COMTE Auguste (1798-1857). Philosophe et sociologue bourgeois français, idéaliste subjectif, fondateur du positivisme (V.), c’est-à-dire de la philosophie du « juste milieu », soi-disant « au-dessus » du matérialisme et de l’idéalisme. Se déclarant partisan des connaissances positives, Comte qualifiait de métaphysique toute aspiration à pénétrer l’essence des phénomènes, et niait l’existence de lois objectives tant dans la nature que dans la vie sociale.

Son « Cours de philosophie positive » proclame, dans l’esprit de l’agnosticisme actif, que la recherche de ce qu’on appelle les causes premières et les causes finales est absolument inadmissible et chimérique.

D’après Comte, la science a pour objet la description des sensations subjectives de l’homme. C’est pourquoi Lénine, dans « Matérialisme et empiriocriticisme » (V.), soulignait l’unité de principe entre le positivisme de Comte et l’empiriocriticisme (V.). En sociologie, Comte se dit défenseur de l’ « ordre », entendant par là le régime bourgeois débarrassé de ses contradictions internes.

Comte se prononçait contre la lutte de classes, pour la propriété privée des moyens de production, identifiait la sociologie à la mécanique et à la biologie et posait pour tâche la création d’une « physique sociale ». Selon lui, la sociologie se divise en « statique sociale » et en « dynamique sociale ».

Partant de cette théorie antiscientifique, largement répandue, les sociologues bourgeois soutiennent que la société est un système immobile, statique, qui peut parfois modifier certains de ses traits sous l’action de chocs mécaniques extérieurs. Comte ne reconnaissait le progrès que dans le cadre du capitalisme, et, s’appuyant sur la conception idéaliste de l’histoire, qui d’après lui, est le résultat de l’évolution des idées, il développe la « loi des trois états » de l’évolution sociale : le théologique, le métaphysique et le positif. Comte rattachait la dernière étape à la domination de la science bourgeoise.

De là cette conclusion que le régime capitaliste est le plus rationnel, et qu’il est dû à la victoire de la pensée scientifique.

Défenseur actif du capitalisme, Comte est resté jusqu’à nos jours une des principales autorités parmi les sociologues bourgeois. Les sociologues réactionnaires — Ross, Bernard, Bogardus, etc., — déclarent sans détour que Comte est l’un de leurs prédécesseurs. Les œuvres des classiques du marxisme contiennent une critique écrasante du comtisme.

CONCEPT. Forme de la pensée humaine qui permet de dégager les caractères généraux, essentiels des choses et des phénomènes de la réalité objective. Le processus de la connaissance de la nature par l’homme commence par les perceptions des sens, par l’observation immédiate. L’étape suivante de la connaissance est celle de la formation des concepts, « produit supérieur du cerveau, produit supérieur de la matière » (Lénine : « Cahiers philosophiques », éd. russe, p. 143).

Le concept s’obtient par la généralisation d’une masse de faits isolés : on fait abstraction des éléments fortuits, des propriétés non essentielles pour former des notions qui reflètent les rapports et les caractères essentiels, fondamentaux, décisifs.

Chaque science généralise les données du monde objectif en opérant à l’aide de concepts qui reflètent un groupe déterminé de phénomènes. En physique ce sont les notions de masse, d’énergie, d’atome, d’électron, etc. ; en biologie, celles d’hérédité, de variabilité, de sélection naturelle, etc. ; en économie politique : la valeur, la plus-value, le capital, etc.

Science des lois les plus générales du développement de la nature, de la société humaine et de la pensée, la philosophie exprime les résultats de ses généralisations dans les notions les plus étendues : matière (V.), mouvement (V.), cause (V. Causalité), nécessité, hasard (V. Nécessité et hasard), qualité, quantité (V. Qualité et quantité), etc. Etant tirées de la réalité objective par voie de généralisation, toutes les notions scientifiques sont des calques de celte réalité.

L’idéalisme sépare les concepts de la réalité. Ainsi, la notion dénombre résulte de l’abstraction des nombres particuliers désignant une certaine quantité de choses concrètes. Or, les idéalistes ne cessent d’affirmer que la notion de nombre, comme d’ailleurs les autres notions mathématiques, est donnée a priori, existe avant toute expérience humaine et indépendamment d’elle. La logique métaphysique enseigne qu’étant général, le concept est détaché de tout ce qui est particulier et concret.

Contrairement à cette façon de voir métaphysique, le matérialisme dialectique part du principe que les notions générales, véritablement scientifiques, impliquent la richesse du particulier, de l’individuel. (V. Singulier, particulier et universel.)

Les notions scientifiques vérifiées par la pratique sont des vérités objectives et reflètent profondément la réalité. Dans ses « Cahiers philosophiques », Lénine définit comme suit le rôle des notions scientifiques dans la connaissance : « La pensée, en s’élevant du concret à l’abstrait, ne s’éloigne pas — si elle est correcte… — de la vérité, mais s’en approche.

L’abstraction de la matière, de la loi de la nature, l’abstraction de la valeur, etc., en un mot, toutes les abstractions scientifiques » (correctes, sérieuses, non absurdes) reflètent la nature avec plus de profondeur, d’exactitude, de plénitude » (éd. russe, p. 146).

La dialectique matérialiste exige que nos concepts soient souples, mobiles ; elle lutte contre toutes les notions sclérosées. Du moment que les phénomènes de la nature et de la société sont connexes, mobiles, se convertissent les uns en les autres, il est évident que les concepts ne peuvent reproduire fidèlement la réalité qu’à la condition d’être non moins mobiles et souples

Le matérialisme dialectique est hostile à toute routine, à toute métaphysique, à tout conservatisme. Comme l’a dit Lénine, la dialectique est précisément la théorie de la connaissance ; toutes les lois et principes de la dialectique concernant le devenir, le changement, la lutte des contraires, etc., s’appliquent entièrement à la connaissance, aux concepts.

La façon d’aborder en dialecticien les notions, formes de la pensée humaine reflétant la réalité en changement et en développement perpétuel, joue un rôle très important dans la lutte politique et l’activité pratique du parti prolétarien. Les classiques du marxisme-léninisme nous ont fourni de remarquables exemples de cette méthode dialectique en stigmatisant les métaphysiciens en politique qui envisagent les notions en dehors du temps et de l’espace, les prennent pour rigides et immuables.

Ainsi la notion de défense de la patrie, progressive dans une situation historique déterminée, fut démagogiquement exploitée par les opportunistes de la IIe Internationale lors de la guerre impérialiste de 1914-1918, quand ce mot d’ordre ne correspondait plus à la situation. En dénonçant la trahison des social-chauvins, Lénine montra que le concept de « défense de la patrie » change avec la situation historique.

Lorsque la guerre est le fait de différents groupes de rapaces impérialistes poursuivant leurs propres intérêts, ce concept revient à défendre les intérêts de « sa propre » bourgeoisie, à trahir les intérêts de la classe ouvrière. Par contre, lorsqu’un peuple mène une guerre juste contre un ennemi étranger, lorsqu’il défend sa liberté, ce concept exprime les intérêts des forces progressives.

Pendant la guerre contre les envahisseurs fascistes allemands, le mot d’ordre de défense de la patrie socialiste, lancé par le Parti communiste de l’Union Soviétique, a contribué puissamment à mobiliser le peuple dans la lutte sacrée pour la patrie, pour les grandes conquêtes d’Octobre. Afin de refléter fidèlement la réalité, les concepts doivent être, comme l’a dit Lénine, affûtés, équarris, souples et mobiles.

Par exemple, les notions de travail « supplémentaire », de temps « nécessaire » et « supplémentaire » et d’autres notions empruntées au « Capital » de Marx où elles s’appliquent à la société capitaliste, ne conviennent pas aux conditions tout à fait nouvelles de la société socialiste


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