Editorial
REMOUS AU PAYS NOIR
La Wallonie a, paraît-il, une fâcheuse réputation dans le monde capitaliste. Le périodique mensuel patronal « Belgian Business » le déclare ouvertement dans son numéro de février (page 81) : « L ’investisseur préfère depuis longtemps déjà la région flamande qu’il juge socialement plus calme. »
Il y a une demi-douzaine d’années déjà, une information avait filtré des milieux dirigeants − capitalistes, bien entendu ! − du Marché Commun. D’après des documents confidentiels, la haute finance « communautaire » jugeait nécessaire de « sanctionner » la classe ouvrière du sillon Sambre et Meuse pour y briser les traditions révolutionnaires.
Cette réputation flatteuse n’a d’égale que celle de la haute qualité du travail effectué par l’ouvrier de Wallonie − réputation tout autant mondialement reconnue.
Les derniers mois ne démentent pas, loin de là, cette combativité ouvrière wallonne.
Voici quelques semaines, c’était la région liégeoise qui, coup sur coup, voyait se dérouler des « conflits sociaux » de tout ordre et de toute grandeur. Le Borinage, presque en même temps, fut à l’avant-plan de l’actualité.
A présent, le Pays Noir, le bassin industriel de Charleroi, est agité, à son tour, de remous successifs. Ils ne se présentent pas, comme dans la patrie du « Torè » [ndlr. « Taureau » en dialecte liégeois, le taureau étant l’un des symboles de la ville de Liège], sous forme d’amples mouvements dirigés − ou plutôt, en certains cas, acceptés − par les organisations syndicales.
Il s’agit plutôt de vagues de fond, courtes mais puissantes, peu perceptibles en surface mais qui pourraient présager − de l’avis d’un peut tout le monde − une redoutable tempête.
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