Fédération bruxelloise des étudiants communistes, Bulletin intérieur n° 5, 20 novembre 1963.

PREMIER BILAN DU SECRÉTARIAT SUR L’ÉTAT DE LA FÉDÉRATION

Quel est après un mois et demi d’activité, le bilan des E.C.? Sans faire ici l’inventaire détaillé de toute notre action – intérieure comme extérieure, le secrétariat croit pouvoir dégager 3 carences très graves : jusqu’à présent, quelques soient les demi succès et les réussites isolées, notre bilan est négatif et il le deviendra encore plus, si nous ne redressons pas au plus vite ces trois carences fondamentales :

1° l’inorganisation

2° le manque de sens des responsabilités (individuelles et collectives)

3° une conception erronée du centralisme démocratique

1° L’inorganisation

Jusqu’à présent, en effet, si l’organisation a pu se concrétiser plus ou moins efficacement à l’occasion d’activités précises et immédiates, elle n’est pas encore implantée d’une façon cohérente et à long terme.

Nous restons confinés dans un style de travail au « jour le jour »

Seul un petit nombre de camarades est mobilisé et mis au travail.

Toutes les tâches sont effectuées à la hâte et dans l’improvisation, sans planning préétabli et sans utilisation de toutes nos forces.

Et aujourd’hui on ne peut plus parler d’une phase transitoire il s’agit d’un état chronique. Quelles sont les causes de cet état de fait ?

− généralement : absence de prise de conscience de l’importance politique de l’organisation.

− plus précisément :

a) carences graves du responsable central (…)

b) carences collectives de tous les camarades, les membres du secrétariat comme les autres militants – carences provenant essentiellement, d’une part de la sous-estimation de l’organisation visée plus haut et d’autre part de pratiques erronées conduisant à surcharger abusivement (…) en se déchargeant sur lui chaque fois qu’une tâche spécifique déborde sur une question d’organisation…

Et tout ceci débouche sur la 2ème carence

2° Le manque de sens des responsabilités

Les exemples foisonnent à tous les niveaux :

− présence insuffisante dans les facultés

− absence de préparation technique politique individuelle du Week-end.

− très faible vente St Verhaegen (un camarade est allé jusqu’à refuser d’y participer !)

− retards chroniques dans la remise des textes (pour le bulletin fédéral, le bulletin intérieur, En-avant, les tracts)

− « oublis » répétés de toutes les tâches techniques et pratiques… Etc… Etc…

Non seulement les camarades n’ont pas conscience qu’il est de leur devoir de participer à la réalisation des tâches collectives mais ils n’ont même pas assez de conscience politique pour effectuer les tâches individuelles qui leur sont assignées.

C’est déjà très grave pour des militants de base, cela devient doublement inadmissible pour des membres du secrétariat qui faillissent doublement à leur rôle : d’abord en effectuant leur travail militant spécifique, ensuite, et par ce fait même en ne remplissant pas leur tâche de cadres et de dirigeants (Cf. l’attitude de certains membres du secrétariat à la réunion de G.T. Médecine/Philo/ Ecoles sup., allant jusqu’à voter contre une décision d’A.G. et de secrétariat qu’ils avaient le devoir absolu de défendre, et sabotant en même temps la réunion en poursuivant une discussion interminable au lieu d’étudier le manifeste. Cf. aussi l’absence inexcusable de certains membres du secrétariat à l’A.G. du Librex, A.G. d’une importance fondamentale… Etc…).

3° Une conception erronée du centralisme démocratique

Une conception visant à promouvoir la « démocratie » à travers tout, jusque et y compris à nier en fait le centralisme, s’est petit à petit implantée dans la pratique…

C’était la négation du rôle dirigeant du secrétariat et la suppression de toute l’efficacité de notre action (cf. notamment nos AG qui virent beaucoup de « discussions » mais très peu de prolongements concrets et surtout la réunion du groupe de travail Médecine/Philo/ Ecoles sup.).

Tout ceci aboutissait en fait à instaurer « la discussion pour la discussion ».

Tout en acceptant verbalement son principe − cf. le vote unanime (!?) de l’AG − le centralisme démocratique, la base du fonctionnement de toute organisation communiste, ne fut ni compris, ni encore moins appliqué par beaucoup de camarades, y compris des membres du secrétariat.

N.B. Comme le secrétariat s’est rendu compte que de nombreux camarades n’avaient pas une idée claire de ce qu’est le centralisme, il a décidé, en accord avec le comité fédéral que cette notion serait définie explicitement une fois pour toutes à la prochaine AG.

Ces trois carences se conjuguant, notre fédération, au lieu de renforcer sa cohésion politique et idéologique tout en implantant solidement son organisation commença à dégénérer jusqu’au niveau d’un club de discussion pour intellectuels irresponsables et impuissants.

Il est grand temps de bloquer ce processus mortel pour notre organisation !

L’ensemble des membres du secrétariat a maintenant clairement pris conscience du danger. Par ce début de critique et d’autocritique, il ouvre une campagne de rectifications qui se poursuivra en AG. D’ici là, il faut absolument que chaque camarade réfléchisse honnêtement sur le bilan de la fédé en général et sur son bilan personnel en particulier.

Une discussion approfondie, mais une discussion concrète et constructive, permettra de surmonter les carences actuelles.

Cette discussion doit s’ouvrir par la critique et l’autocritique totale du secrétariat (dans son ensemble comme de chacun de ses membres) et de tous les militants…

Alors, et alors seulement, quand la prise de conscience politique des erreurs commises et de leurs origines sera générale, nous pourrons entamer le redressement et commencer la construction de l’organisation révolutionnaire qui n’a jamais existé à l’ULB et dans les écoles supérieures.

Il faut que :

a) dans quinze jours, les carences soient surmontées pour l’essentiel.

b) que le quinze janvier apparaissent les premiers signes tangibles, tant de la construction interne de notre fédération que de son rayonnement politique et idéologique à l’extérieur.

Le Secrétariat des E.C.

Fédération bruxelloise des étudiants communistes, Bulletin intérieur n° 6, 6 décembre 1963.

RÉPARTITION DES TACHES AU SEIN DU SECRÉTARIAT

Dans le cadre de la campagne de rectification actuellement en cours dans la Fédération (elle a été entamée par la résolution dans le dernier bulletin), le secrétariat croit utile de donner un tableau schématique des tâches spécifiques de chacun des responsables du secrétariat.

Il espère que ces précisions permettront d’allier plus concrètement la direction collective à la pratique de l’initiative et de la responsabilité individuelles.

SECRÉTARIAT POLITIQUE

− coordination de la ligne politique générale définie en A.G. et précisée en secrétariat et initiatives dans le cadre de cette ligne.

− rapports avec le parti.

− rapports avec l’extérieur : autorités académiques E.S.− E.L.− A.G. − U.G.S.− Librex

COORDINATION (adjoint du S.P.)

coordination de la ligne politique sur le plan intérieur travail des groupes de travail, bulletin intérieur, etc.

GROUPES DE TRAVAIL (responsables aidés de leur adjoint)

a) préparation et tenue des réunions de G.T. (revue de presse, formation idéologique, points spécifiques, etc.)

b) implantation dans les facultés et les Ecoles et mobilisation permanente des militants du G.T. pour

− distributions (tracts, ULB-avant-garde,…)

− ventes (Voix du Peuple, E.A.,…)

− prises de paroles dans les auditoires

Réaction, initiatives pour évènements spécifiques − assistance aux cours, labos, séminaires et… RECRUTEMENT !!!

BULLETIN FÉDÉRAL (ULB−avant-garde)

Tout le travail de parution technique (rentrée des textes, mise en page, clichés, dactylographie, agrafage,…)

Tout le travail de distribution (Cité, remise aux G.T.) et ceci en respectant un timing global très court − articles (4-5 jours maximum)

− parution et distribution (4-5 jours) soit 10 jours au grand maximum au total !
ORGANISATION (avec l’aide d’un collectif)

Aspects techniques de TOUTES les activités CENTRALES (sauf la diffusion d’E.A., d’ULB avant-garde, de la Voix du Peuple) c.a.d. :

− préparation des réunions (A.G., week-ends…)

− implantation technique générale (sortie des tracts, des affiches, location des salles, service d’ordre) -local, bibliothèque

− implantation à la Cité (permanence, vente de livres, distribution de tracts, haut-parleur…)

N.B. L’implantation technique dans les Facultés et les Ecoles constitue une tâche des G.T. exclusivement !!!

EN AVANT (avec l’aide d’un collectif)

TOUT le travail d’élaboration rédactionnel (rentrée des articles) technique de diffusion
c.à.d. : propositions de sommaires soumises à l’AG ou au secrétariat, rentrée des articles, publicité ; clichés mise en page, parution (maquette, correction des épreuves, etc.) trésorerie générale de tout ce qui touche E.A. diffusion (vente, abonnements)
N.B. Le collectif E.A. est actuellement très incomplet. Que les camarades qui désirent y collaborer se mettent en rapport avec la responsable (…).

ADMINISTRATION

− envoi des convocations, bulletin intérieur, etc.

− tenue à jour du fichier

− élaboration technique du B.I. (rentrée des textes, dactylographie, mise en page, expédition…)

Contenu du Bulletin Intérieur

a) TOUJOURS – État de la Fédération (bilan politique global du secrétariat pour une période donnée)

− chroniques (bilan technique concret de chaque secteur)

− préparation des activités (Week-end, AG) c.a.d. technique (date, lieu, heure…) politique (schémas de rapports, bibliographies)

b) EVENTUELLEMENT – tribune de discussion sur un point donné – compte-rendu (week-end, etc.)

− informations spéciales etc. etc.

TRÉSORERIE

Établissement d’un budget global constamment à jour Initiatives pour l’équilibrer c.a.d. : rentrées, cotisations ventes (livres, revues, journaux…) vente St. Verhaegen, membres d’honneur – fonds de soutien, propagande (tracts, affiches, ULB avant-garde) location de salles, sorties, local, etc.

Union des Étudiants Communistes de Belgique, Bulletin Intérieur,
30 mars 1965.

BILAN POLITIQUE

A. Caractérisation générale

La carence la plus grave se situe au niveau du secrétariat et, partant, pour tous les E.C. Elle relève d’une incompréhension de la ligne politique du Parti, d’un manque d’esprit offensif, qui conduit inévitablement au défaitisme.

Ce défaitisme s’est déjà fait sentir à plusieurs reprises dans notre travail et il est le danger principal pour le Cercle. Il conduit à un laisser-aller total dans l’organisation, dans le fonctionnement de certains groupes de travail.

Et, ne pas confondre ! Le défaitisme provient d’un manque de perspectives politiques et non de carences d’organisation. Au contraire, les carences d’organisation s’amplifient avec le défaitisme.

B. Incompréhension de la ligne politique du Parti

Quatre grands axes devraient caractériser notre action

− syndicalisme

− Congo

− Vietnam

− Marche anti-atomique

Ces quatre activités fondamentales devraient être planifiées dès octobre afin d’éviter le travail au jour le jour. Elles devraient avoir la priorité sur toutes les autres. Cela n’a pas été compris par le secrétariat.

Le secrétariat, dans son ensemble,

− n’a pas compris la ligne politique suivie

− n’a pas eu le sens des priorités politiques

− n’a pas du tout rempli son rôle dirigeant

− a travaillé au jour le jour (travail de routine) sans perspectives politiques.

Quelques exemples

1. Congo

Dès novembre, ce devait être l’axe essentiel de notre action. Il fallait réussir à faire bouger sur le Congo.

Ex. : Conférence Raindorf : 25 étudiants présents

Janvier-février : aucune manifestation sur Tshombé à l’Univ. pas de propagande offensive sur le Congo Expo Congo préparée trop tard carences politiques graves dans le contenu (panneau « Révisionnistes »)

Donc : à partir de la sous-estimation politique du problème, à partir d’un esprit routinier de fonctionnaires, le secrétariat n’a pas véritablement réussi à faire bouger l’Univ. sur le Congo.

2. Vietnam

Dès février, cela devait devenir l’action essentielle. Il fallait dès février, faire plusieurs meetings sur le Vietnam, sortir un matériel de propagande offensif, tenter de réaliser une manifestation d’étudiants ou des actions d’agitation.

Qu’avons-nous fait ?

− nous avons uniquement distribué un tract du Parti

− nous avons fait deux meetings improvisés sans retentissement suffisant

− nous avons sous-estimé et n’avons pas compris la manif du Parti du 20.3

− ce n’est qu’avant la Marche Anti-Atomique que nous avons centré sur le Vietnam (deux mois de retard !)

3. Marche Anti-Atomique

Elle devait être préparée dès octobre. Nous devions nous battre contre les révisionnistes et les spaakistes sur les mots d’ordre dès octobre.

Ainsi préparés, nous aurions pu, avec les J.C., réaliser une action unitaire de masse sur des mots d’ordre de combat, mais larges. Qu’avons-nous fait ?

− Nous avons envoyé un représentant au Comité en février, sans directives, sans plan précis, quand tout était décidé.

− Nous avons fait une propagande timide la semaine précédente avec

− échec de la conférence Raindorf−Allard par sous-estimation de la part des membres du secrétariat.

− tract trop tard, mais bon

− meeting à moitié réussi.

Ainsi, pour ces trois axes :

− incompréhension politique du secrétariat dans son ensemble, de chaque membre du secrétariat en particulier

− défaitisme systématique

− par manque de direction et d’autorité (principalement du S.P.) ces défauts très graves n’ont pu être redressés.

4. « Voix du Peuple »

Souvent, elle est mal comprise par beaucoup d’E.C. et même par des membres du secrétariat. C’est évidemment une cause du laisser-aller « La Voix du Peuple » est l’expression de la ligne politique du Parti, c’est sur la base de la VDP que nous devions centrer notre action pour le Congo, le Vietnam, la M.A.A.

Beaucoup d’E.C. n’assimilent pas la ligne du Parti par la VDP. Un membre du secrétariat ne doit pas « lire » la « Voix du Peuple », il doit l’assimiler, l’étudier ; seulement ainsi il aura la perspec¬tive révolutionnaire de l’action à mener.

C. Manque d’esprit offensif et manque de direction

Ces carences n’ont pu être redressées par manque de direction. En fait, il n’y a aux E.C. aucun vrai dirigeant,

− tenant fermement en main le secrétariat

− tenant fermement en main tout le cercle

− ayant une organisation personnelle cohérente.

D. (…)

E. Perspectives pour l’année prochaine :

− Mise sur pied d’un véritable secrétariat avec

− assimilation de la ligne politique par ce secrétariat

− priorité des tâches politiques

− contrôle réel des tâches

− direction effective du Cercle

− Planning d’activités dès septembre avec priorités politiques

− Contrôle régulier du secrétariat de cellule

− Permanence tenue régulièrement -techniquement au point

− politiquement offensive

− financièrement rentable

− Etablissement d’un budget (…).


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