l’Etat doit dépérir. Tenant compte de la situation internationale actuelle, les marxistes soviétiques en sont venus à la conclusion suivante : le pays de la révolution victorieuse doit non pas affaiblir mais renforcer par tous les moyens son Etat.

La thèse d’Engels et celle des marxistes soviétiques semblent à première vue diamétralement opposées. Mais en réalité il n’y a là aucune contradiction. La formule d’Engels traduit la situation historique dans laquelle le socialisme pouvait vaincre simultanément dans le monde entier ou dans la majorité des pays capitalistes.

Les marxistes soviétiques tiennent compte des conditions historiques nouvelles, celles de l’impérialisme, où le socialisme peut commencer par vaincre dans un seul pays ou quelques pays capitalistes seulement. Ainsi, les deux formules sont justes, mais chacune pour son temps.

Le principe de l’enchaînement des phénomènes aide à dénoncer la sophistique et l’éclectisme des ennemis du marxisme. En vue d’embrouiller les choses, les idéologues bourgeois réformistes et autres, détachent arbitrairement certains aspects isolés d’un phénomène complexe, confondent des conditions historiques différentes, et ils transposent mécaniquement dans une situation nouvelle ce qui n’est valable que dans une situation donnée.

C’est ce que faisaient les opportunistes de la IIe Internationale, les menchéviks russes et les autres adversaires du marxisme révolutionnaire. Les nouvelles conditions historiques, intervenues à l’époque de l’impérialisme, exigeaient que le parti du prolétariat changeât foncièrement les formes de la lutte, qu’il substituât aux formes anciennes, parlementaires, légales, des formes révolutionnaires ; qu’il préparât la classe ouvrière à l’assaut du capitalisme.

Mais, serviteurs fidèles de la bourgeoisie, les réformistes et opportunistes de la Ile Internationale « n’ont pas remarqué » les changements profonds survenus dans la situation historique, les ont méconnus et ont renoncé à l’organisation et à la lutte révolutionnaires.

Le parti communiste a dénoncé ces manœuvres des ennemis du marxisme et battu en brèche leurs dogmes hostiles à la cause de la révolution prolétarienne. Seul le marxisme-léninisme a montré à la classe ouvrière les voies et les formes véritables de l’organisation et de la lutte révolutionnaires correspondant à la nouvelle période historique.

La dialectique distingue les liaisons et rapports essentiels et non essentiels, interdit de les confondre et apprend à dégager, dans leur enchevêtrement, le principal, le décisif. Seule une telle démarche permet, dans l’activité pratique, de déceler à travers la multiplicité des tâches le maillon central qui, une fois en mains, donne la possibilité de tenir toute la chaîne.

L’incapacité de distinguer entre liaisons et rapports essentiels et liaisons et rapports non essentiels aboutit à l’éclectisme, à une combinaison mécanique d’éléments disparates, à l’incompréhension de l’élément essentiel dans l’interaction des phénomènes.

C’est grâce à sa capacité de dégager, par l’analyse dialectique d’une situation complexe, le maillon principal, que le parti communiste a toujours, à chaque étape nouvelle de l’histoire, fourni au prolétariat des mots d’ordre de lutte efficaces.

Ainsi, quand le problème du rééquipement technique du pays des Soviets avait revêtu une importance décisive, le parti lança le mot d’ordre : « La technique décide de tout. » Cette tâche accomplie, et l’objectif principal consistant dès lors à créer des cadres capables de se rendre maîtres de cette technique perfectionnée, le parti lança le mot d’ordre : « Les cadres décident de tout. »

Aujourd’hui, dans la période de la consolidation de l’édification socialiste en U.R.S.S. et du passage graduel au communisme, le parti communiste mobilise le peuple soviétique et l’appelle à réaliser les tâches du moment, indispensables pour atteindre le but général et final : l’édification du communisme intégral en Union Soviétique.

CONSCIENCE. Forme supérieure, spécifiquement humaine, du reflet de la réalité objective. La conscience de l’homme est une fonction de « cette parcelle particulièrement complexe de la matière qui porte le nom de cerveau humain » (Lénine : « Matérialisme et empiriocriticisme », M. 1952, p. 260). Par conscience sociale on entend l’ensemble des idées, des théories, des conceptions sociales qui reflètent les conditions de la vie matérielle de la société, le mode de production des biens matériels.

La conscience humaine se forme au cours de l’activité sociale dans la production, elle est le produit du développement social.

En travaillant, en fabriquant les instruments de production, en agissant sur la nature, l’homme pénètre les propriétés des objets, démêle l’essentiel du secondaire, le nécessaire du fortuit, met à nu les liaisons nécessaires et les lois des phénomènes.

Au cours du travail l’homme prend également conscience de ses rapports avec le milieu ambiant, avec les hommes participant à la production. Etant donné que la conscience n’apparaît que sur la base du travail social, même les animaux supérieurs ne la possèdent pas. La conscience suppose une attitude active et réfléchie envers le milieu environnant, la capacité de s’en séparer, de déterminer ses rapports avec ce milieu, d’organiser rationnellement la production matérielle.

Parmi les particularités du travail humain qui le distinguent des « formes instinctives du travail » des animaux, Marx cite l’activité rationnelle de l’homme. Le développement psychique des animaux n’est que la préhistoire de la conscience humaine. L’apparition de la conscience est liée à celle du langage ; conscience et langage ont le même âge. La formation du langage a exercé une influence énorme sur la formation et le progrès de la conscience. Le langage articulé est une des forces qui ont aidé les hommes à développer leur conscience, leur pensée.

La question du rapport de la conscience à la matière, à l’être, est la question fondamentale de la philosophie. Contrairement à l’idéalisme qui proclame l’antériorité de l’ « esprit », de la conscience, le matérialisme philosophique marxiste part du principe que la matière, qui existe en dehors et indépendamment de la conscience, est la donnée première, car elle est la source des sensations, des représentations, de la conscience, alors que la conscience est une donnée seconde, dérivée, puisqu’elle est le reflet de la matière, le reflet de l’être.

L’antériorité de la matière, de l’Etre par rapport à la conscience est prouvée par le fait que celle-ci surgit à une certaine étape du développement de la matière, de la nature, que les idées et les théories qui constituent la conscience humaine ne sont que le reflet du milieu environnant dans le cerveau de l’homme, que la conscience sociale dans son ensemble — la vie spirituelle de la société — est déterminée par les conditions de la vie matérielle, par le mode de production des biens matériels.

La vie sociale des hommes détermine leur conscience sociale. Les conditions de la vie matérielle de la société déterminent les idées, les théories, les opinions et institutions politiques. La conscience sociale change avec l’existence sociale. La vie spirituelle de la société se manifeste sous les différentes formes de la conscience sociale: politique, philosophie, science, religion, art, etc. Dans la société de classe, la conscience sociale des hommes a toujours un caractère de classe.

Les classiques du marxisme-léninisme ont expliqué les origines de la conscience, et aussi son rôle, le rôle des idées dans le développement social. La conscience sociale agit à son tour sur la vie sociale qui l’a engendrée. Les idées, opinions et théories nouvelles, progressistes, qui expriment les intérêts des forces avancées de la société, aident à combattre ce qui est vieilli, périmé et favorisent le progrès de la société. « Sans leur action organisatrice, mobilisatrice et transformatrice, la solution des problèmes pressants que comporte le développement de la vie matérielle de la société est impossible » (Staline : « Le matérialisme dialectique et le matérialisme historique », M. 1954, pp. 20-21). (V. également Pensée.)

CONTENU ET FORME. V. Forme et contenu.

CONTRADICTION. V. Contradictions antagoniques et non antagoniques ; Lutte des contraires ; Nouveau et ancien.


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