La peinture naturaliste belge émerge comme prise de conscience de la réalité sociale et nationale. Elle est cependant subordonnée aux impératifs bourgeois et est surtout le vecteur d’un subjectivisme misérabiliste, puis esthétisant, avec le symbolisme et l’impressionnisme.
C’est le reflet d’une vraie problématique de fond : la faiblesse de la bourgeoisie belge, son incapacité à procéder à l’émergence nationale.
16 juillet 2018
La Belgique est une nation issue des Pays-bas ; elle a connu par la suite des tendances à la satellisation tant des Pays-Bas que de la France. La différenciation actuelle entre francophones et néerlandophones n’a en effet rien de « naturel », car un capitalisme qui s’élance unifie le peuple, affirmant un cadre national, avec […]
17 juillet 2018
Le première chose à saisir avec le naturalisme belge, c’est la nature élémentaire des besoins historiques aboutissant à sa naissance. L’état d’esprit qui en forme la substance, c’est qu’on se penche vers la vie sociale, avec un certain romantisme national, bien que cela en reste à une dimension élémentaire ; la perspective est, raconte l’histoire […]
18 juillet 2018
Il est courant, dans la vision bourgeoise de l’histoire de la Belgique de la fin du XIXe siècle, d’opposer des artistes engagés – qui se reconnaîtraient dans la revue L’Art moderne – à des artistes sans perspective sociale, qui eux auraient leur point de vue exprimé dans La Jeune Belgique. Il y aurait, par ailleurs, […]
20 juillet 2018
Il existe ainsi bien un réalisme comme charge s’exprimant dans certaines œuvres belges ; cette charge ne s’exprime pas comme réalisme, mais à travers un naturalisme qui lui-même tend déjà à une forme d’impressionnisme. Qui plus est, de par l’histoire de notre pays – l’influence du catholicisme, donc du baroque, de l’expressivité aboutissant en partie […]
21 juillet 2018
D’autres auteurs essayèrent de porter la charge réaliste ; cependant, cela ne fut que de manière éparse, au sein d’une production inégale. Il faut aller lire certaines œuvres pour y retrouver un réalisme qui ne parvient pas à s’exprimer ouvertement, déjà trop affaibli dans le contexte historique. On peut le voir néanmoins se présenter de […]
22 juillet 2018
Constantin Meunier est un peintre qui fut, comme Cécile Douard, profondément marqué par la situation des mineurs dans le Borinage. On retrouve chez lui pareillement ce sens d’un symbolisme en appui à une tentative de lecture réaliste ; la tentative est cependant un échec, de par une trop grande tendance au symbolique. Cela en arrive […]
24 juillet 2018
On comprend que Constantin Meunier passa dans la sculpture, où la dimension allégorique ressort d’autant plus, avec un goût prononcé pour les figures de type massif-monumental séparées de leur environnement, conformément à la lecture idéaliste-corporatiste. Il y a ici une attirance vers le travail ayant une valeur en soi, non pas comme transformation, comme pour […]
25 juillet 2018
Le rôle historiquement particulièrement pernicieux de Constantin Meunier est également celui de la revue L’Art moderne et il n’est guère étonnant qu’on lise dans celle-ci, sous la plume d’Émile Verhaeren, au sujet de Constantin Meunier, qu’il est : « le sculpteur et le peintre de la souffrance démocratique, plus encore qu’humaine, et certes plus que […]
27 juillet 2018
Il est évident qu’avec une base si précaire, la peinture naturaliste belge était particulièrement poreuse au subjectivisme, à l’impressionnisme. La dégradation des quelques éléments du réalisme était inévitable, au-delà même d’une lecture réductrice de la réalité comme celle de Constantin Meunier. Ainsi, Émile Claus s’éloigna d’un naturalisme marqué par le réalisme pour passer dans une […]
29 juillet 2018
La tendance à l’impressionnisme en lieu et place du naturalisme se combine historiquement avec une tendance au symbolisme. Le parcours du peintre Léon Frédéric (1856-1940) est ici tout à fait significatif. Si c’est un peintre symboliste belge majeur, il part initialement du naturalisme, dans une optique sociale allant jusqu’à l’engagement, voire une vraie perspective réaliste. […]
30 juillet 2018
Cette tendance à l’impressionnisme, au symbolisme, était irrépressible. Le grand groupe des artistes prétendument rebelle, soutenu à bout de bras par la revue L’Art moderne, les XX, n’avait même pas de programme, étant dans le même esprit que les revues d’avant-garde d’alors. Grâce à Octave Maus, le groupe des XX put même exposer au Palais […]
1 août 2018
Le passage à l’impressionnisme, au symbolisme, se fit par conséquent de manière toute naturelle. Dès février 1886, à l’occasion du salon des XX, on trouve dans L’Art moderne un éloge de l’impressionnisme, c’est-à-dire de l’expression du subjectivisme français. L’impressionnisme est considéré comme une évolution naturelle de l’Art, évolution dont les lois restent inconnues mais qu’il […]
2 août 2018
James Ensor avait un père anglais, qui sombra dans l’alcoolisme et l’héroïne, sa mère flamande tenant un magasin de souvenirs, d’animaux empaillés, de coquillages et de masques de carnaval. Ses œuvres représentent une sorte de peinture flamande décadente, comme en témoigne ici Les ivrognes, de 1883. Son tableau le plus célèbre est L’Entrée du Christ […]
4 août 2018
Si L’Art moderne, représentait l’aile radicale de la bourgeoisie – Edmond Picard pouvant en 1886 faire plusieurs articles d’une série appelée « L’art et la révolution », avec comme inspiration deux ouvrages contestataires (Paroles d’un révolté de l’aristocrate anarchiste russe Pierre Kropotkine et L’insurgé de Jules Vallès, un communard) – c’est la revue La Jeune […]
3 septembre 2018
Un antisémite enragé Dans la nuit du 3 au 4 septembre 1942, 718 personnes juives furent raflées dans le quartier des Marolles à Bruxelles. Bon nombre d’entre elles seront massacrées à Auschwitz. Or, Edmond Picard − dont il est ici question dans le dossier sur la peinture naturaliste belge − est celui qui professa durant […]