Viktor Karrus et Roman Treuman, Appel à la compétition socialiste pour les tractoristes de la République [socialiste d’Estonie], 1951

Viktor Karrus et Roman Treuman, Appel à la compétition socialiste pour les tractoristes de la République [socialiste d’Estonie], 1951

BASE ET SUPERSTRUCTURE. « La base est la structure économique de la société dans une étape donnée de son développement. La superstructure, ce sont les vues politiques, juridiques, religieuses, artistiques, philosophiques de la société et les institutions politiques, juridiques et autres qui leur correspondent » (Staline : « Le marxisme et les problèmes de linguistique », M. 1952, p. 5).

La science marxiste de la société attache une grande importance au problème de la base et de la superstructure. Quand on a une notion juste de la base et de la superstructure, de leurs rapports réciproques et des liens qui les unissent à la production et aux forces productives, on peut découvrir les lois objectives du développement social, et surmonter le subjectivisme dans l’étude de l’histoire de la société.

Le marxisme entend par base l’ensemble des rapports de production dont le caractère est déterminé par la forme de la propriété. Les rapports de production indiquent entre les mains de qui se trouvent les moyens de production (V.), qui appartiennent soit à la société entière, soit à des individus isolés, des groupes ou des classes qui s’en servent pour exploiter d’autres individus, groupes ou classes.

Dans sa préface à la « Contribution à la critique de l’économie politique ». Marx dit que « l’ensemble de ces rapports de production constitue la structure économique de la société, la base réelle sur quoi s’élève une superstructure juridique et politique et à laquelle correspondent des formes de conscience sociales déterminées ».

La base ne saurait être identifiée à la production ni détachée d’elle. Si l’on confond la base avec ta production, on risque d’aboutir à la conclusion erronée que la production détermine directement la superstructure, alors qu’en réalité, elle la détermine indirectement, par l’intermédiaire de la base économique. Si l’on détache la base de la production, on tombe dans l’idéalisme, on commet l’erreur de croire à l’indépendance des rapports de production (V.) vis-à-vis des forces productives (V.).

La base n’est pas quelque chose d’immuable, elle se modifie au cours de l’histoire, et représente la structure économique de la société à une étape donnée de son développement. Ainsi, la base de la société socialiste diffère foncièrement de la base capitaliste. La première se caractérise par la propriété collective des moyens de production et l’absence d’exploitation de l’homme par l’homme. La seconde implique la propriété privée des moyens de production et l’exploitation du travail salarié.

La base a un caractère économique, tandis que la superstructure met au service de la société des idées politiques, juridiques, esthétiques et autres et crée les institutions correspondantes. La base est directement déterminée par les forces productives de la société ; la superstructure n’est liée à la production, aux forces productives que d’une façon indirecte, par l’intermédiaire de l’économie, par l’intermédiaire de la base et c’est là une de ses particularités.

Elle reflète les changements survenus dans le niveau du développement des forces productives non pas d’une façon immédiate, mais à la suite des changements de la base, à travers ces changements. Cette thèse du marxisme est d’une grande importance pour la lutte contre toute sorte de vulgarisateurs qui déduisent les idées juridiques, esthétiques et autres directement de la production, et qui dénaturent ainsi les lois réelles de la naissance et du développement de la superstructure, son rôle et sa portée dans la vie sociale.

Dans son ouvrage « Le marxisme et les problèmes de linguistique » (V.) Staline fait une analyse approfondie des rapports entre la superstructure et la base économique. Lorsque la base économique est modifiée, la superstructure qui dépend étroitement de la base, se modifie à son tour. L’histoire de la société fournit de nombreux exemples de cette corrélation qui permet de comprendre pourquoi les idées politiques, juridiques, esthétiques et autres diffèrent suivant les époques historiques.

La superstructure est le produit de l’époque au cours de laquelle fonctionne une base économique donnée, donc, relativement, elle ne dure pas longtemps. Liée à une base donnée, elle disparaît avec elle.

Tout en étant engendrée par une base économique déterminée, la superstructure n’est pas passive comme le prétendent nombre de vulgarisateurs ; la base est loin d’être l’unique force active du développement social. Parmi ces vulgarisateurs, qui niaient le rôle actif de la superstructure, on rangera les « économistes » (V. Economisme) et les menchéviks avec leur « théorie de la spontanéité », leur négation de la nécessité d’une dictature prolétarienne pour l’édification du socialisme.

C’est à bon escient que les leaders des socialistes de droite actuels ont recours à la même idée du rôle passif de la superstructure pour prêcher la théorie antimarxiste de l’intégration pacifique du capitalisme au socialisme, sans lutte révolutionnaire, sans renversement du pouvoir de la bourgeoisie.

Le marxisme-léninisme a fait justice de ces « théories » opportunistes, contre-révolutionnaires, visant à perpétuer le régime réactionnaire périmé. Il importe de tenir compte du rôle considérable de la superstructure — l’Etat, le droit, les idées politiques, philosophiques et autres, — dans le développement et le renforcement de la base correspondante. Et il ne saurait en être autrement : si la base produit sa superstructure, c’est pour mieux prendre corps et s’affermir.

Dans une société divisée en classes, la superstructure revêt un caractère de classe: elle ne peut être indifférente à l’égard de sa base, avoir la même attitude envers toutes les classes sans cesser d’être une superstructure. Par l’influence qu’elle exerce sur la base, elle accélère ou, au contraire, ralentit le développement social. Ainsi, la bourgeoisie contemporaine mobilise son Etat dans la lutte contre la révolution prolétarienne, pour barrer le chemin au progrès social.

Elle fait jouer tous les moyens de pression politique et idéologique de l’Etat bourgeois pour assoupir la conscience politique des masses, pour en faire un instrument docile des classes dominantes.

La superstructure politique joue donc ici un rôle réactionnaire actif. Après la conquête du pouvoir, s’appuyant sur la loi objective de correspondance nécessaire entre les rapports de production et le caractère des forces productives (V.), le prolétariat abolit la propriété privée, qui entrave le développement des forces productives, et crée les conditions permettant aux petites exploitations paysannes de passer à la grande agriculture socialiste ; la propriété privée est remplacée par la propriété collective, socialiste, des moyens de production.

La superstructure politique joue alors un rôle révolutionnaire actif dans le développement de la société, de l’économie et des forces productives de la société.

Sous le socialisme, le rôle de la superstructure devient particulièrement important : contrairement à la société capitaliste où l’économie se développe spontanément, dans la société socialiste soviétique l’économie nationale se développe d’après des plans établis scientifiquement, qui reflètent les lois économiques objectives du socialisme et sont en harmonie avec elles.

Jamais dans l’histoire de l’humanité l’Etat n’a rempli la fonction économique, culturelle et éducative à une aussi grande échelle que l’Etat des Soviets. L’immense action qu’exerce la politique du parti communiste et de l’Etat soviétique sur le développement de la base économique est due au fait que cette politique est conforme aux lois économiques objectives du socialisme, qu’elle répond aux besoins historiques.

Armé de la connaissance des lois du développement social, le parti communiste prévoit les processus fondamentaux de l’évolution économique et, conformément à ces lois, trace le programme d’activité de l’Etat, mobilise les masses populaires pour le mettre en œuvre. Ainsi, tout en reconnaissant la dépendance de la superstructure par rapport à la base, le marxisme souligne avec force l’immense rôle actif de la superstructure dans le développement de la base économique.

A l’heure actuelle, le peuple soviétique, guidé par le parti communiste, réalise les tâches grandioses en vue d’achever la construction du socialisme et de passer graduellement au communisme ; le renforcement de l’Etat soviétique, l’éducation des masses dans l’esprit du communisme et du patriotisme soviétique, le travail idéologique et la lutte contre les survivances du capitalisme dans la conscience des hommes, sont une condition importante de la marche en avant.

La doctrine marxiste-léniniste de la base et de la superstructure est un guide d’action efficace dans la lutte pour passer du capitalisme au communisme.

L’Etat bourgeois, le droit bourgeois aident activement la base économique du capitalisme à se maintenir, à conserver intact le régime économique d’exploitation et d’oppression ; il est impossible d’affranchir la classe ouvrière et tous les travailleurs et, partant, de construire le socialisme, sans avoir aboli le pouvoir de la bourgeoisie.

Seule la révolution socialiste, qui établit la dictature du prolétariat, assure le passage du capitalisme au socialisme, crée les conditions pour instaurer la société socialiste et plus tard la société communiste, — telle est la conclusion qui découle de la doctrine marxiste-léniniste de la base et de la superstructure.


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