ATTRIBUT. Propriété inhérente d’un objet sans laquelle il ne peut ni exister, ni être conçu. Dans sa « Métaphysique », Aristote (V.) fait une distinction entre les propriétés liées inséparablement à l’existence d’un objet et ses états accidentels. Pour Descartes (V.), les attributs sont les propriétés essentielles (objectives) des substances : l’étendue est l’attribut de la substance corporelle et la pensée est l’attribut de la substance spirituelle.
D’après Spinoza (V.), une seule et même substance, la substance matérielle, a une infinité d’attributs dont on ne connaît que l’étendue et la pensée.
Les matérialistes français du XVIIIe siècle estiment que les attributs de la matière sont l’étendue et le mouvement; certains d’entre eux (Diderot — V., Robinet) y ajoutaient la pensée. Pour le matérialisme dialectique le mouvement est la propriété essentielle (l’attribut) de la matière.
AUGUSTIN (saint) (354-430). Evêque d’Hippone, célèbre théologien chrétien et philosophe mystique, ennemi du matérialisme. La doctrine d’Augustin est proche du néo-platonisme (V.). Il a prêché l’intolérance envers les hérétiques et les hétérodoxes et détesté les traditions progressives de la philosophie antique. Dans son ouvrage sur « La Cité de Dieu », Augustin expose la conception chrétienne de l’histoire universelle, qu’il traite en fataliste, comme œuvre de la Providence.
Il oppose la « cité de Dieu », domination mondiale de l’Eglise, à la « cité terrestre », l’Etat laïque, « en proie au péché », incarné par la Rome païenne à l’époque de son déclin. L’influence d’Augustin sur la théologie (V.) chrétienne est considérable. Ses doctrines sont encore utilisées par les prêtres et les idéalistes comme une arme au service de la réaction et de l’obscurantisme.
AUTOMOUVEMENT. Le matérialisme dialectique considère la nature non comme un état de repos et d’immobilité, de stagnation et d’immutabilité, mais comme un état de mouvement et de transformation continus. La cause de ce mouvement, de ces transformations se trouve non pas en dehors, mais à l’intérieur de la nature elle-même. Dans la nature et la société le développement s’accomplit en vertu des contradictions internes inhérentes aux objets et aux phénomènes, en vertu de l’automouvement. Les idéalistes prétendent que la cause du mouvement ne réside pas dans la nature, mais en dehors d’elle, en Dieu.
Le philosophe dualiste Descartes (V.) estimait que la quantité de mouvement que possède la nature lui fut octroyée par Dieu lors de la création du monde ; Newton (V.) croyait que les planètes du système solaire reçurent la première impulsion de Dieu. Le matérialisme mécaniste nie également l’automouvement, il ne reconnaît pas d’autre source du mouvement que le choc de forces opposées externes. Une telle conception aboutit inévitablement à l’idée de l’impulsion divine originelle.
La thèse dialectique de l’automouvement est fondée sur les données des sciences naturelles et sociales. La source de l’automouvement dans la nature et la société, c’est la lutte des contraires (V.). D’après Lénine, ce qui distingue essentiellement la conception dialectique de la conception métaphysique sur ce point, c’est la reconnaissance de la lutte des contraires en tant que source de l’automouvement dans la nature, mouvement qui n’a que faire d’une force externe surnaturelle.
Le développement, dit Lénine, c’est la lutte des contraires. L’histoire de la philosophie connaît deux conceptions fondamentales du devenir : 1° comme diminution ou augmentation, comme répétition ; 2° comme lutte des contraires. « Avec la première conception du mouvement, restent dans l’ombre l’automouvement, sa force motrice, sa source, son motif (à moins qu’on ne transporte cette source au dehors — Dieu, un sujet, etc.).
L’autre conception nous porte surtout à connaître la source de l’ « auto-mouvement. La première conception est inerte, stérile, aride. La seconde est vivante. Seule la seconde nous donne la clé de l’ « automouvement » de tout ce qui est ; seule elle nous donne la clé des « bonds », des « solutions de continuité », de la « transformation en son contraire », de la destruction de ce qui est ancien et de la naissance de ce qui est nouveau » (Lénine : « Cahiers philosophiques », éd. russe, p. 328).
Le progrès de la science a complètement démenti les anciennes idées idéalistes et métaphysiques sur on ne sait quelles « forces » extérieures qui seraient la source du mouvement de la matière. La physique, la biologie et les autres sciences modernes envisagent le mouvement comme une propriété inséparable de la matière inorganique et organique, comme le mode de son existence. Par exemple, la dissociation radioactive des éléments, la mutabilité des éléments chimiques, etc., sont des manifestations autodynamiques, c’est-à-dire des processus intra-atomiques, et sont inconcevables en dehors de ces processus.
La transition de la commune primitive à un régime fondé sur la division de la société en classes est un exemple de l’automouvement dans le domaine des rapports sociaux. Ce passage n’est pas dû à des causes extérieures, mais à des processus internes qui se sont déroulés au sein de la commune primitive (division sociale du travail, apparition de la propriété privée et des échanges, etc.).
La commune primitive décomposée a cédé la place à la société divisée en classes. De même, le mode de production capitaliste prépare son écroulement et les prémisses matérielles du passage au socialisme non par suite de causes externes, mais en vertu ces lois économiques de développement qui lui sont inhérentes.
Toutefois, on aurait tort de considérer l’automouvement social comme une évolution automatique se déroulant sans l’intervention active des hommes, des masses populaires, des partis, etc. Le développement du capitalisme ne fait que créer les prémisses objectives de son remplacement par le socialisme. Pour que le changement soit effectif, il faut abolir le capitalisme.
La révolution prolétarienne accomplit cette tâche et assure les conditions de la construction de la société socialiste. La dialectique marxiste ne nie pas non plus le rôle des contradictions externes. Tout en considérant comme force décisive du devenir la lutte des contradictions internes, elle exige que l’on tienne compte, dans l’étude des processus et des phénomènes, de tout l’ensemble des contradictions qui stimulent leur développement.
AVENARIUS Richard (1843-1896). Philosophe réactionnaire allemand, idéaliste subjectif, un des fondateurs de l’empiriocriticisme (V.). Il niait la réalité objective du monde. Sa philosophie partait du principe idéaliste subjectif affirmant que seule la sensation est « concevable comme chose existante ». Pour Avenarius, il y a nécessairement une liaison permanente (une « coordination de principe ») entre la conscience et l’être, le sujet et l’objet (le « moi » et le « milieu ») ; point d’être sans la conscience, pas de conscience sans l’être.
Mais c’est la conscience qui d’après Avenarius constitue la base de cette liaison. Il estime que l’objet ne peut exister indépendamment de la conscience, du sujet pensant. C’est pourquoi la liaison du « moi » avec le « milieu », la « coordination de principe » d’Avenarius n’est qu’idéalisme subjectif. Ce système artificiel est contraire à la science. Celle-ci a en effet démontré que la conscience est le produit d’un long développement historique de la matière et qu’il fut un temps où l’homme et sa conscience n’existaient point.
Pour échapper aux absurdités auxquelles aboutissait la « coordination de principe », Avenarius émit une autre théorie, d’un mysticisme tout aussi absurde, celle du « terme central potentiel ». Selon cette théorie idéaliste nous nous « adjoignons par la pensée », c’est-à-dire que nous nous imaginons comme ayant vécu à une époque où l’homme n’existait pas encore.
Avenarius a exercé une forte influence sur les machistes russes Bogdanov (V.), Bazarov et autres. Dans son livre « Matérialisme et empiriocriticisme » (V.) Lénine a soumis la philosophie d’Avenarius à une critique foudroyante, comme l’une des formes de la réaction idéologique à l’époque de l’impérialisme. Il a démontré que cette philosophie sert l’obscurantisme clérical, qu’elle poursuit les mêmes objectifs que la philosophie de Berkeley (V.) et de Hume (V.).
AVERRHOES. V. Ibn-Rochd Mohammed.
AVICENNE. V. Abou-Ali Ibn-Sinâ.