COMMUNE AGRICOLE. Forme de groupement économique qui a pris naissance au dernier stade de l’évolution du régime de la commune primitive (V.). La croissance de l’inégalité économique et le développement de la propriété privée des moyens de production détruisent l’ancienne famille patriarcale et son économie (V. Patriarcat).

Au sein de la communauté patriarcale se forment des cellules familiales isolées, qui font des instruments de travail et du bétail leur propriété privée, et organisent leurs propres exploitations indépendantes. La production individuelle, fondée sur la propriété privée, prédomine.

Cependant, la commune agricole, vestige du régime de la commune primitive, subsiste longtemps et se maintient, sous une forme ou sous une autre, comme une survivance du passé, à des époques postérieures : sous l’esclavage, sous le régime féodal et même sous le capitalisme.

A la différence des communautés primitives, la commune agricole ne repose pas sur la consanguinité. « La « commune agricole », indique Marx, fut le premier groupement social d’hommes libres non resserré par les liens du sang » (Marx-Engels Archiv, I. Band, Frankfurt a. M., S. 336).

Dans la commune agricole, les instruments de production, l’habitation et le terrain qui l’entoure sont la propriété privée de familles isolées. Les travaux se font individuellement et non collectivement.

Néanmoins, toute la terre, y compris la terre labourable, est inaliénable et constitue la propriété de la commune agricole. Périodiquement, on repartage les parcelles entre les membres de la commune. Ainsi, la commune agricole a un caractère double.

Elle réunit en elle deux principes : 1° la propriété privée de tous les moyens de production (excepté la terre), la production et l’appropriation individuelles et 2° la propriété collective de la terre labourable (régulièrement partagée en vue d’un usage individuel, privé), des prairies, des forêts et des pâturages.

La commune agricole, dernier stade du mode de production primitif, a existé chez tous les peuples. En Allemagne elle s’appelait la « marche ». L’ouvrage d’Engels « La marche » est consacré à l’analyse du rôle historique de cette commune agricole.

Caractérisant la commune agricole, Marx écrivait : « Un de ces types qu’on est convenu d’appeler la commune agricole est aussi celui de la commune russe. Son équivalent à l’Occident, c’est la commune germaine, qui est de date très récente…

A l’époque de Jules César il y avait déjà une répartition annuelle de la terre labourable entre des groupes, les génies et les tribus, mais pas encore entre les familles individuelles d’une commune ; probablement la culture se fit aussi par groupes, en commun.

Sur le sol germain même cette communauté du type plus archaïque s’est transformée par un développement naturel en commune agricole, telle que l’a décrite Tacite…

On rencontre la « commune rurale » aussi en Asie, chez les Afghans, etc., mais elle se présente partout comme le type le plus récent et, pour ainsi dire, comme le dernier mot de la formation archaïque des sociétés » (Ibid., S. 335-336).

Les documents de l’histoire russe mentionnent les « oghnévichtché » et les « pétchichtché » (mots russes signifiant « feu », « foyer »), c’est-à-dire des communes qui s’adonnent à la culture collective, qui vivent autour d’un seul foyer et possèdent en commun la terre ainsi que tous les moyens de production.

Il s’agit là de la grande famille patriarcale, des communautés domestiques et familiales. A partir du XVIe et du XVIIe siècles, la communauté familiale passe par une phase transitoire : celle de la formation de familles individuelles au moyen du partage des terres.

Après la constitution de l’Etat moscovite, les grands princes, les seigneurs féodaux distribuent des terres à leurs hommes d’armes et aux gens de leur entourage. C’est ainsi que naquit le servage. A la fin du XVIe siècle, les paysans sont définitivement attachés à la glèbe.

La commune agricole est un vestige des anciens rapports sociaux : la propriété terrienne féodale prédomine. Dans la seconde moitié du XIXe siècle, sous l’influence des rapports capitalistes qui se développaient à la campagne, la commune agricole commence à se désagréger, et engendre d’une part de petits groupes de paysans riches, d’autre part une masse considérable de paysans appauvris qui se prolétarisent.

Les rapports d’exploitation pénètrent dans la commune. Le repartage des terres qui, autrefois, avait lieu périodiquement, se fait de plus en plus rarement, puis il cesse tout à fait. Ainsi la propriété communale disparaît, et la propriété privée triomphe.

COMMUNE PRIMITIVE. Formation sociale première qui pendant des dizaines de millénaires a existé chez tous les peuples au stade primitif de leur développement. Dans la commune primitive, les rapports de production sont fondés sur la propriété collective des moyens de production. Les instruments, la terre, l’habitation, etc., étaient la propriété commune de la collectivité, de la horde, du clan.

La propriété individuelle des ustensiles de ménage, des vêtements, etc., existe dans le cadre de la propriété collective des moyens de production. Ici pas d’exploitation de l’homme par l’homme ; il n’y a ni classes, ni Etat.

Les nommes primitifs vivent en groupes nomades et se procurent des moyens d’existence en cueillant des plantes comestibles et en s’adonnant à la chasse. Ils produisent en commun, par clans entiers, à l’aide d’instruments primitifs ; les produits de leur travail sont de même consommés en commun ou divisés en parts égales. Le caractère des rapports de production dans la commune primitive s’explique par le bas niveau de développement des forces productives, par l’état rudimentaire des instruments de production, par l’absence de la division sociale du travail.

C’est seulement en commun que les hommes primitifs pouvaient s’assurer des moyens d’existence et se protéger contre les bêtes féroces et les tribus voisines.

La première grande division sociale du travail — séparation de l’élevage et de l’agriculture — a pour résultat un développement plus rapide des forces productives de la société primitive. Les échanges se multiplient, la propriété privée apparaît, et avec elle l’inégalité économique des membres de la communauté.

La première grande division sociale du travail et la propriété privée des moyens de production qu’elle engendre ont pour effet l’apparition de l’esclavage, ce qui accentue encore l’inégalité économique et contribue à désagréger la commune primitive.

Après avoir stimulé le développement des forces productives, la production collective et la répartition égalitaire des produits deviennent leur entrave. Au stade supérieur de la société primitive se produit la deuxième grande division sociale du travail : la séparation des métiers et de l’agriculture, ce qui intensifie la destruction de la commune primitive.

La richesse et la pauvreté, l’exploitation, les classes et l’Etat font leur apparition. La commune primitive s’effondre définitivement et fait place à la société de classes, à l’esclavage (V.) et à la féodalité (V.).

COMMUNISME. V. Socialisme et communisme.


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