Vive la patrie d'Octobre !

Vive la patrie d’Octobre !

CATEGORIES (du grec […] — attribut). En philosophie, notions logiques fondamentales qui reflètent les propriétés essentielles, les côtés et les rapports les plus généraux entre les phénomènes réels. Les catégories (causalité, nécessité, contenu, forme, etc.) se sont formées au cours du développement historique de la connaissance sur la base de la pratique sociale et matérielle des hommes dans la production.

Les catégories permettent à l’homme de pénétrer plus à fond la réalité qui l’entoure.

La connaissance de la nature et de l’histoire, loin d’être un simple acte mécanique de réflexion de la réalité dans le cerveau humain, est un processus complexe de formation de catégories, de concepts, de lois. « L’homme se trouve devant un réseau de phénomènes naturels. L’homme primitif, le sauvage, ne se sépare pas de la nature. L’homme conscient s’en sépare ; les catégories sont les jalons de cette séparation, autrement dit de la connaissance du monde, les points nodaux de ce réseau, qui aident à connaître la nature et à s’en rendre maître » (Lénine : « Cahiers philosophiques », éd. russe, p. 67).

La conception marxiste des catégories se distingue radicalement des conceptions idéalistes. D’après Kant (V.) par exemple, les catégories sont des formes a priori de la pensée, c’est-à-dire qu’elles existent de tout temps, avant toute expérience et indépendamment d’elle. Hegel (V.) prend les catégories dans leur développement dialectique, mais elles sont pour lui des étapes dans l’évolution d’une idée mystique et religieuse, l’idée absolue, créatrice du monde réel.

Le matérialisme dialectique considère les catégories comme un reflet des aspects les plus généraux et les plus essentiels de la nature et de la société dans la conscience. Les catégories fondamentales du matérialisme dialectique sont : la matière (V.), le mouvement (V.), le temps, l’espace (V. Temps et espace), la qualité, la quantité (V. Qualité et quantité), la réciprocité, la contradiction, la causalité (V.), la nécessité (V. Nécessité et hasard), la forme et le contenu (V.), l’essence et le phénomène (V.), la possibilité et la réalité (V.), etc.

Les catégories fondamentales du matérialisme historique comprennent le mode de production (V. Mode de production des biens matériels), la formation économique et sociale (V.), les forces productives (V.) et les rapports de production (V.), la base et la superstructure (V.), la classe (V. Classes), la révolution (V. Révolution sociale), etc.

Les catégories du matérialisme dialectique et du matérialisme historique, comme celles de toute autre science, ne constituent point un système fermé et immuable de notions fondamentales.

Le développement de la réalité objective et les progrès de la science multiplient et enrichissent les catégories scientifiques qui reflètent le monde objectif avec toujours plus d’ampleur et de précision.

Exprimant les rapports essentiels de la réalité, les catégories doivent forcément être aussi souples, mobiles et liées les unes aux autres que les objets et les processus du monde matériel lui-même. On aurait tort de considérer les catégories scientifiques comme des formules rigides, données une fois pour toutes.

Ainsi, ce serait une erreur d’examiner la catégorie économique de la production marchande en dehors des conditions historiques. La production marchande sous le capitalisme est une chose, et la production marchande sous le socialisme en est une autre. La production marchande conduit au capitalisme, si les moyens de production appartiennent à des particuliers, si la force de travail est une marchandise, s’il y a exploitation.

La production marchande en U.R.S.S. est d’un genre spécial, étant donné que les moyens de production y appartiennent à la collectivité et que l’exploitation de l’homme par l’homme n’y existe pas. Elle contribue au renforcement du socialisme et non du capitalisme. Cet exemple montre que le développement de la réalité objective peut et doit s’exprimer non dans des catégories métaphysiques figées mais dans des catégories dialectiquement mobiles.

Chaque catégorie reflète un des aspects du monde objectif. Ce n’est donc pas des catégories isolées mais leur ensemble, « la somme infinie des notions générales, des lois, etc., qui donne le concret dans toute sa plénitude » (Ibid., p. 261). (V. également Concept.)

CAUSALITE. Une des formes de l’interdépendance universelle des phénomènes du monde objectif. Lénine souligne que la question de la causalité est d’une importance toute particulière pour définir un courant philosophique.

En règle générale, l’idéalisme nie la causalité objective dans la nature et dans la société, qui seraient dès lors dépourvues de tout ordre indépendant de la conscience des hommes. Les idéalistes représentent la nature et la vie sociale comme un chaos de phénomènes et d’événements qui n’auraient pas entre eux de liaison causale.

Ainsi Kant affirme que la raison dicte ses lois à la nature, que la causalité est une catégorie a priori, antérieure à l’expérience, inhérente à la raison humaine indépendamment de l’expérience. La théorie de Hume est basée sur ce principe que dans le monde objectif il n’y a aucun rapport de causalité entre les phénomènes, que la causalité n’est autre chose que le résultat d’une habitude, de la liaison habituelle des sensations, des perceptions.

Pour ce qui est de la philosophie bourgeoise réactionnaire de l’époque impérialiste, la négation de la causalité objective est une de ses armes principales dans la lutte contre la science. Le pragmatisme et l’intuitionnisme, le machisme et le positivisme, ainsi que divers autres courants de la philosophie réactionnaire se refusent unanimement à reconnaître le caractère objectif de la liaison causale des phénomènes. Mach déclarait : « Dans la nature, il n’y a ni cause ni effet. »

La philosophie de nos jours : positivisme logique (V.), personnalisme (V.), existentialisme (V.) et autres écoles réactionnaires, se prononce, elle aussi, contre le principe de causalité. En exploitant la crise de la physique, qui dure encore, certains philosophes s’appliquent à utiliser les données nouvelles de la science pour répudier la causalité objective. C’est la négation de la causalité objective dans la nature qui sert de point d’appui à l’idéalisme « physique » (V.), au weismanisme-morganisme (V.) et aux autres courants idéalistes dans les sciences naturelles.

La connaissance scientifique n’est possible que si elle met en lumière les liaisons causales des phénomènes. Quand ils se dressent contre la causalité, les philosophes bourgeois exécutent les ordres de leur classe, intéressée à obscurcir la conscience des masses, à substituer la religion à la science.

En dénonçant les machistes, Lénine a demandé qu’on fît une distinction très nette entre les deux lignes philosophiques à propos du problème de la causalité. « Il est clair, en effet, qu’en matière de causalité la tendance subjective qui attribue l’origine de l’ordre et des lois de la nature non au monde objectif extérieur, mais à la conscience, à l’esprit, à la logique, etc., non seulement détache l’esprit humain de la nature et les oppose l’un à l’autre, mais fait de la nature une partie de l’esprit au lieu de considérer l’esprit comme une partie de la nature.

La tendance subjective se réduit, dans la question de la causalité, à l’idéalisme philosophique (dont les théories de la causalité dues à Hume et à Kant ne sont que des variétés), c’est-à-dire à un fidéisme plus ou moins atténué et dilué. Le matérialisme est la reconnaissance des lois objectives de la nature et du reflet approximativement exact de ces lois dans la tête de l’homme » (Lénine : « Matérialisme et empiriocriticisme », M. 1952, pp. 171-172).

Lénine enseigne qu’il faut distinguer la solution gnoséologique du problème de la causalité en général et le degré de précision atteint par la science dans la description des rapports de causalité. Indépendamment du niveau atteint par la science dans l’étude des liaisons causales, la solution gnoséologique de ce problème a pour principe l’existence objective de la causalité, le déterminisme de la nature, source de notre connaissance des liaisons causales.

La théorie de la causalité établie par le matérialisme dialectique, se ramène aux principes fondamentaux suivants : il n’y a pas dans le monde de phénomène sans cause. Chaque phénomène de la nature et de la société est conditionné par une cause déterminée, est la conséquence de telle ou telle cause.

La cause et l’effet sont dans des rapports d’action réciproque. La cause engendre l’effet, mais l’effet n’est pas passif, il réagit sur la cause qui l’a engendré. Ainsi, une base économique donnée engendre la superstructure sociale correspondante, mais cette dernière n’est pas simplement une conséquence passive.

Elle joue un rôle actif, en réagissant sur la base, en la consolidant et en la développant. Dans leur interaction universelle, la cause et l’effet permutent ; ce qui, dans une connexion, est effet, peut devenir cause dans une autre, etc. Entre la cause et l’effet il y a un rapport interne nécessaire. On ne saurait envisager l’action réciproque entre la cause et l’effet en la détachant de la situation concrète dans laquelle cette interaction se déroule.

Ainsi, sous le régime socialiste, le progrès de la technique est une des causes de l’accroissement du bien-être des travailleurs ; dans les pays capitalistes, loin de contribuer à l’amélioration du bien-être des exploités, le développement de la technique est au contraire une des causes de l’aggravation du chômage et de la misère.

L’activité pratique est le critère suprême du caractère objectif des rapports de causalité constatés dans la nature et dans la société.

Ainsi, la biologie établit que la variabilité et l’hérédité des organismes sont fonction des changements du milieu extérieur; la pratique confirme pleinement cette dépendance causale. Il en est de même dans la vie sociale.

Nous savons que les crises économiques périodiques dans la société capitaliste ont pour cause le régime capitaliste, les contradictions qui lui sont inhérentes ; la pratique, l’expérience de l’histoire de la société confirme la justesse de notre conception de ce rapport de causalité : la suppression du capitalisme en U.R.S.S. a eu pour conséquence nécessaire la disparition de l’inévitable corollaire du régime capitaliste que sont les crises économiques. (V. également Déterminisme et indéterminisme.)


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