CAMPANELLA Tommazo (1568-1639). Communiste utopiste italien. Tout jeune, il entra au couvent des dominicains où il étudia la philosophie.

Sous l’influence de Telesio (1508-1588), Campanella passa dans le camp des adversaires de la doctrine d’Aristote (V.), transformée par le clergé en scolastique.

En 1591 Campanella publia à Naples son ouvrage « Philosophia sensibus demonstrata », dirigé contre la philosophie médiévale.

Ses écrits lui valurent d’être arrêté. Il fut relâché peu après, mais l’Inquisition le tenait fortement en suspicion. Critiquant la scolastique, Campanella préconisait la connaissance expérimentale, l’étude de la nature. Il prêtait une âme à tout l’univers, qu’il considérait comme un organisme vivant.

Dans sa philosophie de la nature, la tendance matérialiste se combine avec les vestiges de la scolastique dont il ne sut pas se défaire entièrement. Campanella était un patriote et un homme politique d’avant-garde. Il luttait contre le joug espagnol qui pesait à celle époque sur l’Italie ; il dirigeait une organisation clandestine dont le but était la libération de la patrie.

Par suite d’une trahison, l’organisation fut dispersée. Campanella passa 27 ans en prison où il écrivit son ouvrage célèbre la « Cité du Soleil », publié pour la première fois en 1623.

Il y exposa son rêve d’un régime communiste utopique.

Carnpanella est un des premiers communistes utopistes. Il défend l’idée de l’égalité politique et économique des hommes.

Ce principe, il est vrai, n’est pas développé avec esprit de suite ; seuls les intellectuels, la caste des sages, constituent la force dirigeante dans la Cité du Soleil.

Campanella critique la société où règne l’exploitation, où « la pauvreté… engendre la bassesse, l’astuce, le dol, le vol, les trahisons, le faux témoignage, le vagabondage et la mendicité ; mais la richesse produit aussi l’insolence, l’orgueil, l’ignorance, la présomption, la tromperie, la vanterie, l’égoïsme et la grossièreté ».

Avec une perspicacité géniale Campanella soutient l’idée que la société, délivrée de la propriété privée, de l’inégalité sociale et de l’oppression, créerait les prémisses d’un épanouissement inouï de la science, de la technique, de l’art.

Pour faciliter leur travail et assurer la prospérité, les « Solariens » disposent d’une technique perfectionnée dans tous les domaines de la production.

Pour les citoyens de la Cité du Soleil, pour l’homme émancipé, le travail devient un besoin interne, « c’est pourquoi, quelle que soit la fonction dont un Solarien est chargé, il la tient pour fort honorable.

Ils n’ont pas de serviteurs à gages… : car, en toute chose, ils se suffisent à eux-mêmes et au-delà ». L’idéal communiste de Campanella exprimait les aspirations des paysans pauvres et des couches inférieures des intellectuels italiens de la fin du XVIe et du début du XVIIe siècle.

Carnpanella était un penseur solitaire, son idée utopique de l’avenir n’était qu’un rêve, qui ne reposait pas sur la connaissance des lois réelles du développement de la société. Dans son « Athéisme vaincu », Campanella, sous le couvert de la critique de l’athéisme (V.), porta des coups à la religion et, surtout, au clergé.


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