Le début du mois de mars 2025 a été historique sur le plan des contradictions inter-impérialistes. Tout a commencé le dernier jour de février, avec l’altercation entre le président américain Donald Trump et le président ukrainien Volodymyr Zelensky.
Ce dernier a essayé de maintenir le rôle qu’il a joué jusque-là, celui du fer-de-lance de la croisade contre la Russie. Donald Trump l’a très mal pris, lui qui veut se débarrasser de laquestion ukrainienne pour se focaliser sur la Chine.
Cette situation de tension a servi de prétexte à un renversement total, puisque dans la foulée la superpuissance américaine a suspendu son aide militaire à l’Ukraine. Ce qui, bien entendu, a provoqué une sidération sans pareil dans toute l’Europe du côté des dirigeants, puisque sur le coup le caractère temporaire de la suspension n’était alors pas connue.
Dans l’imaginaire de ceux-ci, le « gendarme » américain quittait son job, il abandonnait les Européens à leur sort. Et à leur triste sort, puisque la Russie est censée être un ogre dont le rêve est de faire défiler ses troupes à Berlin, Paris, Bruxelles, Londres et Helsinki.
Il ne restait et ne reste donc plus qu’aux Européens qu’une option : financer et armer le régime ukrainien encore davantage, afin de remplacer l’aide américaine. C’est le sens des propos d’Emmanuel Macron lors de son allocution surprise du 5 mars 2025, où il a présenté la Russie, de manière unilatérale, comme étant l’ennemi à abattre.
C’est le sens de la mise en place de la militarisation généralisée proposée par Von der Leyen à travers « ReArm Europe », et acceptée lors de la réunion à Bruxelles le 6 mars 2025. Bruxelles, une plaque tournante pour l’Union européenne et l’Otan, les deux organisations à travers laquelle se met en place le front militaire composé principalement de la France, du Royaume-Uni, de l’Allemagne et de la Pologne.
C’est le sens de la réunion des chefs d’état-major de toute une série de pays organisée par Emmanuel Macron le 11 mars 2025 à Paris. C’est le sens de l’économie de guerre s’instaurant dans toute l’Europe.
Volodymyr Zelensky est un comique, il a été élu dans le cadre d’une vague populiste, qu’on devine porté par de grands capitalistes. C’est, avant tout, un comédien et il avait un profil parfait dans le cadre d’une intense propagande occidentale en la faveur du régime ukrainien. Chaque jour, en uniforme kaki, Volodymyr Zelensky a distillé des messages, savamment élaboré par un régime ukrainien passé par l’école du social impérialisme soviétique autant que le régime russe.
Il va de soi qu’on peut se douter que la superpuissance impérialiste américaine a apporté une gigantesque contribution pour calibrer les propos et produire une narration pleine de « saveurs » pour les différentes opinions publiques.
Le souci de Volodymyr Zelensky, c’est qu’il a cru à son propre rôle. Lors de sa visite à Washington le 28 février 2025, il a cherché à maintenir ses positions tenues jusque là, en particulier contre la Russie et Vladimir Poutine. Ce faisant, il a nui à la narration américaine qui est nouvelle, et qui veut que Donald Trump est capable d’instaurer la paix.
Volodymyr Zelensky s’est d’autant plus pris les pieds dans le tapis qu’il avait été jusque-là l’excellente marionnette de la superpuissance impérialiste américaine, lorsque Joe Biden était à la présidence.
Mais le souci véritable de Volodymyr Zelensky est celui des Ukrainiens. Ceux-ci ont vraiment cru qu’ils allaient rentrer dans l’Union européenne, ce qui est leur véritable intérêt sur le plan économique. Ils ont accepté la propagande du régime que l’adhésion de leur pays à l’Otan était inévitable et la clef pour rejoindre l’Union européenne. Ils ont même passivement toléré la destruction de millions de livres en russe et le discours officiel voulant que la « Moscovie » ait toujours voulu les détruire.
Une fois qu’on s’est aligné sur un tel nationalisme, impossible de reculer, et c’est valable même pour Volodymyr Zelensky en présence de Donald Trump. Volodymyr Zelensky n’avait aucune chance : il raconte depuis le début du conflit en 2022 que les Russes veulent procéder au génocide des Ukrainiens. Il ne pouvait donc pas du tout aller dans le sens d’accepter tranquillement des négociations.
Donald Trump n’avait aucune envie de s’aligner de son côté sur le nationalisme ukrainien, contrairement à son prédécesseur Joe Biden (et toute son équipe). Le jouet nationaliste ukrainien a été bien employé, il ne sert plus à rien du point de vue américain, il est donc abandonné, aussi simplement que cela. C’est la fin d’une tragique illusion nationaliste du côté ukrainien.