Bâtiments de l’ambassade d’Iran à Bruxelles
Suite aux récents bombardements israélo-américain contre son pays, le guide suprême de la République islamique d’Iran, l’ayatollah Ali Khamenei, en place depuis 1989 (à la suite de la mort de Rouhollah Khomeini), a tenu un discours triomphaliste le 26 juin 2025. « Je tiens à féliciter la grande nation iranienne : tout d’abord pour sa victoire sur le régime sioniste. »
Le régime iranien aurait mis une « gifle cinglante » aux États-Unis et Israël aurait manqué de s’effondrer ! Selon lui, les États-Unis « sont intervenus directement dans la guerre, convaincus que leur refus de s’engager conduirait à la destruction totale du régime sioniste ».
C’est totalement ridicule, mais ces discours vantards, prétentieux, relevant d’une démesure verbale, sont absolument typiques du régime iranien. La raison tient à sa base féodale.
En son temps, le Chah d’Iran a essayé de réorganiser le féodalisme en Iran, afin de faire en sorte de moderniser le pays conformément aux attentes de la bourgeoisie « compradore », c’est-à-dire vendue à des puissances impérialistes (ici en l’occurrence la superpuissance impérialiste américaine). Comme on le sait, ça a très mal tourné.
Le résultat est qu’il y a bien eu la mise en place d’un capitalisme bureaucratique, mais au lieu que ce soit la bourgeoisie compradore qui prédomine, ce sont les forces féodales qui ont pris le dessus.
On a ainsi le Quartier général exécutif des ordres de l’Imam, qui possède 52 milliards de dollars de propriété et 43 milliards de dollars d’entreprises. Mais on a aussi les « fondations », au nombre d’une centaine, qui produisent du coton et du soja, s’occupent des ports, ont des usines d’automobiles, etc.
La seconde plus grande entreprise du pays est la fondation religieuse appelée Bonyad-e Mostazafen va Janbazan (la « fondation pour les opprimés et les handicapés »), qui a récupéré ce qui était lié au Chah. Elle est active dans l’hôtellerie, le tourisme, l’horticulture, l’agriculture, les matériels de construction, la métallurgie, le fret, le verre, les boissons gazeuses (dont le Zam Zam Cola), la presse, etc.
Ces fondations, toutes officiellement à visée caritative, ne payent donc aucun impôt ni taxes ! C’est une machine à redistribuer les profits, telle une rente : on est plein féodalisme « capitaliste ».
Et c’est tellement opaque qu’on ne sait pas à quel point ces fondations dominent l’économie ; les estimations vont de 11 % à 40 % ! Une estimation de 2008 considère qu’il y a entre 400 000 et 5 millions de personnes employées par ces fondations !
Il faut ajouter à ce triste panorama que le Corps des gardiens de la révolution islamique, en plus de ses propres fondations dispose aussi d’entreprises, comme le Quartier général de la construction de Khatam al-Anbiya, qui s’approprie les contrats gouvernementaux dans ce domaine, construit des routes et des aciéries, etc.
Alors, oui, il y a bien un capitalisme, mais il est étouffé et encadré, il voit les fondations du clergé avoir le dessus et porter le clergé dans absolument tout le pays ; il affronte la corruption généralisée, la contrebande mise en place par l’armée et le Corps des gardiens de la révolution islamique.
Et il y a bien sûr la première entreprise du pays, omniprésente, la National Iranian Oil Company, qui produit le pétrole et le gaz ; c’est une industrie publique, avec des ramifications dans tout l’appareil d’État.
Il n’y a pas de « capitalisme » iranien, mais un capitalisme bureaucratique, et notre thèse selon laquelle la période 1989-2020 a été caractérisée par un accroissement des forces productives dans le monde se vérifie absolument lorsqu’on voit l’évolution du PIB iranien.
La délégation reçue par l’ambassadeur de la République Islamique d’Iran sous les portraits des ayatollahs Ali Khamenei et de Rouhollah Khomeini
Concrètement, 300 personnes ont le contrôle de 60 % de l’économie ! Cela rend la situation explosive, alors qu’en plus la population est passée de 39,9 millions en 1980 à 91 millions en 2025. On a ici un horizon révolutionnaire qui se pose de manière résolue !
Ce même 26 juin 2025, cette situation explosive n’a pas empêché une délégation comprenant des représentants des groupes Masar Badil : Mouvement alternatif révolutionnaire palestinien ; Samidoun Bruxelles – Palestinian Prisoner Solidarity Network ; Bruxelles Panthères ; Plate‑forme Charleroi‑Palestine et Tayyar d’être reçue par Seyed Mohammad Ali Robatjazi, Ambassadeur de la République islamique d’Iran auprès de la Belgique et du Luxembourg.
Apportant leur caution au régime des mollahs, dans un communiqué diffusé dans le cadre de cette visite, le Masar Badil, « félicite la République islamique d’Iran pour ses formidables réalisations dans la confrontation à l’agression sioniste et américaine, et exprime sa plus ferme solidarité avec la direction courageuse, résolue et victorieuse (…) ». Il y a donc là, peu ou prou, le même discours délirant que celui prononcé par l’ayatollah Ali Khamenei le même jour.
Outre la négation totale de la nature féodale du régime de la République islamique d’Iran, tout ceci ne signifie rien d’autre qu’alors qu’on est en plein retour dans la barbarie dans le cadre de la bataille pour le repartage du monde, cette délégation ne voit pas que dans une telle situation, trouver des choses « intéressantes » dans les crimes des uns et des autres n’a aucun sens, mais relève de l’opportunisme et du pur idéalisme religieux. Dans un tel contexte, il ne faut avoir confiance qu’en les masses, qu’en le drapeau rouge, qu’en la révolution démocratique et en la révolution socialiste.
Il est donc essentiel d’appuyer la révolution iranienne qui ne saurait manquer d’émerger historiquement, et pour cela d’apporter son aide aux organisations révolutionnaires d’Iran, qui luttent avec abnégation, générosité et héroïsme. Leur courage doit provoquer le respect et l’humilité, et appelle à l’internationalisme prolétarien.
Pour archive, voici le communiqué de la délégation :
Le Mouvement alternatif de la voie révolutionnaire palestinienne
Votre Excellence, Monsieur Seyed Mohammad Ali Robatjazi, Ambassadeur de la République islamique d’Iran auprès de la Belgique et du Luxembourg, et Chef de la Mission auprès de l’UE ;
Le Masar Badil, Mouvement alternatif révolutionnaire palestinien, félicite la République islamique d’Iran pour ses formidables réalisations dans la confrontation à l’agression sioniste et américaine, et exprime sa plus ferme solidarité avec la direction courageuse, résolue et victorieuse, les forces armées et le peuple d’Iran, qui ont régulièrement affirmé leur position forte et claire en soutien au peuple palestinien et à sa lutte de libération en cours — y compris les efforts urgents pour mettre fin au génocide sioniste en cours dans la bande de Gaza.
La victoire historique obtenue par la République islamique d’Iran n’a pas seulement révélé la « supériorité » illusoire de la machine de guerre sioniste et impérialiste, mais a également démontré que le régime sioniste — et même les États-Unis — ne pourront plus imposer leur hégémonie dans la région sans être confrontés ; de nouvelles règles d’engagement ont ainsi été établies, brisant les logiques de terreur imposées par l’ennemi. Les ripostes précises et qualitatives des forces armées iraniennes ont résonné dans la région et dans le monde, mettant clairement en évidence l’incapacité totale du régime sioniste à assurer la sécurité de ses colons par le biais du génocide et de l’agression.
Nous rendons hommage à tous les martyrs de la République islamique d’Iran — dirigeants militaires et politiques, savants et scientifiques, soldats, journalistes, athlètes, hommes, femmes, enfants et personnes âgées — et souhaitons un prompt rétablissement à tous les blessés. Tout au long de cette confrontation — et depuis 46 ans déjà — le peuple iranien a clairement démontré que le plan américano‑sioniste visant à briser l’unité de l’Iran et à imposer un « changement de régime » est voué à l’échec.
La guerre américano‑sioniste contre la République islamique d’Iran n’a pas commencé le 13 juin, mais dure depuis des décennies, notamment par l’imposition de mesures coercitives économiques illégales et unilatérales, visant à priver le peuple iranien de sa souveraineté, de son droit à choisir son propre développement et même de sa vie, par l’usage de la pauvreté imposée, de la destruction et de l’exploitation des ressources. Dans sa grande lutte de légitime défense contre l’agression, l’Iran a tracé une ligne ferme pour protéger sa souveraineté — et celle de tous les peuples de la région — contre l’impérialisme américain et l’occupation et la colonisation sionistes.
Depuis le soulèvement Al-Aqsa Flood du 7 octobre 2023 et le début du génocide sioniste intensifié à Gaza — dans le cadre de 77 années de génocide continu contre l’ensemble du peuple palestinien — il est clair que le monde a été irréversiblement transformé par l’héroïsme et l’engagement des grands combattants palestiniens libres et de leurs alliés du camp de la résistance, au Liban, au Yémen, en Irak et en Iran — et le monde continue ainsi de changer. L’entité sioniste est exposée devant le monde comme un régime criminel qui se rend coupable du plus grand crime selon le droit international : le génocide. Aujourd’hui, alors que le régime sioniste massacre quotidiennement des dizaines de Palestiniens — souvent au moment où ils tentent de recevoir une aide alimentaire en pleine famine — la résistance palestinienne héroïque continue de mener des opérations significatives qui infligent un lourd tribut à l’ennemi génocidaire.
La République islamique d’Iran adopte un positionnement principiel et digne, étant l’un des rares pays au monde à avoir agi directement et clairement pour appliquer le droit international conformément à la Convention sur le génocide, à un moment où non seulement les États‑Unis et le régime sioniste, mais aussi la Grande‑Bretagne, le Canada et les puissances européennes poursuivent leur soutien et leur couverture — y compris la vente et l’achat d’armes, la fourniture de renseignements, la coopération technologique et scientifique continue, et même la répression des mouvements nationaux et des activistes défendant la Palestine.
L’alliance entre le peuple palestinien et le mouvement national de libération d’une part, et la République islamique d’Iran d’autre part, ainsi que l’alliance du camp de la résistance — qui s’étend au Liban, au Yémen, en Irak, et en réalité à tous ceux dans le monde impliqués dans la résistance à l’impérialisme américain et au génocide sioniste — n’a cessé de se renforcer au cours des 21 derniers mois de lutte constante contre un ennemi monstrueux et génocidaire. Nous sommes convaincus qu’ensemble, nous sommes sur la voie de la libération de la Palestine.
Le mouvement Masar Badil lance une nouvelle campagne exigeant le retrait définitif de toutes les bases militaires américaines de la région arabe et iranienne — y compris la plus grande base militaire américaine : l’entité sioniste elle-même. Ces bases constituent une menace pour la sécurité, la souveraineté et la paix de tous nos peuples, et servent de centres d’agression et d’espionnage contre les forces de la résistance, afin de protéger le régime sioniste et d’imposer l’hégémonie américaine dans l’ensemble du Proche‑Orient. Nous saluons la position claire et l’action significative de la République islamique d’Iran pour faire face à ces bases de destruction imposées à notre pays.
Nous exprimons non seulement la position de notre mouvement au plan international, mais nous anticipons également une coopération locale avec vous dans des événements et activités en défense des droits, de la souveraineté et de l’autodétermination de nos nations et peuples face au sionisme et à l’impérialisme.
Nos salutations et notre solidarité,
Masar Badil : Mouvement alternatif révolutionnaire palestinien
Samidoun Palestinian Prisoner Solidarity Network (Samidoun Bruxelles)
Bruxelles Pantheres
Plate‑forme Charleroi‑Palestine
Tayyar