platon-1-2.jpgPlaton n’avait en fait pas le choix dans ses propositions stratégiques concernant l’État idéal. Sa proposition stratégique de formation d’un régime ultra-hiérarchisé – qui est la même que son maître Socrate – correspond en effet aux intérêts de toute une frange de l’élite athénienne, non seulement par rapport aux esclaves, mais par rapport aux « hommes libres » eux-mêmes.

Il faut, pour saisir cela, regarder l’histoire de la Grèce antique. Lorsqu’on parle de celle-ci, on entend la Grèce actuelle, avec également ce qui fut appelé la grande Grèce, c’est-à-dire les côtes méridionales de la péninsule italienne, ainsi que la Ionie, c’est-à-dire la façade ouest de l’actuelle Turquie.

La tradition de Pythagore est liée à la grande Grèce, celle qui s’est tournée plutôt vers des questions scientifiques étant liée à la Ionie. Mais en Grèce même, ces divers penseurs ne recevaient que peu d’écho, car à l’époque prédominait comme idéologie le paganisme bien connu des dieux Zeus, Poséidon, Athéna, etc.

Il n’y avait pas tant de dogme que des rituels divers et variés, différents selon les endroits, et toujours adaptés aux « hommes libres » s’appuyant sur l’esclavage.

Or, le cadre de l’époque est également marquée par la formation d’un gigantesque empire perse, d’une puissance militaire sans égale.

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Cet empire prit justement le contrôle indirect des régions grecques de la Ionie, avec l’instauration de régimes fantoches pro-perses, qui durent cependant faire face à des révoltes demandant l’appui de Sparte et d’Athènes, les principales cités-Etats de la Grèce antique.

Seule Athènes accepta initialement et cela donna des périodes de guerre au Ve siècle av. J.-C., l’empire perse de Darius menant même un raid contre Athènes qui échoua avec la fameuse bataille de Marathon en 490 av. J.-C.

Athènes fut cependant abandonnée et mise à sac par l’offensive de Xerxès, avant la victoire grecque la même année avec cette fois un front spartiate et athénien, lors de la bataille navale de Salamis.

Athènes, par la suite, refusa – au prix encore une foi de la mise à sac – l’alliance proposée par Xerxès, qui proposait des réparations, une alliance à égal et des territoires en échange de l’aide à la soumission du reste de la Grèce. Enfin, les batailles de Platées et du cap Mycale mirent fin aux guerres dites médiques, avec l’échec complet de l’empire perse dans son offensive.

Or, dans ce processus de résistance à l’expansion perse, Athènes se plaça au cœur d’une alliance de 31 villes et entendait prolonger l’initiative en renforçant les liens contre l’empire perse. Sparte était alors déjà sur le déclin et se replia sur sa propre zone, réussissant à maintenir les alliances locales.

Athènes et Sparte se firent donc de nouveau face, bloquant la formation d’un empire grec unifié. L’alliance autour d’Athènes put cependant prendre le contrôle des mers locales, au moyen d’une politique massive de construction d’une force navale très développée techniquement.

Athènes devint une puissance toujours plus hégémonique au sein de son alliance, élargissant ses prérogatives, se permettant d’élargir sa citoyenneté néanmoins toujours aristocratique. C’est l’apogée d’Athènes, avec comme dirigeant historique Périclès, et comme symboles le Parthénon et l’Acropole.

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A la fin du IVe siècle av. J.-C pourtant, Athènes et la Ligue de Délos échouèrent face à Sparte et la Ligue du Péloponnèse, lors de la guerre dite du Péloponnèse. Elle s’étala de 431 à 404 av. J.-C et marqua l’effondrement d’Athènes.

Ainsi, « l’âge d’or » dura véritablement 50 années, entre les guerres dites médiques avec la Perse, et la défaite face à Sparte, lors de la guerre dite du Péloponnèse.

Or, si l’on regarde plus précisément le contexte, on voit que Socrate est né vers 470 et meurt en 399 av. J.-C. Platon sera son disciple et Aristote le disciple de Platon.

Cela signifie que les trois plus grands « philosophes » de la Grèce antique apparaissent alors qu’Athènes est effondrée, brisée par une guerre longue épuisant l’économie et assassinant les hommes, passant dans l’ombre d’autres puissances, notamment Sparte.

Qui plus est, Sparte fit en sorte d’instaurer un régime oligarchique dans Athènes vaincue. De mai 404 av. J.-C. à janvier 403 av. J.-C. , les « Trente » réduisirent le nombre des citoyens de plein droit à 3 000 et désignèrent les 500 membres d’un conseil, instaurant un régime de terreur.

Alcibiade et Critias, deux disciples de Socrate, y jouèrent un rôle capital (Critias est également de la famille de Platon, tout comme un autre membre des « Trente », Charmide).

Et c’est justement quand les « Trente » furent renversés que la démocratie athénienne rétablie condamna alors Socrate à boire la ciguë pour ne pas croire aux dieux reconnus par l’Etat et pour corrompre la jeunesse. On comprend aisément qu’il représentait un courant pro-oligarchie, le même qu’on retrouve mis en avant dans la « République » de Platon.


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